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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Mise à Mort du Cerf Sacré réalisé par Yorgos Lanthimos [Critique | Cannes 2017]

Synopsis : « Steven, brillant chirurgien, est marié à Anna, ophtalmologue respectée. Ils vivent heureux avec leurs deux enfants Kim, 14 ans et Bob, 12 ans. Depuis quelques temps, Steven a pris sous son aile Martin, un jeune garçon qui a perdu son père. Mais ce dernier s’immisce progressivement au sein de la famille et devient de plus en plus menaçant, jusqu’à conduire Steven à un impensable sacrifice. »


Du 17 au 27 mai 2017, nous sommes au 70e Festival de Cannes. Entre coups de cœur et coups de gueule, émerveillements et maux de tête, retrouvez nos avis sur les films vus durant ce festival pas comme les autres. Des avis courts, mais pas trop et écrits à chaud, afin de vous offrir un premier avis sur les films qui feront, ou non, prochainement l’actualité.

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Deux ans après le particulier, mais néanmoins excellent The Lobster, le cinéaste grec Yorgos Lanthimos revient enflammer la croisette. 8h30 : première projection presse et premiers sifflets de journalistes pour un film concourant dans la compétition officielle. The Killing of a Sacred Deer (traduit en Mise à Mort du Cerf Sacré) serait donc mauvais, une immondice au point qu’on ait envie de le siffler et renier le travail de l’équipe derrière la création cette œuvre ? Aucunement. Au-delà du fait, qu’il est irrespectueux de siffler un film, surtout de la part de journalistes qui ne sauraient en faire autant et n’ont probablement jamais été derrière une caméra, Mise à Mort du Cerf Sacré n’est ni plus ni moins que le plus beau film vu en compétition à ce jour (lundi 22 mai 2017). Avec Canine ou encore The Lobster, fou serait celui qui attendrait du réalisateur Yorgos Lanthimos qu’il réalise un film conventionnel. Même si certainement plus accessible, car limpide dans ses intentions et la couche supérieure de son histoire, Mise à Mort du Cerf Sacré n’en demeure pas moins une œuvre cinématographique indescriptible n’appartenant à aucun genre particulièrement. Lent, long et dénué de longues tirades, monologues ou dialogues, le cinéaste grec signe un pur film de mise en scène. Hautement symbolique, la mise en scène guide le spectateur à voir, concevoir et ressentir la froideur ambiante qui règne entre les personnages. À l’instar de The Lobster, l’histoire du film Mise à Mort du Cerf Sacré pourrait avoir lieu n’importe où. Un café, une maison, un hôpital… des lieux réalistes et qui nous sont connus, mais l’ambiance qui règne et la façon de se conduire, de communiquer, des personnages porterait à croire que Yorgos Lanthimos souhaite transporter le spectateur dans une dimension parallèle.

Colin Farrell déambule dans un monde froid et dénué de toutes émotions. Glaçant et drôle a la fois !

Une dimension où les personnages ne se touchent pas (ou presque pas, suivant les situations…), le désir n’est pas simplement sexuel, les parents n’ont aucun filtre de parole lorsqu’ils parlent à leurs enfants, n’affichent pas leur affection les uns pour les autres, il ne fait ni beau ni mauvais temps… un univers déshumanisé où le temps semble en suspens. Yorgos Lanthimos signe une fable poétique et horrifique de laquelle va naître un large panel d’émotions grâce a ce surréalisme ambiant. L’horreur des situations va susciter le questionnement, avant que ne naisse le rire chez le spectateur qui aura réussit a se plonger dans cette fable si particulière. Tout est si exagéré, si surréaliste (dialogues, direction d’acteurs, froideur clinique ambiante…) que l’on ne peut que sourire et rire des réactions des personnages. Assumé, car jusqu’au-boutiste dans ses intentions, Mise à Mort du Cerf Sacré convainc grâce a une cohérence totale : forme et fond. Cette froideur clinique ambiante est due a la direction d’acteurs du cinéaste grec, mais également à sa réalisation. Hautement référencée, Yorgos Lanthimos fait son Kubrick et reprend les codes formels d’un certain Shining ou encore 2001 : A Space Odysey. Les plans sont long, les travellings « façon » (car peut-être réalisés via des rails installés aux plafonds au vu des mouvements effectués)  steadicam sont nombreux et permettent de déambuler au travers d’espaces cadrés avec une symétrie impressionnante renforçant cette ambiance glaciale, car artificielle et dénuée d’émotions. Une recherche symétrique qui renforce le travail effectué sur la profondeur de champ et sa symbolique effective qui est de distancer une nouvelle fois les personnages entre eux, ainsi quelle spectateur des personnages. Yorgos Lanthimos ne fait cependant pas que de reprendre des idées pour enrichir son récit et offrir au film une identité visuelle indéniablement belle, il les modernisent et les implémentent. Chaque scène repose sur un même découpage fait d’un plan large en courte focale (recherche encore une fois dune immense profondeur de champ), puis d’un « simple » champ/contre champ, mais avec des personnages cadrés ou décadrés de manière a enrichir le récit par le visuel. Yorgos Lanthimos ne fait pas les choses a moitié et s’impose comme un véritable auteur qui va créer des sens et une histoire a partir du visuel et non de phases dialoguées.

Mise à Mort du Cerf Sacré est une fable poétique et surréaliste où l’exagération font se confondre horreur et comédie. Visuellement impeccable, Yorgos Lanthimos crée une froideur presque clinique grâce a des décors épurés, une symétrie parfaite dans le cadrage et une distanciation (physique comme émotionnelle) entre les personnages eux-mêmes et entre les personnages et le spectateur. Une œuvre cinématographique d’une grande maitrise qui ne laisse pas de marbre.

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