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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Upgrade réalisé par Leigh Whannell [Sortie de Séance Vidéo]

Synopsis : « Après la mort de son épouse lors d’une violente agression qui l’a laissé paralysé, Grey Trace est approché par un inventeur milliardaire qui propose de lui administrer un remède expérimental qui va « upgrader » son corps et ses facultés. Désormais doté d’un implant fonctionnant à l’intelligence artificielle, Grey voit ses capacités physiques décuplées et se lance dans une mission vengeresse, afin de faire payer ceux qui ont tué sa femme. »

Tu éteins les lumières de ton salon, tu allumes ta télé ou ton ordinateur et lance le film. Oui, l’on n’est pas dans une salle de cinéma, mais bien dans un salon pour regarder un film en DVD, Blu-Ray ou VoD. Certains films n’ont pas le privilège de la sortie cinéma, mais se savourent tout de même chez soi.

Vous connaissez le genre du revenge movie, vous aimez le revenge movie, ça tombe bien en l’espace d’une semaine voici le troisième article consacré à un film qui n’est autre qu’un : revenge movie ! Peppermint, Mandy et profitons de ce moment pour une petite séance rattrapage côté Québec et avant-première côté France, dédiée au film : Upgrade. Paru le 1er juin aux États-Unis, le 29 juin 2018 dans les salles canadiennes puis en salles dès le 3 octobre 2018 en France, il est fort à parier que vous n’avez encore pas entendu parler de ce film. Quasiment aucune news ne stipulant la production du film, quasiment aucune image promotionnelle et le nombre de vidéos dédiées à créer un engouement autour de sa sortie ne se comptent que sur les doigts d’une main (un teaser et un trailer). Néanmoins, le film fût rentabilisé en seulement deux semaines d’exploitation sur le sol américain. Avec un budget estimé à 5 millions de dollars, Upgrade se rapproche bien plus fortement de ce que l’on nomme un film indépendant, plutôt que d’un blockbuster tel qu’on a l’habitude d’en voir. Suite aux succès de films comme Get Out, The Purge, Paranormal Activity et on en passe de meilleurs, la société Blumhouse Productions a décidée d’aller encore plus loin et de s’attaquer à la distribution de films. Produire puis distribuer eux-mêmes, via la société BH Tilt, des productions à petit budget permettant à de jeunes cinéastes de créer et d’expérimenter en toute liberté. Le tout sous le regard avisé de Jason Blum et de ses collaborateurs. D’un côté de jeunes cinéastes peuvent créer en toute liberté (suivant un cahier des charges qui répond à l’image de la société évidemment) et de l’autre, Blumhouse Productions voit son line-up grandir exponentiellement avec l’ajout d’œuvres indépendantes qui ne peuvent qu’être bénéfiques à la société puisqu’elles ne coûtent presque rien et dans le pire des cas passeront simplement inaperçus. Par ailleurs, ça démontre aux yeux de tous que Blumhouse Productions est une société qui cherche à mettre en avant de nouveaux talents tout en produisant des œuvres de fictions à la fois divertissante et aux scénarios reposant sur un questionnement humain et/ou social.

« Nerveux, racial extrêmement brutal et cruel à bien des niveaux, Upgrade est un revenge movie aussi jubilatoire qu’impressionnant. »

Puisque oui, après le surprenant et glaçant Unfriended : Dark Web, Upgrade est un film de science-fiction dont le scénario repose sur l’intelligence artificielle et plus particulièrement sur nos craintes réelles et humaines sur les capacités probables de l’intelligence artificielle si la technologie continuait à progresser de la sortie et que nous, humains, nous continuions à agir tel que nous le faisons actuellement. À l’image de la série Black Mirror créée et écrite par Charlie Brooker, Blumhouse Productions semble vouloir bâtir une anthologie de films d’anticipation à la vision noire et acérée sur les dangers technologiques excitant dans notre société. Après le thriller numérique, place au revenge movie de science-fiction. Néanmoins, contrairement à la série Black Mirror, ici le propos va être simplement exploité afin de contextualiser l’histoire et de lancer l’action. Il ne sera pas question de théoriser sur la thématique dont il est question, mais bel et bien de divertir en se servant de cette dernière. Tout en faisant bien attention à la chute, afin que le spectateur sorte de la projection avec cette interrogation, voire peur de la technologie. En cela, Unfriended : Dark Web, ainsi que Upgrade fonctionnent merveilleusement bien. Une fin saisissante et surprenante qui relève le niveau d’une histoire extrêmement classique, tant dans son déroulé que dans l’enchaînement des séquences. Simple, téléphoné et prévisible dans ses quelques rebondissements (sauf la fin), mais fluide et très efficace afin de mettre en avant l’essence même du film : l’action.

