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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Patients réalisé par Grand Corps Malade et Mehdi Idir [Sortie de Séance Cinéma]

Synopsis : « Se laver, s’habiller, marcher, jouer au basket, voici ce que Ben ne peut plus faire à son arrivée dans un centre de rééducation suite à un grave accident. Ses nouveaux amis sont tétras, paras, traumas crâniens…. Bref, toute la crème du handicap. Ensemble ils vont apprendre la patience. Ils vont résister, se vanner, s’engueuler, se séduire mais surtout trouver l’énergie pour réapprendre à vivre. Patients est l’histoire d’une renaissance, d’un voyage chaotique fait de victoires et de défaites, de larmes et d’éclats de rire, mais surtout de rencontres : on ne guérit pas seul. »


Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position « je m’installe comme à la maison » ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…

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Premier film, première fois, premiers essais, premiers ratés aussi et premières émotions. Grandes émotions même pour être le plus précis et le plus sincère. Servis par un casting épatant, Grand Corps Malade et Mehdi Idir proposent là une histoire qui aurait pu être larmoyante et qui ne l’est pas bien au contraire. S’inspirant de sa propre vie, bien que romançant le tout et proposant une autre vision du handicap, le réalisateur-chanteur ne cherche pas à créer le biopic. En axant le film sur la rencontre et la vie avec ses blessures et son handicap, les deux réalisateurs ont décidé de proposer la vision d’un univers où il faut s’épauler pour accepter l’inacceptable : comment vivre après un accident ? Comment accepter de vivre désormais toujours avec un handicap même si les progrès sont là, même si l’entourage est présent ? C’est sur cette voie-là que s’engouffrent les deux réalisateurs pour proposer de suivre le parcours et l’apprentissage de la vie ou le réapprentissage de la vie. Et si le film est aussi réussi, c’est parce qu’il est une véritable bouffée d’espoir. Une véritable bouffée d’espoir au casting impeccable. Pablo Pauly est la révélation du film encadré par Soufian Guerrab, Moussa Mansaly, Nailia Harzoune et Franck Falise. L’ensemble des « patients » qui doivent ré-apprendre à vivre malgré tout. Mais des malades qui n’en oublient pas de se vanner continuellement pour faire la nique à la tristesse de leur nouvelle condition. Et l’histoire finalement ? C’est une histoire finalement de retour vers la lumière que proposent Grand Corps Malade et Mehdi Idir (son réalisateur de clips). Une histoire où le quotidien banal est un défi de tous les instants : se laver, se redresser, marcher, aller aux toilettes (ce qui donne des échanges drôles et assez inattendus), et surtout vivre quand même.

Pablo Pauly : la révélation du film, à suivre !

Le film montre que le handicap est la première chose qui sera désormais la carte d’identité de ces malades, de ces patients. Il leur en faudra de la patience pour accepter que les rêves qui ont construit l’enfance, l’adolescence et la future vie d’adulte. Comment vivre alors que tout semble détruit ? Comment partager l’avenir quand on sait qu’il ne sera pas celui prévu ? Comment se soutenir quand parfois la réalité du handicap frappe le patient. Sans jamais nous apitoyer sur le sort des personnages, Grand Corps Malade et Mehdi Idir proposent simplement de partager leur quotidien. Et c’est ce partage qui nous permet de comprendre que le plus difficile désormais : c’est le regard des autres. Maintenant et pour toujours, c’est leur handicap qui va les définir en premier bien avant leur personnalité. Le film dénonce aussi le fait que dans l’hôpital où sont nos Patients, il n’y a qu’une seule classe sociale. Le portrait d’un monde inégal face à la maladie est aussi clairement représenté. La banlieue semble isolée et coupée de tout : bâtiments vétustes, moments de détente pourris, présence de cas sociaux plus que de raison. Cependant, pas d’apitoiement ! Le film reste drôle, toujours touchant, et pour éviter totalement de s’apitoyer, l’entourage des malades est peu présent. Pas de passage obligé autour des raisons de l’accident et de la détresse de la famille. D’ailleurs, les réalisateurs s’attardent peu sur l’accident des héros pour découvrir comment ils vont tenter de faire face à la vie de tous les jours, tellement différente désormais. Mais, malgré les grands bouleversements, les deux complices n’oublient pas de proposer une belle histoire d’amitié. Et également une histoire d’amour qui pourrait bien changer la donne et pousser Ben à déplacer les montagnes… même si aimer désormais devient compliqué.

Un dernier mot sur le personnel médical. Sans tomber dans la caricature, l’infirmière Christiane (jouée par Anne Benoît) qui accueille les malades est brute et peu prévenante, mais a un gros cœur. L’infirmier du matin, Jean-Marie (joué par Alban Ivanov) est juste impressionnant à parler au malade à la troisième personne et le kiné, interprété par Yannick Renier, est le médecin qui fait le maximum pour croire en une vie meilleure bien que différente… car la réalité est toujours là et les mots sans fioritures du médecin-chef, interprété par Dominique Blanc, révèlent la réalité qui frappe comme un uppercut. L’espoir est de mise, mais pas celui rêvé : et c’est en ce sens que le film fait fort, car il vous cueille d’un seul coup alors qu’il avait tendance à vous bercer. Le coup de poing est là, nécessaire pour rappeler que tout ce que vous avez vu avant est une triste réalité. Non, ce n’est pas qu’une comédie sociale, car des vies brisées sont là, étalées sous vos yeux de spectatrices ou spectateurs valides.

En résumé, Patients est le film qui fait croire en la vie toujours. Ce genre de film qui vous pousse à vous battre pour avancer tout le temps. Finalement, le film vous permettant de garder l’espoir même quand c’est difficile. Une histoire bouleversante, drôle et terriblement humaine !

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