CinéCinéphile

Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Split réalisé par M. Night Shyamalan [Sortie de Séance Cinéma]

Synopsis : « Kevin a déjà révélé 23 personnalités, avec des attributs physiques différents pour chacune, à sa psychiatre dévouée, la docteure Fletcher, mais l’une d’elles reste enfouie au plus profond de lui. Elle va bientôt se manifester et prendre le pas sur toutes les autres. Poussé à kidnapper trois adolescentes, dont la jeune Casey, aussi déterminée que perspicace, Kevin devient dans son âme et sa chair, le foyer d’une guerre que se livrent ses multiples personnalités, alors que les divisions qui régnaient jusqu’alors dans son subconscient volent en éclats. »


Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position « je m’installe comme à la maison » ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…

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D’entrée de jeux, autant vous le dire, vous allez stresser suffisamment donc autant vous rassurer de suite. Vous ne découvrirez pas les 23 personnalités de Kevin… mais seulement 8 dont Kevin, ce qui n’est pas si mal. Véritable plaisir pour un acteur : James McAvoy prête sa stature, sa candeur, sa féminité, sa bestialité au personnage de Kevin et de ses doubles.

Maintenant que le cadre est posé, entrons dans le vif du sujet. S’agit-il là du grand retour de Shyamalan après l’excellente Visit ? En effet, il prouve ici qu’il est bien le maître de la frousse carabinée, de la terreur distillée par petites touches. Augmentant la tension et la pression au fil de la découverte des personnalités de Kevin, le réalisateur parvient à vous scotcher dans votre fauteuil. Pari réussi donc ! Le roi du twist est-il également de retour ? Là, pas de spoiler, il serait dommage de vous révéler si la fin contient ce fameux retournement de situation que Shyamalan affectionne tant… pour cela, il faudra patienter 1h57 pour savoir si. Une fois avoir dit cela, je me rends compte que je ne vous ai toujours pas parlé du film en tant que tel. Pourquoi ? Simplement parce qu’il fallait bien poser tout le cadre pour éviter que Kevin et ses 22 compères ne sortent de celui-ci et privilégie la Bête ! Dans ce film, ce qui force l’admiration, c’est à la fois le jeu de James McAvoy bien évidemment (et nous y reviendrons) mais aussi celui des deux personnes qui s’opposent à lui. D’un côté, Betty Buckley (interprète inoubliable de nombreuses séries télé dont The LeftoversPretty Little LiarsOz ou encore Huit ça suffit ! pour ne citer qu’elles). De l’autre la jeune Anya-Taylor Johnson. Découverte en blonde terrifiante dans The Witch, elle est celle qui sera l’adversaire le plus coriace de Kevin, Dennis, Patricia et surtout celle qui tentera de devenir l’amie d’Hedwig. Tandis qu’elle joue à ce jeu dangereux pour tenter de sauver sa peau et celle de ses amies enlevées, le docteur Fletcher tente de comprendre qui cherche à voler la lumière pour laisser entrer la Bête.

Qui de Kevin ou des 22 autres est présent face aux filles ?

La lumière ? Quelle lumière ? Non, je n’ai pas fumé : Kevin permet aux 22 personnes qui cohabitent dans son être de prendre la lumière pour être celle ou celui qui va se présenter aux kidnappées, à la psychiatre, au monde également… terrifiant ! Si Barry contrôle la lumière, c’est à la faveur de Dennis et Patricia que la Bête pourrait arriver. Et ce n’est pas Hedwig (la personnalité âgée de 9 ans) qui dira le contraire. Mais faute d’être entendu de tout le monde, il va laisser cette 24e personnalité intervenir. Être dans la lumière : une lumière magnifiée par le directeur de la photographie Mike Gioulakis. Il s’était précédemment illustré en gérant l’ambiance du film It Follows, petite pépite indépendante de l’horreur de David Robert Mitchell. C’est après avoir découvert ce petit film terrifiant que M. Night Shyamalan a décidé de faire appel à ses services pour créer cette atmosphère de tension. Cette atmosphère sombre qui court tout le long du film. Entendons-nous bien, même si le cabinet de la psychiatre est baigné dans une lumière blanche qui éclaire l’histoire, elle crée également une tension, car on ne sait jamais si Barry est bien en face de Karen Fletcher ou s’il s’agit de Dennis ou…

La lenteur de l’action, la mise en place de tous les personnages suffisent à vous faire patienter. En 1h57, le réalisateur réussit à distiller suffisamment de pression pour vous scotcher totalement. Suffisamment pour amener la Bête et la laisser s’échapper. Et là où Shyamalan est très fort, c’est que l’on souhaite la découvrir. Comprendre qui elle est et ce qu’elle fera… et surtout, comment le corps de Kevin réagira. Si l’on peut parler des artifices vestimentaires, le corps de James McAvoy est tout entier dévoué à l’histoire : bien entendu les costumes apportent le moyen suffisant et nécessaire pour différencier les personnalités, mais son jeu est entièrement consacré à celles-ci. Quand il est Patricia, on sent bien la féminité qui se dégage pleinement de lui. Quand il est Dennis, son côté monomaniaque est réellement effrayant. Enfin dès qu’il est Hedwig, il arrive à vous emporter avec lui pour vouloir le protéger et entrer dans ses petits jeux enfantins. Après tout, le petit bonhomme n’a que 9 ans ! Le réalisateur prend un malin plaisir à vous manipuler, vous emmener sur des pistes dangereuses et vous faire croire que le passé de Casey (interprétée par Anya-Taylor Johnson) va lui servir pour la protéger quand elle deviendra le chasseur et non plus la proie… or, vous auriez tort de croire que ce qui est visible est le plus simple. Avec Shyamalan, il faut toujours regarder ailleurs. Toujours envisager différemment et comprendre que les détails les plus terrifiants sont parfois les plus importants pour l’intrigue. Un dernier mot sur l’ambiance finale : la Bête est juste impressionnante et la transformation physique de Kevin monstrueuse permettant une conclusion inattendue où l’on regrette de laisser tous les personnages à ce stade, car on souhaite réellement comprendre ce qui se passera si… quand…

En résumé, Split est flippant, impressionnant, stressant et oppressant. Shyamalan réussit le pari de rendre terrifiant le sympathique James McAvoy en lui opposant une alter ego incroyable : Anya-Taylor Johnson.

Pour rappel : le film est interdit en salles aux moins de 12 ans.

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