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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Louise Lecavalier – sur son cheval de feu réalisé par Raymond St Jean [Sortie de Séance Cinéma]


Synopsis : « Louise Lecavalier – sur son cheval de feu raconte l’histoire inspirante de cette créatrice indomptable, qui a révolutionné la danse contemporaine dans les années 1980 avec le chorégraphe Edouard Lock et qui la voit aujourd’hui avec sa carrière solo s’épanouir sur la scène internationale. A 58 ans, Louise Lecavalier est une icône de la danse, une créatrice unique dont l’art transcende les limites du corps humain. Des danses spectaculaires, des musiques originales et des entrevues exclusives composent un film inspirant et émouvant qui dessine le portrait intime d’une artiste passionnée et toujours habitée par la quête du mouvement parfait. »

Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position “je m’installe comme à la maison” ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…

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Alors que c’est achevé il y a quelques jours à peine le Festival International du Film d’Art de Montréal (on vous prépare à cette occasion un article traitant du sujet de l’art et des créateurs artistiques), voici que progresse notre cheminement vers le cinéma dédié à l’art. Si la fiction est la forme cinématographique la plus connue aujourd’hui, car omniprésente dans les salles de cinéma et bien plus accessible à un public qui n’a jamais été aussi large, le documentaire n’en est pas pour autant au point mort. Bien moins présent certes, mais des cinéastes le font vivre et permettent au documentaire de pérenniser dans le temps malgré une image ternie par divers éléments et notamment la montée du reportage. Faire un documentaire intéressant, tant sur le fond que la forme, n’est pas chose aisée. Il faut au cinéaste avoir un ou plusieurs concepts forts sur lesquels il puisse s’appuyer pour développer une forme intéressante. C’est de la créativité que va naître l’intérêt et pourquoi pas, permettre aux spectateurs non habitués au genre d’y jeter un œil. Il faut en toutes logiques dépasser le simple film reportage aux images tremblotantes et peu travaillées. Dépasser le simple film portrait qui enchaîne les interviews sans se servir à bon escient de l’écran.

Nouveau film réalisé par le documentariste Raymond St-Jean, « Louise Lecavalier – sur son cheval de feu » est comme son nom l’indique, un documentaire consacré à la danseuse Louise Lecavalier. Danseuse qui a révolutionné le monde de la danse contemporaine, Louise Lecavalier a le profil parfait de l’artiste à succès dont on a envie de dresser le portrait. Permettre, grâce au septième art, de rendre cette artiste intemporelle et de lui faire traverser les générations afin que ces dernières puissent la connaître et se souvenir d’elle. Une belle idée qui n’en fait pas immédiatement un bon ou grand film. L’avantage étant que cette personnalité dont le nom trône en haut de l’affiche est hors normes. Humaine, passionnée et travailleuse, Louise Lecavalier est une artiste qui de par sa détermination offre au film une morale non négligeable. Véritable représentation de l’artiste humble et qui ne lâche rien, croyant jamais que tout est acquis et ce, malgré son expérience et son talent incroyable, l’écouter parler de son art et de son plaisir du travail pour ce même art est aussi beau que significatif. C’est finalement un des plus gros défauts du documentaire portrait qui devient ici son plus grand atout : l’entrevue filmée. Une entrevue entrecoupée par des répétitions et la diffusion de clips musicaux qui présentent les œuvres de Louise Lecavalier aux spectateurs et qui viennent compléter les images.

Des propos extrêmement simples, qui ne vont pas bouleverser ou développer des problématiques significatives, mais qui ont suffisamment de portée pour toucher n’importe quel spectateur. Le toucher, non pas sur le plan émotionnel, mais bel et bien intérieurement et le pousser à réfléchir (se lancer corps et âme !) sur sa propre vie. Si positive, si énergique et démonstratrice, Louise Lecavalier est une personne à l’engouement communicatif et dont chaque onde traverse l’optique de la caméra. C’est son énergie, un positivisme à toute épreuve et son amour pour l’art et la danse plus particulièrement, qui font de ce documentaire, une oeuvre cinématographique plaisante et porteuse de bonnes ondes. Quelques belles idées de montage ponctuent le film, quelques beaux moments captés lors des répétitions ou lors de moments de la vie quotidienne ajoutent de l’authenticité au portrait, mais sur le plan formel « Louise Lecavalier – sur son cheval de feu » est un documentaire portrait de plus simpliste. S’il a des qualités indéniables, dont ce sous-titre génial faisant référence au feu intérieur que porte l’artiste, « Louise Lecavalier – sur son cheval de feu » est avant tout un documentaire qui a son nombre de défauts. Des défauts qui malheureusement ne lui permettront pas d’être plus qu’un simple portrait documentaire.

Propos rapportés face caméra, images d’archives, diffusion de clips, moments de la vie quotidienne et captation de répétitions, ainsi qu’un déplacement en France lors d’une représentation. Si le contenu est intéressant, la forme adoptée l’est bien moins vis-à-vis du sujet dont il est question. Avec une artiste aussi explosive et à l’origine du renouvellement d’une forme d’art tout aussi explosive et électrique, il aurait fallût à Raymond St-Jean, dépasser les frontières du simple portrait. Avoir cette même fougue dans la forme adoptée avec un rythme inculqué par le montage et ne pas se « contenter » d’enchaîner de manière didactique les différents contenus dont il est en possession. Le film fonctionne bien en tant que tel, mais ne surprend pas et se contente d’enchaîner les contenus afin qu’il soit doté d’une belle fluidité. C’est réussi de ce point de vue, mais difficile de se contenter d’aussi peu lorsqu’on a un tel sujet, un tel matériau de base. Si Louise Lecavalier passionne, entraîne et communique avec entrain une énergie incroyable, le film déçoit par la forme adoptée, bien trop classique et simpliste vis-à-vis du sujet. À la sortie de la projection, on avait qu’une envie : récupérer les rushs et remonter le film afin de s’y frotter ! « Louise Lecavalier – sur son cheval de feu » demeure cependant un documentaire de bonne facture qui va permettre à cette artiste d’être connue et reconnue par ceux qui sont extérieurs à cet art qu’est la danse contemporaine. Un beau portrait, mais qui aurait demandé d’être plus.

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