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Midnight Special (Critique | 2016) réalisé par Jeff Nichols

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Synopsis : « Fuyant d’abord des fanatiques religieux et des forces de police, Roy, père de famille et son fils Alton, se retrouvent bientôt les proies d’une chasse à l’homme à travers tout le pays, mobilisant même les plus hautes instances du gouvernement fédéral. En fin de compte, le père risque tout pour sauver son fils et lui permettre d’accomplir son destin. Un destin qui pourrait bien changer le monde pour toujours. »

Jeff Nichols est le jeune réalisateur de Take Shelter et Mud, il a aussi fait Shotgun Stories, son premier film qui s’est fait remarquer sans provoquer l’engouement de ses deux suivant. Avec comme thème central la famille, Jeff Nichols explore tous les genres. Si ses films sont toujours des réussites d’un point de vue critique on peut noter que Take Shelter est difficilement accessible et que Shotgun Stories est un peu mou pour ne pas dire chiant. Mud est une réussite, apogée de sa carrière de réalisateur pour le moment. Son prochain film Midnight Spécial est une histoire de science-fiction, vendue comme la relève du cinéma de genre.

Commençons par le commencement, la scène d’intro que filme Jeff Nichols est absolument incroyable. Le réalisateur mets ses spectateurs directement dans le bain, la cavale de deux hommes et un petit garçon, cachés dans un motel qui prennent la fuite dans une superbe muscle car à la peinture décrépie. Pas besoin de comprendre pourquoi ces trois personnages sont en fuite, la mise en scène est faite pour nous en mettre plein les yeux sans nous interroger. L’image est magnifique avec un dégradé de bleu nuit et les personnages se dessinent déjà en l’espace d’une dizaine de minutes. Le père prêt à tout pour protéger son fils, l’enfant spécial innocent et l’ami de la famille super entraîné. Le travail sur le son et l’image donne un spectacle épatant, les vibrations du pot d’échappement nous transportent et le thème principal retentit. Le long métrage se lance sur une scène d’intro des plus réussis depuis bien longtemps dans le genre, et peu être même tout genre confondu pour cette année 2016. Sur toute la durée le travail sur le son, les bruitages et l’ambiance sonore du film sera régulier, sans fausse note et toujours à la hauteur. Pour l’image, la photo est de bout en bout magnifique, avec 80% du film se passant de nuit, le travail sur les détails visibles et les différentes teintes de lumière est impressionnant. Quelques fulgurances magnifient le long métrage , visuellement parlant. Toujours pour rester dans le visuel, il convient de parler des effets spéciaux. Les SFX sont tout a fait crédible, parfois même très bons (accident de voiture) et ne font pas taches. Les VFX (ceux générés par ordinateur) quant à eux sont repoussants, cheaps à souhait et gâche vraiment le plaisir de la partie science-fiction du film. Car oui Midnight Special n’est pas uniquement axé sur la science-fiction, il démarre en tant que thriller fantastique pour évoluer peu à peu en film de science-fiction.

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La transition est faite délicatement, le long disperse différents éléments du registre, tout en gardant son aspect de thriller avant de basculer totalement. Si l’intro est brillamment réalisée, l’histoire ne démarre pas aussi bien, le scénario pèche. Les enjeux sont mal amenés et certaines scènes dramatiques perdent en intensité. C’est notamment à cause des relations qu’on a du mal à se transposer, pourtant habitué à dresser des relations entre ses personnages, ici Jeff Nichols a du mal a nous faire comprendre les liens entre chaque personnage. Si bien que la mère devient inutile et peu présente. Le père et le fils entretiennent une relation trouble. Le père étant perdu dans un fanatisme lié à la secte plus qu’à un réel rôle de paternel. Le seul personnage à entretenir une relation cohérente avec le petit garçon est Lucas.

Protecteur et attentionné c’est pour lui qu’on ressentira le plus de choses. Le personnage d’Adam Driver est lui aussi très bon, bien que peu épais. C’est au niveau des antagonistes qu’on est en droit de s’indigner. Le grand chef de la secte disparaît très vite pour laisser place à deux guignols qui ne possèdent, à eux deux, pas la moitié du charisme du premier antagoniste. Malheureusement, ça fait beaucoup, après les relations floues des personnages, une absence d’antagoniste digne de ce nom, Jeff Nichols le fait presque exprès, la menace est inexistante, le gouvernement est incompétent, la secte pareille. En bref là où Jeff Nichols nous avait habitués à être au top il se vautre presque. Sans transition, Midnight Special est aussi présenté comme un héritier de Spielberg, et cela se sent. Certaines scènes de poursuite font penser à La Guerre des Mondes, le film en lui même rappelle Rencontre du 3e Type. Dans la lignée de ce qu’a fait J.J.Abrams avec Super 8, Jeff Nichols livre un long métrage de science fiction, old school, qui rendra nostalgique bon nombre de gens. C’est tout de même un long métrage contemporain dans sa technique, propre, il reste pour autant un bel hommage au genre.


En Conclusion :

Midnight Special est un bon film, inégal, pas incroyable, mais avec des fulgurances épatantes, un thème principal génial, des références qui font plaisir et une image à couper le souffle. Midnight Special est un thriller fantastique qui flirte avec la science-fiction avant de l’embrasser pleinement dans une seconde partie aux influences marquées. Porté par des acteurs brillants et un chef opérateur inspiré, Midnight Spécial de Jeff Nichols vaut sa place de cinéma.

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