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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

The Boy (Critique | 2016) réalisé par William Brent Bell

THE BOY

Synopsis : « Pour essayer d’échapper à son passé, Greta, une jeune Américaine, se fait engager comme assistante maternelle en Angleterre, dans une maison perdue en pleine campagne. À son arrivée, elle découvre qu’elle a été embauchée non pas pour s’occuper d’un petit garçon de 8 ans en chair et en os, mais d’une poupée de porcelaine grandeur nature. Seule dans la maison, loin de tout, Greta assiste à des événements tous plus étranges les uns que les autres. La poupée serait-elle vivante ? Il se trouve que Greta n’a pas seulement été engagée, elle a été choisie… »

« Plus effrayant que Annabelle. » Pour bien vendre un film d’épouvante, il faut toujours que les sociétés en charge du marketing fassent référence à d’autres films d’épouvante. Et plus particulièrement à des films dont les titres sont connus de tous, et ce, même si ces derniers sont décriés et détestés par la majorité des spectateurs. Ce qui est le cas d’Annabelle, spin off à l’excellent film de James Wan, The Conjuring. Dans le cas du film d’épouvante The Boy, il est difficile de ne pas céder à la comparaison. Dans les deux films, il est question d’un jouet ou d’une poupée qui va faire vivre un enfer à un ou plusieurs personnages. Le tout dans un manoir ou ce qui ressemble vraisemblablement à une maison hantée. Rien de bien originel sur le papier, mais une base scénaristique fortement ressemblante. Heureusement pour William Brent Bell, les ressemblances s’arrêtent là – ou presque – entre les deux films. Puisque oui, The Boy n’est pas une purge, n’est pas la purge à laquelle on pouvait s’attendre en voyant les différentes bandes annonces.

William Brent Bell est un réalisateur dont le nom est majoritairement méconnu, mais qui a déjà officié dans le registre du cinéma d’épouvante. Malheureusement pour lui, son seul long-métrage connu outre-Atlantique n’est autre que le très mauvais Devil Inside. Rien de bien ragoûtant, mais laissons-lui néanmoins une chance. Peut-être la seule chance avant qu’il ne sombre dans les méandres du cinéma d’épouvante, mais une chance qu’il a su saisir avec ce nouveau film, nommé : The Boy. The Boy est un film surprenant, lorsque son scénario cherche à surprendre et à ne pas se reposer sur des lauriers déjà fanés. Aujourd’hui, le cinéma d’épouvante qui fait vendre est un cinéma d’épouvante commercial et convenu dans ses moindres détails. Une utilisation abusive du jump-scare afin « d’effrayer » le spectateur, des compositions musicales redondantes et omniprésentes dont le seul et unique but sera de mettre en pression le spectateur, créant une amorce en attendant les fameux jump-scares… Les codes de ce genre de cinéma ont été usés jusqu’à la moelle afin de pouvoir sortir un maximum de films en un minimum de temps. Le niveau de rentabilité est maximal, mais le niveau de plaisir du spectateur est quant à lui, six pieds sous terre. Chose qu’a comprise Stacey Menear, scénariste de The Boy et dont c’est le premier scénario à voir le jour au cinéma.

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Un enfant de porcelaine entretenu par des parents comme s’il s’agissait véritablement d’un humain de huit ans. Ce qui est intéressant dans ce synopsis de départ n’est pas la façon dont le film va réussir à nous faire peur, mais bien la relation entre cet enfant de porcelaine et sa nouvelle nourrice. Un film d’épouvante est majoritairement réussi à partir du moment où les agissements du protagoniste semblent naturels, et auquel le spectateur peut s’identifier. Comment agirions-nous dans la même situation ? Dans un premier temps, le scénario va volontairement prendre une direction opposée. Faire en sorte que le spectateur sache que les agissements de la nourrice soient néfastes pour cette dernière afin que surgissent des événements surnaturels. Le spectateur est dans l’attente. Il sait que des événements vont avoir lieu à cause des agissements de la nourrice. Cependant, une fois ces événements survenus, le film va volontairement basculer et presque changer d’orientation dans ses deux derniers actes -film qui repose sur trois actes bien distincts-. The Boy va devenir surprenant dans sa seconde partie, en ne choisissant pas la case du cinéma d’épouvante commercial à base de jump-scare. Du surnaturel va s’émanciper une relation entre cette poupée et Greta, personnage principal incarné par Lauren Cohan. C’est cette relation, et non l’épouvante, qui va nourrir le récit dans son intégralité. Le spectateur va quant à lui être mis dans la confidence. Un spectateur qui est entré dans ce manoir apeuré et ne sachant rien de ce qui se tramait en son intérieur, avant d’en découvrir les moindres détails… ou presque. Le spectateur n’est pas que simple spectateur, mais il est actif, car identifié au protagoniste, Greta, et à ses agissements. The Boy, est un long-métrage d’épouvante, qui réussit à se renouveler en passant de l’épouvante au drame, en passant par le slasher movie. Registre qu’il embrasse presque totalement dans son dernier acte.

Film d’épouvante qu’il est, The Boy cède néanmoins aux appels du cinéma d’épouvante commercial. Notamment dans sa première partie, comme il a déjà été dit. Une première partie basée sur le surnaturel et le jump-scare. On regrettera l’utilisation de la musique uniquement dans le but de nourrir les jump-scares. Des compositions musicales sans intérêts, omniprésentes et dont le mixage sonore est basé sur l’apparition ou non de jump-scares. Un aspect technique dont le film n’arrive pas à s’émanciper, contrairement à la réalisation et la mise en scène. Une réalisation en pilotage automatique et qui va chercher avant tout à faire vivre cette histoire, mais qui va se permettre quelques fulgurances. Des mouvements par moments plus long, une caméra flottante afin de jouer la carte de l’esprit en mouvement, avant d’entamer une troisième partie bien plus dynamique, tant dans ses mouvements de réalisation que dans son montage. Au-delà de sa réalisation, c’est véritablement la mise en scène qui, même si convenu dans ses grandes lignes, va réussir à donner vie à cet enfant de porcelaine. Des choix de mise en scène, par moments astucieux afin de conserver une tension et de faire de cette poupée, un véritable enfant. Un aspect bien aidé par une photographie aux jeux de lumière majoritairement soignés, offrant au film une esthétique qui n’est pas des plus moches. Et ce, même lors des séquences de jour.


En Conclusion :

The Boy n’est pas la purge attendue. Au vu de son synopsis de départ, il était aisé de s’attendre à un film d’épouvante convenu et commercial dans la lignée de ce qui sort au cinéma depuis quelques années. Cependant, le film réussi à surprendre. Un film d’épouvante qui repose sur trois actes bien distincts et qui réussit à se renouveler. Porté par une Lauren Cohan convaincante et à laquelle le spectateur s’identifie aisément, The Boy réussit à être un divertissement efficace et non prévisible dans ses rebondissements.

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