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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Night Shot, le Found Footage à la française par Shadowz

Synopsis : « Une jeune blogueuse se rend dans un hôpital abandonné situé à la frontière allemande. Son émission, Night Shot, est en direct sur les réseaux sociaux. Ce qu’elle va découvrir sera bien réel… et sans coupure vidéo. »

Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position “je m’installe comme à la maison” ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…

Deuxième exclusivité sortie ce vendredi 19 juin sur la plateforme de screaming Shadowz, après le catastrophique Mercy Black, rejeton de Blumhouse dans la lignée du navet Nightmare IslandNight Shot est un Found Footage français réalisé par Hugo König, dont la communication a beaucoup été axée sur sa performance technique. Un plan-séquence d’1h30, sans aucune coupure, où l’on suite une jeune blogueuse (Nathalie Couturier), animatrice d’une émission d’Urbex (exploration urbaine) sur les réseaux sociaux, appelée Night Shot, se rend dans un hôpital abandonné à la frontière allemande avec son caméraman (Hugo König, le réalisateur). Mais très vite, la jeune femme et son caméraman vont se retrouver confronter à des événements étranges et vivre un véritable cauchemar, sans jamais arrêter de filmer, règle que pose la jeune blogueuse dans son émission. 

Cette simple règle est bien connue dans le genre du Found Footage, revenant incessamment dans chacune des œuvres empruntant à ce genre inégal. Initié par Le Projet Blair Witch (1999), popularisée par [REC] (2007) qui en a fait sa devise (Ne jamais cesser de filmer), Night Shot reprend cette devise quasi mot pour mot. Hugo König ne cesse de répéter cette phrase derrière sa caméra durant tout le long-métrage, dans un plan-séquence d’1h30 qui, il faut le reconnaître, est plutôt bien chorégraphié, un exploit que l’on doit à un lieu de cinéma gigantesque, ludique avec sa multitude de couloirs, d’escaliers, de pièces et de graffitis rendus anxiogènes par la vision nocturne de la caméra. L’actrice et le caméraman déambulent dans cet hôpital de manière chorégraphié, un chemin semblable à un train fantôme, où un événement paranormal se déroule dans chaque pièce que traversent les deux protagonistes. Une porte qui tombe à terre, des bruits de pas au fond du couloir, un vieux fauteuil roulant qui se déplace tout seul hors-champ, une table de ouija abandonnée qui vole en l’air lorsque la blogueuse prononce les mots good bye inscrits sur la planche. Night Shot cite tous les poncifs du genre, vus et revus dans les œuvres le précédant (on pense un peu trop au Projet Blair Witch, c’est bien là le problème). Malgré cette impression constante de déjà-vu, quelques-uns de ces clichés font leur effet. On se surprend à appréhender ce qui se cache derrière les portes qu’enfoncent la blogueuse et le caméraman, et quelques jumps scares se font plutôt bien sentir, certaines bien pensés, d’autres totalement putassiers. 

Hugo König filme la performance de son actrice sans aucune coupure durant ce plan-séquence chorégraphié, suivant la descente aux enfers de cette blogueuse qui a eu la bonne idée d’aller explorer un hôpital abandonné réputée pour être hanté, en plein milieu de la nuit. Le postulat de départ est intéressant, mais très vite, la protagoniste se révèle plutôt agaçante, insupportable lorsqu’elle s’adresse à la caméra comme à ses « Followers », avant de basculer dans l’hystérie et les crises de larmes dans la suite de son exploration. Après avoir plagié ouvertement Le Projet Blair Witch dans sa première partie à coup de clichés et phénomènes paranormaux bricolés, le long-métrage vire dans sa dernière partie dans l’horreur catholique embarrassante qui n’est pas sans rappeler le final anxiogène de l’excellent [REC]. Crucifix pendus à des fils, photos d’expériences médicales sur des patients, chambre d’enfants ressemblant à une maison de poupées, effets sonores et bugs de caméra putassiers pour renforcer une atmosphère anxiogène qui se suffisait à elle même dans sa première partie, Night Shot tombe en plein dans le problème symptomatique aux productions Found Footage actuelles, celui d’en faire des caisses. Le long-métrage se conclut de la même manière que 90% des œuvres les moins inspirées du genre, avec cette caméra qui se retrouve à terre, de travers, filmant le phénomène paranormal dans un coin du cadre, la fin de l’arc narratif de nos protagonistes étant la même que la plupart des personnages suivies dans un Found Footage.  

Night Shot part avec un postulat de départ audacieux, un plan-séquence bien chorégraphié dans sa technique, une atmosphère rendue anxiogène par un lieu ludique et quelques effets bien pensés. Mais à l’arrivée, le film d’Hugo König enfonce toutes les portes, ouvertes par les œuvres le précédant, épouse les poncifs et clichés du genre, abuse d’effets sonores superficiels et putassiers, nous impose une héroïne insupportable et hystérique, avant d’achever le tout avec la sauce catho horrifique habituelle dans son dernier tiers. Si la démarche de la plateforme Shadowz de sortir et soutenir un Found Footage français est plus que louable, on était en droit d’espérer un étendard un peu meilleur pour cette excursion française dans le genre. 


Actuellement disponible sur Shadowz

« Malgré un postulat de départ intéressant et quelques effets plutôt efficaces dans une première partie anxiogène, Night Shot se vautre dans les poncifs du Found Footage dans un dernier tiers indigeste. »


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