Série b assumée tant dans son humour que dans sa volonté d’offrir des séquences d’action aux finish tous plus gore les uns que les autres, Upgrade s’affirme comme un revenge movie de haute volée. Après une première partie dédiée à la contextualisation de l’histoire (poser les bases du background afin de rendre la suite des évènements logiques), dès que va se lancer la quête de vengeance, plus rien ne pourra arrêter l’action. Plus fort encore, et c’est en ça que le film Upgrade réussi le tour de force de ne jamais céder à la facilité, c’est par le prisme de la technique (cadrage et gestion d’éclairage) employée que le réalisateur et son équipe vont réussir à ne jamais entraîner le spectateur dans un engrenage comprenant lassitude et redondance. Si dans un premier temps le thème de l’intelligence artificielle n’est que sous-exploité au travers de l’histoire, on se rend rapidement compte que cette sous-exploitation volontaire n’était que pour mieux servir l’action dans un second temps. Se servir de sa thématique principale afin de bluffer le spectateur par le prisme de scènes d’action aussi intenses et violentes que magnifiquement réalisées. Si la réalisation du film repose sur une concession de moyens (plans fixes) lorsque le mouvement n’est pas utile (soit pour montrer l’action, soit pour apporter une seconde couche de lecture), les scènes d’action sont quant à elles portées par l’envie de mélanger caméra portée et steady-cam. Caméra portée lorsque le personnage est en pleine possession de ses moyens (plans qui tremblent un peu, on ressent le poids des corps en mouvement) et steady-cam lorsque le corps du personnage est contrôlé par Stem, l’intelligence artificielle qui lui a été implantée (mouvements d’une stabilité parfaite et d’une rapidité incroyable). Stem prend le contrôle du corps de Grey Trace (interprété par l’acteur Logan Marshall-Green), mais donne également l’impression de prendre le contrôle de la caméra grâce aux mouvements stables et extrêmement rapides créés par l’opérateur de la steady-cam. La caméra reproduit la chorégraphie réalisée par le personnage donnant une impression de coordination parfaite et décuplant l’aspect spectaculaire et l’intensité des combats. Le tout sans jamais perdre le foyer, le film employant une direction artistique propre, lisse et moderne dans le choix des éclairages (exagération des couleurs vives comme le bleu et le jaune, ainsi que des sources de lumière artificielles) afin d’être raccord avec tout le propos sur la technologie déployée au travers de l’histoire.

Nerveux, racial extrêmement brutal et cruel à bien des niveaux, Upgrade est un revenge movie aussi jubilatoire qu’impressionnant. Impressionnant techniquement, car absolument parfait et maîtrisé d’un bout à l’autre afin de permettre au film de prôner une certaine cohérence tant scénaristique que dans les techniques de cadrage employées (la steady-cam n’a jamais été aussi bien employé dans un film du genre). Transcendé, l’acteur Logan Marshall-Green apporte une densité dramatique surprenante à l’œuvre, tout en la ponctuant de quelques moments d’humour judicieux, ainsi qu’un jeu corporel impeccable. Il offre au film toute la crédibilité nécessaire afin de faire croire en son personnage. En ce personnage mi-homme, mi-machine, mais qui n’est pas Robocop pour autant et auquel le corps n’appartient plus complètement. S’il ne réinvente pas le cinéma pour autant, Upgrade en est un morceau aussi radical que jubilatoire qui prouve qu’avec moins de 5 millions de dollars on réaliser un divertissement créatif, techniquement inspiré et qui a l’audace de développer en sus du reste, un message d’anticipation technologique logique et réaliste. Amateurs d’action, de science-fiction et de séries b, foncez !


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