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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

[#3 Retour Sur…] Bad Milo!

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Duncan est ce qu’on appelle de nos jours… un loser. Martyr de son patron, souvent en conflit avec sa mère, sa femme est enceinte depuis trois mois et il ne s’aperçoit de rien, ce jeune homme est victime qui plus est de sérieux maux de ventre depuis plusieurs années, à des heures précises. Pourquoi?  Ce qu’il va découvrir dépasse l’entendement…

Le cinéma labellisé indépendant est aujourd’hui devenu un sous-genre du cinéma américain. Moins il y a de conventions, plus il y a de nouveauté? Cela va sans dire que oui, la plupart du temps, mais pas toujours. Toujours est-il que le 5 mars dernier, sortit directement en DVD chez nous le film d’horreur comique Bad Milo!, qui raconte les mésaventures d’un homme, contraint de vivre avec un alien dans l’intestin. Produit par les frères Duplass, figures emblématiques de l’indépendant, avec devant la caméra les quasiment inconnus en France Ken Marino (vu dans In A World…, inédit dans l’Hexagone – et c’est tant mieux, ou dans Veronica Mars) et Gillian Jacobs dans les rôles principaux, le film est un véritable pamphlet d’absurdité et de situations déjantées.

Bad Milo! démarre pourtant de façon très bancale. Dans sa réalisation très proche du sitcom basique américain, Ken Marino gesticule au démarrage comme un forcené, le film force le spectateur à attendre le monstre en lui proposant une galerie de personnages loufoques qui donnent l’impression d’être seulement là dans l’espoir de tâter le terrain avant d’entrer dans le gore. Malheureusement, dans ces scènes, le film s’enlise dans des situations assez grasses et vues plus d’une fois, notamment lors des scènes de thérapie chez un psychiatre-magnétiseur, pourtant incarné par un Peter Stormare assez drôle dans ses remarques. Influencé au début par le mouvement qui avait rendu la saga Scary Movie culte, le film n’aborde absolument rien de concret et superpose des scènes qui n’ont aucun rapport entre elles dans une scatophilie un peu trop présente, donc finalement dérangeante.

Le film frôle, dès le premier quart d’heure, un hors sujet insipide, mais c’était sans compté sur l’arrivée -enfin!- du petit monstre venant tout droit de l’intestin de Duncan. La première rencontre entre les deux protagonistes, est d’ailleurs un clin d’œil bien malicieux et un peu crade au film culte de Ridley Scott, Alien. Référence très bien sentie, surtout lorsqu’on sait à quel point la douleur est présente dans les deux cas. À partir de ce moment, le long-métrage prend la route de l’absurde, sans jamais hésiter à tendre vers le film d’horreur de série Z pour mieux faire rire. Jacob Vaughan, le réalisateur et co-scénariste du film, aborde des sujets plus intéressants tels que le sens de la famille, la maîtrise de soi et l’intégration de l’homme dans la société. Cet existentialisme ferait naître en lui la crainte du monde qui l’entoure, et remet en cause sa place auprès de sa petite amie ou dans son travail. La mise au premier plan du personnage de Milo, la créature vedette, fait fondre le spectateur qui tombe très vite amoureux de la petite bébête sans poil, un peu sale, au dialecte incompréhensible, hilarante et tellement mignonne! Peu importe l’endroit dont il sort, assez abject, on veut très vite le revoir dès sa première apparition.

Visuellement, il est à des années-lumière de tout ce qu’on peut faire avec le numérique aujourd’hui, mais c’est justement son côté cartoon et complètement possédé dans des situations (vue subjective, personnage qui court comme un animé de la série Tex Avery, humour plus gras et plus provocateur avec l’entrée douloureuse dans l’anus, scènes insolites dans la chambre d’hôtel…) qui lui donne une véritable identité comique et visuelle. Ken Marino quant à lui, devient moins agaçant et ressemble à un croisement entre un Zach Braff sous acide et un Simon Rex sous morphine. Il joue avec beaucoup moins de mimiques gênantes et forme finalement un tandem plutôt agréable avec sa bestiole complètement folle. Les guests que sont Patrick Warburton (qui perd de l’importance face à l’arrivée de Milo) et Peter Stormare sont plutôt sympathiques, offrant quelques répliques qui ont le mérite de faire rire quelquefois.

Mais il faut le dire pour les âmes sensibles: Bad Milo! est gore, très gore. Quand le film présente les proies du monstre, le réalisateur propose une vision extrême des morts, principalement le deuxième, sans toutefois, jamais vraiment se prendre au sérieux. La pellicule ne cherche pas à faire peur ni à terroriser, malgré quelques moments un peu plus tendus ponctués par des situations à tendances comiques lors des meurtres.

En clair, Bad Milo! s’avère être une bonne surprise, qui aurait pu être encore plus surprenante si elle n’avait pas bénéficié d’un démarrage aussi long et grossier. En évoquant l’absurdité de son propos, le film gagne en intensité ce qu’il perd en blagues faciles grâce à son loser de personnage principal et son monstre très attachant, ainsi qu’à des situations qui valent parfois quelques sourires bien mérités. Bad Milo! est un film plus intelligent qu’il n’y parait, malgré quelques moments douteux. Intestin Power !

Par @KingTangTang

3.5

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