CinéCinéphile

Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Mom And Dad réalisé par Brian Taylor [Sortie de Séance VoD]


Synopsis : « Une adolescente et son petit frère doivent survivre pendant 24 heures à une hystérie de masse aux origines inconnues incitant les parents à se retourner violemment contre leurs enfants. « 


Tu éteins les lumières de ton salon, tu allumes ta télé ou ton ordinateur et lance le film. Oui, l’on n’est pas dans une salle de cinéma, mais bien dans un salon pour regarder un film en DVD, Blu-Ray ou VoD. Certains films n’ont pas le privilège de la sortie cinéma, mais se savourent tout de même chez soi.

Le premier mot qui nous vient à l’esprit est : cocaïne. Quiconque connaît le nom Brian Taylor, comprend assurément où l’on veut en venir avec ce mot assurément, pas choisi au hasard. Pour ceux du fond dont le nom Brian Taylor n’évoque rien, voici quelques longs métrages que vous avez peut-être vus, ou dont vous avez surement entendu parler. Crank & Crank : High Voltage (Hyper Tension dans sa traduction française), Gamer (Ultimate Game dans sa traduction française), ainsi que le fameux Ghost Rider: Spirit of Vengeance. Souvent accompagné par son comparse Mark Neverdine, Brian Taylor s’est fait connaitre par la production de films et d’un cinéma plus généralement, inclassable. Les films cités ci-dessus sont majoritairement détestés par les spectateurs qui se sont risqués au visionnage.La dualogie Crank est certainement l’exception qui confirme la règle. Violent, irrévérencieux, offensant, frénétique, stylisé, « dépraved »… lire la critique d’un film réalisé par le duo Mark Neverdine/Brian Taylor ou juste Brian Taylor est absolument hilarant tant les critiques ne savent pas comment expliquer ou « critiquer » le film dont il est question. Néanmoins le terme le plus intéressant pour nous, serait « gonzo » utilisé notamment par le site OrlandoSentinel pour parler du film Crank : High Voltage. Utilisé au départ pour illustrer un style de journalisme bien particulier (inventé par Hunter S. Thompson dans les années 60 ou par Nellie Bly à la fin du XIXe siècle si on en croit certaines enquêtes), le « gonzo » caractérise avant tout quelque chose de l’ordre de l’ultra-subjectivité et de la compulsion. Si dans notre cas le terme d’ultra-subjectivité concerne explicitement le spectateur, la compulsion caractérise quant à elle, davantage les personnages mis en scène.

Le film Mom & Dad raconte l’histoire de parents qui à un moment précis vont avoir l’envie soudaine de voir leurs enfants et une fois qu’ils se feront face les parents seront pris par l’envie soudaine de tuer leur(s) progéniture(s). Un synopsis peu ordinaire, complètement déjanté et extrêmement simple, mais à l’image de ce à quoi Brian Taylor nous a habitués jusqu’ici. Partir d’un concept ou d’une expression en l’occurrence afin de créer un film qui reposera intégralement sur ce dernier ou cette dernière. Chev Chelios, Johnny Blaze et Mr & Mme Ryan ont pour point commun d’être contraint à devenir obsessionnels et compulsifs. Le premier doit conserver son rythme cardiaque à un certain niveau, le second est possédé par un démon qui le consume et les derniers vont soudainement être épris d’une envie plus forte que tout. Ce sont des personnages sous la contrainte, qui ne sont pas dans leurs états « naturels » et de cette contrainte va naître une compulsivité donnant naissance à une hystérie générale. Crank, Ghost Rider: Spirit of Vengeance et Mom & Dad sont des films qui dépassent le mur du son. Des films dont la frénésie est apportée par l’état second de personnages rendus hystériques par la force des choses. Des personnages incontrôlables, prêts à tout pour assouvir leurs envies et/ou besoins, tout en ayant conscience des actes qu’ils produisent. Ils savent ce qu’ils font, mais n’en ont littéralement plus rien à foutre. Utilisons les termes adéquats. C’est cette folie, cette frénésie, cette hystérie que l’on aime ou que l’on déteste dans le cinéma que produit Brian Taylor. C’est ce qui le caractérise et qui fait la force du cinéaste.

Mom & Dad est en ce sens, et comme vous avez pu le comprendre, un pur produit Brian Taylor. Un film porté par des personnages rendus compulsifs par la force des choses et propulsés par cette envie de tuer leurs enfants par tous les moyens possibles. Et à ce niveau, le cinéaste s’en donne à cœur joie avec un duo d’acteur incroyable. Si Selma Blair apporte une once de sensibilité grâce à un personnage qui semble chercher à combattre intérieurement cette pulsion, Nicolas Cage est littéralement possédé. Il est hors de contrôle, hystérique à un point où on ne sait plus s’il cabotine ou nous offre son interprétation la plus profonde jamais réalisée. Nicolas Cage semble être devenu un personnage à part entière ayant conscience qu’il est devenu un personnage. Il joue avec l’image de l’acteur aux rôles expressifs qui lui colle à la peau aujourd’hui, joue avec cette image dans le but d’enrichir son personnage. Un personnage au bord de l’implosion, qui même lorsqu’il n’est pas encore épris de cette pulsion meurtrière, nous semble être en mesure de commettre n’importe quel acte irréparable. Il est hilarant et prouve au travers d’un long plan-séquence qu’il est capable d’extérioriser tout en déclamant un monologue d’une intensité incroyable. Il apporte au film une densité et une folie, sans lesquelles le film Mom & Dad ne serait pas aussi jubilatoire qu’il ne peut l’être.

Avec une histoire pareille et le regard, ainsi que l’écriture, aussi détachée que décomplexée de Brian Taylor, Mom & Dad ne pouvait être qu’un tant soit peu plaisant pour l’adepte du genre. Une comédie noire violente, outrancière et frénétique grâce aux personnages et non pas dans sa forme. Si les plans ne sont pas significatifs ou aussi travaillés que ceux d’un film du « classic cinéma », Brian Taylor ne fait ici pas pour autant dans le « chaos cinéma ». L’action est lisible et le réalisateur ne cherche pas à créer la confusion, la caméra n’est pas exclusivement en mouvement et l’action n’est pas sur-découpée. De plus, la musique va être utilisée comme ressort comique grâce à un réel contraste entre l’image et le son. Pas de musique brutale, mais du sound-design ou une simple musique douce en fond sonore. Ce n’est pas la brutalité de l’action qui prône, mais bien l’envie de divertir et de faire rire. Mom & Dad est en ce sens le film le plus accessible de la filmographie de Brian Taylor. Son moins hardcore, son moins brutal, mais le plus drôle, pour ne pas dire hilarant grâce à la prestation de Nicolas Cage. De plus, on notera une durée de film parfaite (1h15 approximativement), afin de ne pas créer toute redondance ou un quelconque ventre mou qui, avec un sujet de la sorte, aurait pu se révéler bien plus facilement. Notre amour pour les films sous cocaïnes nous pousse cependant à critiquer un certain manque d’exagération de la part du réalisateur. On aurait aimé en avoir plus, avoir des séquences encore plus conceptuelles quitte à pousser le film vers quelque chose d’encore plus expérimental et « gonzo ». Cette fin extrêmement frustrante nous laisse sur notre faim à la recherche d’un moment d’hystérie conceptuel encore plus improbable et mémorable.

Disponible en DVD et Blu-Ray aux États-Unis et Canada depuis le 27 Mars 2018.

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