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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Zombieland : Double Tap (Retour à Zombieland), profitons des petites choses

Synopsis : Le chaos règne partout dans le pays, depuis la Maison Blanche jusqu’aux petites villes les plus reculées. Nos quatre tueurs doivent désormais affronter de nouvelles races de zombies qui ont évolué en dix ans et une poignée de rescapés humains. Mais ce sont les conflits propres à cette « famille » improvisée qui restent les plus difficiles à gérer…

Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position “je m’installe comme à la maison” ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…

On enchaîne les séances, les papiers, et l’on se rend compte que ce qui nous énerve le plus se tient peut-être dans une question qui me revient depuis que je travaille à temps plein dans le milieu du cinéma : peux-tu encore voir un film et prendre du plaisir devant ? Si un journaliste enchaîne les séances afin de décrypter un film suivant un barème singulier propre à chacun (culture, sensibilités, goûts…), un technicien de plateau verra un film en pensant assurément à tout ce que l’on ne voit pas. Il verra chaque plan, chaque séquence, du point de vue de son métier respectif. Impossible pour moi de ne pas penser à la logistique derrière telle mise en place. Impossible de ne pas penser aux mois de travail qu’il a fallût en amont afin de faire en sorte qu’ils puissent tourner à tel endroit par exemple… Oui, ma façon de voir un film a changé et ne reviendra jamais à celle d’un simple et chanceux spectateur qui découvre chaque nouveau film comme le premier. Néanmoins, ça ne gâche en rien un plaisir. Si un film est réussi, s’il a la moindre qualité artistique, le moindre élément bien pensé afin de faire en sorte que je puisse croire en cet univers mis en place et m’immerger au sein de l’histoire alors oui, je vais me laisser emporter et me divertir une, deux ou trois heures durant même si de temps à autre, je vais penser à ce que l’on ne voit pas, ce que l’on ne nous montre pas à la caméra.

2009, il y a dix ans de cela, je n’avais pas le bagage cumulé et la profession actuelle. Simple étudiant, même pas en cinéma, qui prenait un plaisir monstrueux devant le très simple, mais aussi décomplexé que jubilatoire Zombieland. Dix ans après, j’ai tout autant évolué que la génération qui m’accompagne. Notre background, notre cinéphilie, nos goûts en matière de cinéma ont évolués avec le temps, mais le plaisir reste intact si au fond de nous on arrive à conserver cette étincelle aussi douce que naïve qui nous demandait simplement de nous divertir. Sortir Zombieland : Double Tap dix ans après le premier opus ressemble à un all in de la part d’un studio prêt à tout pour son nouveau réalisateur fétiche. Auréolé du succès mondial du médiocre Venom, Ruben Fleischer se voit offrir un beau budget estimé à 46 millions de dollars et une jolie carte blanche afin de mettre sur pied la suite à un film qui fondamentalement n’en avait pas besoin. Avec plus de 100 millions de dollars de recettes pour un budget estimé à 23 millions de dollars, on est sur un vrai succès mondial pour Zombieland premier du nom. Bien plus qu’un simple succès d’estime, même si, le bouche à oreille aura été pour ce film absolument fabuleux. La période, nous sommes en pleine mode du zombie que ce soit dans le cinéma ou le jeu vidéo, y est également pour beaucoup. Cette effervescence est retombée et les scénaristes l’ont bien saisi.

Zombieland : Double Tap prend un malin plaisir à éclipser avec parcimonie ce qui était l’élément de vente du premier film : les zombies. Si ces derniers sont évidemment toujours présents afin de vous offrir votre quota de sang, de membres arrachés et de séquences d’action toutes plus déjantées les unes que les autres, le scénario se concentre avant tout sur ses personnages. Personnages secondaires qui vont avoir la responsabilité d’inculquer au film cette once de nouveauté et de surprise que ne peuvent apporter les personnages principaux qui eux, représentent le quota de nostalgie vis-à-vis des spectateurs. Zombieland : Double Tap est l’exemple même de la suite qui se demande comment réussir à contenter les fans, sans pour autant refaire exactement le même film dix ans après. Si la structure narrative n’étonnera personne, reprenant les bases posées par le premier film, Zombieland : Double Tap s’impose rapidement comme une oeuvre cinématographique fondamentalement plus vidéoludique qu’elle n’en a l’air. Avec un scénario basé sur la fuite, on se retrouve face à un système de niveaux que vont enchaîner les personnages. Chaque niveau, aussi appelé séquence, va apporter son nouveau personnage secondaire, ainsi que son propre moment d’action. Et ce, jusqu’au climax final, le bouquet final tant attendu. Une structure narrative répétitive, peu aidée dans un premier temps à cause d’une introduction poussive et à la mise en scène lancinante, mais que l’on apprend à aimer au fur et à mesure la montée en intensité du film.

