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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Mercy Black, le dernier rejeton de Blumhouse


Synopsis : « Quinze ans après avoir invoqué un fantôme imaginaire connu sous le nom de Mercy Black, Marina sort d’un institut psychiatrique et retourne dans sa ville natale pour vivre avec sa sœur et son neveu. Mais alors que Mercy continue de la hanter et que le nombre de morts augmente, elle doit faire face à sa plus grande peur et découvrir la vérité sur son passé avant que Mercy Black ne s’en prenne à son neveu. »


Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position “je m’installe comme à la maison” ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…

Dernier rejeton de la maison de production BlumhouseMercy Black débarque en exclusivité sur Shadowz, une excellente plateforme de screaming, spécialisé dans le cinéma de genre, proposant un riche catalogue de pépites indispensables pour tout passionné de cinéma de genre qui se respecte, dont on ne peut que vous conseillez l’abonnement. Deuxième long-métrage écrit et réalisé par Owen Egerton, après Blood Fest (2018), Mercy Black s’inspire des légendes urbaines nées sur internet, connues sous le nom de Creepypasta, dont l’influence la plus évidente est le célèbre Slender Man, un croquemitaine cauchemardesque qui terrorise les internautes depuis quelques années sous la forme d’images et de vidéos, popularisée par la série Web en Found Footage Marble Hornets (Troy Wagner, 2009) sur YoutubeMercy Black raconte l’histoire de Marina (Daniella Pineda), une jeune fille qui sort d’un institut psychiatrique, quinze après avoir assassinée une de ses amis en guise d’offrande à Mercy Black, une copie peu inspirée du Slender Man dont la légende urbaine a également généré un fait divers dans la réalité, dont s’inspire le film. Retournant vivre chez sa sœur, Mercy Black revient hanter la jeune fille, menaçant au passage de s’en prendre à son neveu, l’obligeant à se confronter à son passé. 

Tout d’abord, on peut saluer l’excellente initiative de la plateforme de screaming française de proposer une production Blumhouse en guise de première grosse exclusivité au sein de son catalogue. Un joli geste pour une plateforme dont la qualité est intrinsèquement différente de celle du long métrage en question, qui à son visionnage, s’avère être une production de fond de catalogue pour Jason Blum, à l’image du récent navet Nightmare Island (Jeff Wadlow, 2020)dont le producteur semble vouloir se débarrasser en le larguant sur la première plateforme de streaming venue. 

Le matériau d’origine de Mercy Black n’est pas mauvais, la volonté de s’inspirer des creepypasta étant tout a fait honorable. Cela aurait pu donner un regard critique sur ce phénomène viral et les dangers du net, un commentaire sur cet Amérique profonde à la Stephen King que dépeint le cinéaste, tout cela ne servant au final que de toile de fond à un film d’épouvante bas de gamme, aussi inoffensif qu’insignifiant. Le long métrage enchaîne péniblement les pseudos scènes de tensions sans inventivité, nourries aux jumpscares putassiers et inefficaces, certains frôlant l’insulte au genre tant ils devraient être interdits (le pote de la sœur qui surprend notre héroïne par derrière, le croquemitaine qui sort de la baignoire dans une scène qui s’avère être un cauchemar, etc.).

Dans son écriture, Owen Egerton dépeint ses personnages en enfonçant les portes et les clichés comme ce n’est pas permis : de l’enfant qui fait entièrement confiance à un ami imaginaire assez flippant, à la sœur qui ne croit pas notre personnage principale lorsqu’elle lui dit que Mercy Black séjourne dans la chambre de son fils et tue un par un les membres de son entourage, parce que notre héroïne sort d’un asile, forcément. Pour enfoncer le clou, le scénariste/réalisateur joue la carte du twist à répétition sur notre doute au sujet de l’existence de son croquemitaine. Une maladresse derrière laquelle aurait pu naître une réflexion intéressante sur l’impact de ses creepypasta dans notre imaginaire collectif, si le réalisateur ne semblait pas lui même indécis sur l’existence de son monstre. Le design de Mercy Black, qui se dévoile au fur à mesure du film, laissait présager un semblant d’originalité à travers l’aspect artisanal de son boogeyman, à l’image du traumatisant Mister Babadook de Jennifer Kent (2014). Au final, Owen Egerton peine à rendre convaincant son croquemitaine qui ressemble plus à un mauvais costume d’Halloween qu’à une figure cauchemardesque.

La révélation du monstre et la fin ouverte du long-métrage finissent d’enterrer définitivement ce deuxième film dans les limbes du fond de catalogue que Blumhouse réserve à ses navets servant de remplissage sur le calendrier de ses productions, préférant mettre en avant des propositions d’auteurs plus exigeantes, pour notre plus grand bien. 


« La première plateforme française de screaming, Shadowz, hérite, en guise de première exclusivité, du dernier rejeton de Blumhouse : Mercy Black. Une production bas de gamme du géant horrifique: une purge ! »

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