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Pentagon Papers: Spielberg de plus en plus en phase avec son époque

Synopsis : “Première femme directrice de la publication d’un grand journal américain, le Washington Post, Katharine Graham s’associe à son rédacteur en chef Ben Bradlee pour dévoiler un scandale d’État monumental et combler son retard par rapport au New York Times qui mène ses propres investigations. Ces révélations concernent les manœuvres de quatre présidents américains, sur une trentaine d’années, destinées à étouffer des affaires très sensibles… Au péril de leur carrière et de leur liberté, Katharine et Ben vont devoir surmonter tout ce qui les sépare pour révéler au grand jour des secrets longtemps enfouis…”


Lire la Sortie de Séance (par Kevin Halgand)

Avec PENTAGON PAPERS, Steven Spielberg met en scène le récit marquant des années 1970 avec un regard de notre époque. Il n’est plus nécessaire de le présenter et ça depuis longtemps. Celui qui a marqué des générations de cinéphiles, qui continue de faire briller les yeux de millions de spectateurs est cette année, une fois encore, au cœur de tous les désirs cinématographiques. Ce n’est pas avec un mais deux films que Steven Spielberg compte marquer l’année 2018. Au printemps prochain il sortira son très attendu Ready Player One qui signera le grand retour du papa d’E.T. dans la science-fiction. Mais aujourd’hui, il brille avec son THE POST re-titré, à tort, PENTAGON PAPERS en France.

Pour son trentième long-métrage, le réalisateur américain met en scène un moment clé de l’histoire des Etats-Unis et plus largement du monde entier. Comme le titre l’indique, le film raconte comment Katherine Graham, première femme directrice de la publication d’un grand journal américain, le Washington Post, s’est associée à son rédacteur en chef Ben Bradlee pour  dévoiler les manœuvres, de quatre présidents américains, destinées à étouffer des affaires sensibles notamment celles concernant la guerre du Vietnam. Bien que le récit laisse présager une course contre la montre et à la publication, Steven Spielberg fait du film bien plus qu’une affaire d’investigations. Le réalisateur septuagénaire sort du cadre le journalisme d’investigation pour se concentrer sur les relations humaines et sur les valeurs individuelles de chaque personnages ayant contribué de près où de loin à faire éclater une vérité qui marqua à tout jamais la société américaine. À travers des personnages remarquablement écrits, aux valeurs différentes, aux complexités diverses, le réalisateur met en lumière le quotidien de ces personnages qui portent sur leurs épaules le destin de toute une nation. Si Spielberg n’en fait pas des supers-héros, il en fait des personnages profondément humains.

Ce n’est donc pas un Spotlight 2.0 (qui, en passant, était très bon) tant le film s’intéresse d’avantage au quotidien des personnages, à l’impact de cette affaire sur leurs vies, sur leur propre personnage qu’à l’affaire en elle-même. Les Pentagon papers ne sont qu’un élément déclencheur du désir de Spielberg à raconter comment, en transgressant quelques règles, en faisant preuve d’un peu de courage, les hommes et les femmes peuvent changer la donne. Ce qui relie le tout c’est le journal (d’où le fait que le titre original, The Post, est bien plus parlant que le titre français) dont Katherine Graham (incarné par Meryl Streep) devient, sans vraiment le désirer, la directrice de publication.

Personnage féminin à la justesse permanente, sa remarquable évolution permet au personnage d’avoir une portée progressiste. C’est, certes, son duo avec Ben Bradlee (interprété par Tom Hanks) qui va faire avancer le récit mais elle représente à elle seule les changements qui s’opèrent.Quant à la mise en scène, déjà approuvée un peu plus haut, Steven Spielberg explose de modernité en dynamisant ses plans, passant de plans serrés aux plans larges, de plans fixes à des contre-plongés permettant la mise en valeur des personnages, en ne perdant jamais de vue l’idée de mouvements qui symboliserait presque le changement qui se trouve du côté de l’histoire. La lumière et la photographie, signée par le chef opérateur attitré de Spielberg depuis La Liste de Schindler (1993), Janusz Kaminski vient parfaire le tout et n’est pas sans rappeler le travail de l’illustrateur Norman Rockwell (qui a, par ailleurs, fait plusieurs fois le portrait de Kennedy et Eisenhower, deux des quatre présidents concernés par l’affaire des Pentagon papers) qui est très connu pour ses représentations hyperréalistes de la société américaine. Mais l’une des mentions spéciales revient à John Williams qui signe une bande-originale magistrale, rendant l’appareil à ce petit bijou du septième art qui vient rejoindre la filmographie déjà bien irréprochable du réalisateur américain.

PENTAGON PAPERS a le privilège d’être parmi les meilleurs films réalisés par Steven Spielberg. Bien plus qu’un thriller politique banal, il est un film humaniste, progressiste et parfaitement en phase avec les deux époques dans lesquelles il s’inscrit: à la fois les années 1970 (année du récit) et la décennie dans laquelle nous vivons. Le cinéaste américain offre, en plus d’une leçon de cinéma et de journalisme, une critique profonde de l’Amérique de Trump et plus largement le gouvernement américain dans son ensemble.


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