Derrière quelques autocitations assez lourdes pour certaines (les fameuses règles en tête), Zombieland : Double Tap se révèle être une comédie hilarante, aussi décomplexée que régressive qui cherche sans cesse à mettre ses personnages en situation afin de créer un moment comique. Les personnages secondaires, caricatures de stéréotypes bien connus comme la bimbo écervelée et le hippie, s’avèrent être une plus value indéniable. La rencontre entre deux mondes (les nouveaux et les anciens), entre des caractères opposés afin de donner lieu à des situations humoristiques extrêmement drôles. Le casting, absolument irrésistible Zoey Deutch en tête, porte à bout de bras un script qui a superbement cerné chaque personnage afin de créer une harmonie au sein de ce groupe. Difficile d’offrir un bel arc narratif à chacun des personnages avec un film dont la durée dépasse à peine l’heure et demie, mais dans le cadre d’une comédie d’action régressive telle que se veut être Zombieland : Double Tap, avoir des personnages sous-exploités n’entache que trop peu le plaisir ressenti. Bien au contraire, s’attarder sur trop de personnages aurait assurément conduit à nuire au bon rythme du film. Rythme ici porté par un script très soigné et qui met l’emphase sur l’interaction, réel ping-pong verbal ou physique entre les différents personnages.

Drôle, dynamique et porté par un casting à l’énergie, et la sympathie envers leurs personnages, communicative, Zombieland : Double Tap est une comédie d’action qui une fois n’est pas coutume prouve que l’on peut faire du divertissement populaire et avoir un minimum d’ambition. Plus de blagues, plus de personnages, plus d’action et de réelles qualités artistiques que ne possédait pas le premier film. Si les extérieurs sont peu réjouissants, car bien trop terne et affichant des fonds verts à quelques mètres, ces derniers font opposition avec des intérieurs artistiquement aussi beaux qu’intéressants. Des décors exotiques, colorés et qui ont de la personnalité, apportant à chaque nouvelle séquence une nouvelle tonalité. Jouer essentiellement en intérieur est en ce sens un excellent moyen afin de palier à un manque de budget et créer de toutes pièces des décors qui en plus d’être artistiquement beaux, vont avoir dans leurs architectures vont être exploités par les personnages durant les séquences de dialogues ou d’action. Fondamentalement, faire ce que Venom n’était pas à savoir : un film dont on voit le budget à l’image, un film au budget bien géré. Sublimé par la direction de la photographie de Chung-hoon Chung (Old Boy, Thirst, Mademoiselle…), Zombieland : Double Tap est une réelle comédie d’action qui comporte des scènes d’action superbement cadrées et chorégraphiées qui dupliquent petit à petit l’intensité du film et démontrent de réelles envies artistiques. De belles scènes d’actions galvanisantes, mêmes si l’on reprochera globalement un découpage assez sommaire, mais qui fait la job.

Alors oui, Zombieland : Double Tap repose sur un scénario aux séquences téléphonées et à la structure narrative répétitive. Si vous n’aimez pas l’humour régressif fuyez, tout comme si vous n’êtes pas à même de rire de personnages secondaires qui ne sont autres que des caricatures volontairement appuyés afin de créer des situations comiques qui lorgnent fortement vers l’absurde. Derrière ça, et quelques faiblesses techniques (bande originale aux abonnées absentes et un générique d’introduction calamiteux), se cache la comédie d’action la plus réjouissante vue cette année. Drôle et arborant un rythme qui gagne en intensité jusqu’au climax, Zombieland : Double Tap est un film que vous allez aimer si vous aimez d’ores et déjà les personnages. Personnages incarnés par un casting qui prend du plaisir, qui s’amuse et qui fait transparaître ce plaisir à l’image sans aucun mal. Une belle et bonne comédie d’action qui ne renouvelle en rien le genre ni même le transgresse ou le fait évoluer, mais qui fait un bien fou si vous êtes à la recherche d’un divertissement du genre et étiez, comme moi, amateur du premier film.


« Des défauts certains, mais une comédie généreuse qui fait la part belle à une galerie de personnages aussi attachants qu’hilarants et à des séquences d’action nerveuses sublimées par Chung-hoon Chung. »


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