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The Homesman [Critique]

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« En 1854, trois femmes ayant perdu la raison sont confiées à Mary Bee Cuddy, une pionnière forte et indépendante originaire du Nebraska.
Sur sa route vers l’Iowa, où ces femmes pourront trouver refuge, elle croise le chemin de George Briggs, un rustre vagabond qu’elle sauve d’une mort imminente.  Ils décident de s’associer afin de faire face, ensemble, à la rudesse et aux dangers qui sévissent dans les vastes étendues de la Frontière. »

Tommy Lee Jones l’a bien compris, on est jamais mieux servis que par soit même. Déjà présent en 2005 au Festival de Cannes en tant qu’acteur et réalisateur avec le film Trois Enterrement, Tommy Lee Jones récidive avec un nouveau long métrage dans lequel il tient la caméra et le premier rôle. Adaptation du roman « Le Charlot des Damnés », publié par l’auteur américain Glendon Swarthout en 1988, The Homesman est un nouveau western dans la filmographie de l’acteur de renom dont la filmographie en contient que très peu. Même s’il se fait de moins en moins présent en haut de l’affiche, Tommy Lee Jones s’avère être un fin calculateur puisqu’il choisi les films suivant ses envies. Présent au générique de Malavita – film réalisé par Luc Besson qui s’avère être le producteur de ses films -, ce n’est pas sa présence dans ce film que l’on retiendra. L’on préfèrera retenir ses prestations dans les films Lincoln, The Company Men ou encore No Country for Old Men, où il apportait sa patte très particulière aux personnages. C’est encore une fois le cas avec son nouveau film, auquel il inculque certaines valeurs de par un personnage mystérieux qui se dévoile à nous tout au long du film. Pouvant être décrit comme appartenant au genre du western, The Homesman possède surtout les qualités d’un véritable drame. Abordant des thèmes difficiles, sans avoir la volonté de choquer, The Homesman est un drame intelligent qui ne souhaite pas juger dans un premier temps. Le but premier de ce film est d’offrir aux spectateurs une belle histoire, une histoire où les personnages sont caractérisés et possèdent de véritables valeurs.

L’action du film se déroule en 1854 dans un petit village dont on ne sait ni le nom, ni le nombre d’habitants, ni même la location, mais dans lequel vit une femme que l’on va apprendre à découvrir tout au long de son périple. Loin des western classiques et où les personnages stéréotypés se mettent en scènes dans des confrontations les yeux dans les yeux, The Homesman est un western féministe, où la femme et la représentation que l’on peut se faire d’elle sont omniprésents à l’écran. Souvent représenté comme une ménagère raffiné dont les agissements nonchalants sont en opposition avec la brutalité de son mari, Tommy Lee Jones joue avec ce stéréotype et met en scène un personnage féminin caractériel, qui n’a pas peur de faire les tâches effectué habituellement par un homme. Avec ce personnage, Tommy Lee Jones, Wesley Oliver et Kieran Fitzgerald – tous trois co-scénaristes du film – font prôner l’égalité homme/femme et vont toujours plus loin en offrant à ce personnage principal un bagage émotionnel saisissant. Touchante, amusante et profondément humaine, Mary Bee Cuddy met les hommes face à leurs peurs et arrive à déceler chez certains une part d’humilité qu’ils n’imaginaient même pas avoir. Écrit avec tendresse, ce personnage inspire un profond respect et nous touche de manière naturelle, sans avoir à prouver quoique ce soit aux spectateurs.

Audacieux dans son écriture, The Homesman dispose d’un scénario original dans sa façon d’étudier les différents thèmes abordés. Disposant d’un seul arc narratif qui centré autour de Mary Bee Cuddy, c’est seulement, à partir de ses agissements et de sa personnalité que vont ressortir des thèmes importants comme la rédemption ou la folie humaine. Thèmes qui vont venir s’ajouter tout en finesse et délicatesse à un récit qui allie avec intelligence tendresse, brutalité et même humour grâce à un Tommy Lee Jones impérial. Alors qu’Hilary Swank nous émeut aux larmes, Tommy Lee Jones se dévoile à nous comme un personnage mystérieux afin que le spectateur s’attache à lui comme Mary Bee Cuddy  peut s’attacher à Georges Briggs. Pouvant être touchant, drôle et terrifiant à la fois, Tommy Lee Jones met ici tout son cœur à l’ouvrage et offre au film un personnage humain qui va être confronté à des émotions auxquels ils pensaient ne jamais avoir à faire de nouveau. Sans oublier trois femmes importantes au récit que sont Grace Gummer, Miranda Otto et Sonja Richter. Trois belles prestations pour des personnages qui ne semblent pas intéressant au préalable qui finiront par gagner vos cœur.

Avec The Homesman, Tommy Lee Jones transcende le genre qu’est le western et nous offre un drame humain poignant, où la femme devient l’égal de l’homme face à un monde où l’homme n’est en façade qu’une brute épaisse qui baigne dans la folie. Intelligemment écrit, ce film réussi de par le personnage principal à nous offrir une belle critique de l’homme tout en démontrant que la rédemption est possible, mais sera délicate dans un monde tel que celui-ci où les émotions sont mises à rudes épreuves. Sublimant les décors et les personnages plan par plan, Rodrigo Prieto – chef opérateur du film -, offre au film une délicatesse certaine et une image belle et naturelle offrant aux spectateurs une histoire poignante et brutale dans un environnement utopique qui baigne dans la lumière du soleil ou des bougies. Aussi à l’aise devant que derrière la caméra, c’est néanmoins grâce à la justesse de la mise en scène de Tommy Lee Jones que certains plans iconiques démontrent la brutalité du propos tenu, la profondeur du scénario et la qualité d’interprétation des acteurs. Une excellente surprise, qui mériterait amplement un prix au 67e Festival de Cannes et qui nous prouve qu’en 2014 on peut encore être touché par une belle histoire sans qu’il y a ai besoin d’action ou de monstres géants.

4.5

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