CinéCinéphile

Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Si j’étais un homme réalisé par Audrey Dana [Sortie de Séance Cinéma]

Synopsis : « Qui n’a jamais imaginé ce que ça ferait d’être dans la peau du sexe opposé, ne serait-ce qu’une journée ? Eh bien, pas Jeanne !
Fraichement divorcée, séparée de ses enfants une semaine sur deux, pour elle les mecs c’est fini, elle ne veut plus jamais en entendre parler. Mais un beau matin, sa vie s’apprête à prendre un drôle de tournant, à première vue rien n’a changé chez elle… à un petit détail près !
De situations cocasses en fous rires avec sa meilleure amie, de panique en remise en question avec son gynéco, notre héroïne, tentera tant bien que mal de traverser cette situation pour le moins… inédite. »


Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position « je m’installe comme à la maison » ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…

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Le passage au deuxième film est toujours épié, observé et critiqué. Forcément, il y a moins d’indulgence que la première fois. Le réalisateur ou en l’occurrence ici, la réalisatrice, est encore plus observée quand son premier long fut un succès. Sous les jupes des filles d’Audrey Dana avait cueilli 1,3 millions de spectateurs et des critiques élogieuses ou correctes. Si elle change de sujet pour aborder la fameuse question : « et si j’étais un autre » après avoir parlé des femmes (et de la plus belle des façons), elle creuse pourtant le même sillon. De nouveau, les femmes sont au centre de son histoire pour raconter « la guerre des sexes ». En proposant une idée originale : Jeanne se réveille avec le sexe d’un homme entre les jambes après une nuit d’orage, le délire est permis. Délire ou alors satire sociale voire drame. Ce pénis, petit ou grand bout en plus appelé Pin-Pin, n’est jamais montré et suscite toutes les attentions possibles, de la meilleure amie au gynécologue surpris et à l’écoute. Si on rit souvent, si on est aussi interloqué et intrigué, on est parfois surpris à attendre ce petit grain de folie nécessaire à la volonté de porter le film très loin et très haut. En ce moment, les comédies françaises sont sympathiques et se laissent voir en salles (que ce soit Il a déjà tes yeux ou encore Alibi.com) mais ils leur manquent le grain de folie ultime. Le côté « sortie de route » qui donnerait une tout autre dimension à l’histoire pour que la réussite soit totale. Cependant, loin de moi, l’idée de vous dire que le film est raté. Il ne l’est pas : l’image est léchée, l’abattage des comédiens est parfait, les répliques fusent… mais ils ne tiennent pas sur la longueur. Des cassures qui perturbent un rythme proposant plus l’image d’un TER que d’un TGV.

Jeanne et Marcelle en grande discussion autour du sexe des hommes…

Vous l’aurez compris : le rythme, le tempo indispensable en comédie n’est pas respecté. De fait, Audrey Dana propose une comédie douce amère qui ne devient la satire sociale sur la société actuelle qu’elle aurait pu ou dû être. En renversant le rapport des sexes, la réalisatrice et également actrice s’attaque au genre. Elle s’attaque avec joie aux préjugés de la société française : une femme doit rester à la maison, s’occuper des enfants et ne pas prendre de responsabilités. Tandis qu’un homme doit être le mâle dominant qui nourrit la famille, rassure la femme et gère le porte-monnaie. C’est quand elle renverse les clichés qu’Audrey Dana est forte et intéressante. On sent le travail, les questionnements et la recherche pour que le film ne soit pas qu’une simple pochade. La réalisatrice a rencontré beaucoup d’hommes pour étayer son sujet. Elle leur a fait lire le pitch de l’histoire et leur a demandé en échange de parler de leur sexualité, de leur rapport au sexe. On se rend compte que les hommes décrits ne sont pas tous que des « bites sans cerveaux » (oui j’ose le terme, car c’est celui qui est employé par les femmes pour parler entre autres de Pin-Pin), qu’ils ont des sentiments et cachent parfois leur jeu. Et à l’inverse, en s’attaquant à la question du genre, Audrey Dana propose des femmes fortes, qui se cherchent, dissertent sur leur rôle inhérent alors que si elles avaient un attribut entre les jambes, peut-être se sentiraient-elles supérieures ? Si cette tirade vaut le morceau de bravoure du film d’Alice Belaïdi (encore une fois géniale !), elle a aussi la facilité de tomber dans un cliché d’inversion des rôles trop caricaturale. Si j’étais un homme n’est pas une comédie de boulevard, ni un film burlesque. L’idée de départ est originale, mais la conclusion un brin convenue et certains passages ne sont pas exploités au maximum. Reste un casting au diapason, Christian Clavier n’en fait pas des tonnes, Éric Elmosnino est parfait en homme blessé. On ne dira jamais assez tout le bien que l’on peut penser d’Alice Belaïdi. Et Audrey Dana n’est jamais aussi juste que lorsqu’elle se confronte à son image de femme forte avec un bout en plus. En effet, le premier quart d’heure du film est irritant tant elle reste dans le cliché de la femme peu assurée, dépendante dont l’univers s’écroule. Certes, cela permet de marquer la différence avec la suite de l’histoire, mais cette introduction est une caricature de ce dont elle est capable.

Pour un deuxième film, Audrey Dana réussit à émouvoir et faire sourire voire rire. Mais elle ne se donne pas tous les moyens de pousser la satire jusqu’au bout et amener Jeanne vers le délire ultime. Un film sympathique au demeurant. Et c’est bien dommage, car le plan final laisse miroiter tout ce qu’aurait pu être le film en poussant les curseurs au maximum.

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