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The End (Critique | 2016) réalisé par Guillaume Nicloux

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Synopsis : « Un homme part chasser dans une forêt qu’il croyait connaître. Mais son chien s’enfuit puis son fusil disparaît. Alors qu’il se perd, une atmosphère hostile et étrange s’installe… »

Le cinéma français populaire a beau s’engouffrer lentement, mais surement dans une impasse, il n’emportera pas pour autant avec lui tout le cinéma français. Et notamment celui qui se veut « d’auteur ». Subsistent certains réalisateurs qui font du cinéma parce qu’ils aiment ça et non pour amasser de l’argent et gagner en popularité. Les traits sont grossis et exagérés volontairement, car là n’est pas le propos. Parmi les cinéastes que comporte cette seconde catégorie, l’on retrouve Guillaume Nicloux. Avec déjà une dizaine de longs-métrages à sa filmographie, ce dernier s’avère ne pas être un petit nouveau, et ce, même si son nom ne nous ramène pas forcément à un film dans l’immédiat. Ce n’est que depuis la sortie du film La Religieuse en 2013 qu’il est devenu un réalisateur intéressant. Une Affaire Privée, Cette Femme-Là, Le Concile de Pierre et La Clef forgent la première partie de sa carrière. Une première partie que l’on préfère oublier si possible. Deux ans après La Religieuse, ce qui nous amène donc en 2015, Guillaume Nicloux dévoile au Festival de Cannes un long-métrage nommé Valley of Love. Un film qui va remettre Gérard Depardieu sur le devant de la scène cinématographique, après une multitude d’affaires liées à sa vie privée. Des affaires qui sont venues empiéter sur sa carrière d’acteur et en ont fait dans la réalité, un personnage à part entière. Le grand Gérard Depardieu, un des plus grands acteurs français, devint une caricature de lui-même. Valley of Love s’avérera être le lancement d’une nouvelle carrière pour l’acteur français. Il opéra un regain de santé grâce au regard bienveillant porté à son égard par son metteur en scène. Il qu’il fît une seconde fois avec ce nouveau long-métrage : The End.

The End, le début du renouveau pour Gérard Depardieu. Le film s’ouvre sur un plan de nuit. L’acteur allongé dans son lit, puis qui se lève. D’abord une simple silhouette. Silhouette qui va devenir une masse. Une masse tant imposante par sa grosseur que par sa largeur d’épaules. Dans un couloir à l’espace réduit, l’on ne distingue que lui et son imposante prestance. Gérard Depardieu est dans ce long-métrage, décrit tel que l’on se l’imagine au jour d’aujourd’hui. Il ne se cache pas, ne cache pas ce qui pourrait pousser certains à se moquer de lui et Guillaume Nicloux ne souhaite pas le cacher. Bien au contraire, The End va être l’occasion d’effectuer une mise en abîme du personnage Depardieu.

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The End est un conte onirique dans lequel un homme dont on ne connaît ni le nom, ni le prénom (manière d’amorcer avec plus de facilité l’amalgame entre Gérard Depardieu et son personnage), va se perdre et se retrouver totalement désemparé au cœur d’une vaste forêt. Une forêt qu’il va hanter tel un ogre gardant son territoire. Un synopsis extrêmement simpliste pour une histoire qui l’est tout autant, mais un scénario qui va se révéler plus riche qu’il ne pourrait le paraître, avec ses multiples angles de lecture. Onirique et touchant pour les uns, ou paradoxalement angoissant et étrange pour les autres. Entre fiction et réalité, l’on peut y voir un film de fiction qui conte l’histoire d’un homme totalement perdu, mais également la mise en lumière d’une tendresse qui subsisterait en Gérard Depardieu. Derrière cette masse décriée par beaucoup à cause d’affaires d’ordres « people » plus que cinématographiques subsisteraient une tendresse et une part d’humanité qui ne demande qu’à être comprise. Un film court, à la durée idéale de moins d’une heure vingt et qui, grâce à son synopsis simpliste réussit à se concentrer sur l’essentiel. À savoir son acteur/personnage principal et presque unique.

Au cours de son périple au cœur de cette vaste et impressionnante forêt, l’homme va rencontrer des personnes, perdre des affaires… Vont lui arriver des péripéties, permettant au scénario de se renouveler, mais également de développer la personnalité même du protagoniste, ainsi que cette corrélation omniprésente entre la fiction et la réalité. Le besoin de boire, la nourriture, le sexe… les diverses thématiques et différents troubles qui vont être abordés par le biais d’un objet ou d’un nouveau personnage vont référé à une des caractéristiques qui font de Gérard Depardieu celui que le peuple français et international connaît. L’amalgame est obligatoire et se voit poussé au point que la réalité embrasse littéralement la fiction. L’acteur qui devint personnage à part entière dans la réalité devient ici un personnage de fiction, faisant le lien entre la réalité et la fiction. L’aspect onirique du long-métrage, développé à l’aide de bruits d’environnements et de musiques d’ambiance omniprésentes, ainsi que de plans à rallonge et d’un montage minimaliste, permet au film d’adopter son propre style. De mettre en place quelque chose d’unique, quasiment naturaliste à l’image d’un film qui aurait été fait à quatre mains entre Guillaume Nicloux et Gérard Depardieu avec la volonté de redorer le blason de ce dernier. Une impression qui prouve le beau travail réalisé par l’équipe technique, que ce soit d’un point de vue sonore comme visuel. La photographie très soignée, signée Christophe Offenstein, embellit les décors permettant de développer le sens de chacun des plans. Plans majoritairement centralisés sur Gérard Depardieu avec la volonté de le mettre en avant ou tout au contraire, de le minimiser face à l’étendue de la nature.


En Conclusion :

The End, paru le 08 avril 2016 en e-cinéma n’est pas un film fait pour le cinéma dans le sens où il n’aurait pas trouvé son public. Ce film est une véritable expérience cinématographique. Une expérience sensorielle grâce à un très joli travail sur l’image et le son, mais également une expérience de par son scénario aux multiples axes de lecture. Entre réalité et fiction, il faut choisir son camp sans pour autant en mettre un au dessus de l’autre. Les plans sont symboliques et le tout est extrêmement métaphorique. La lenteur et la simplicité (en surface) de l’histoire en rebuteront plus d’un. Une histoire qui se voit cependant, limitée à cause de son sujet qui n’est autre que l’acteur principal Gérard Depardieu. Un acteur touchant et attachant, qui bien mit en scène nous prouve qu’il est toujours le grand acteur qu’il a toujours été.

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