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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Libre et Assoupi [Critique]

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« Sébastien n’a qu’une ambition dans la vie : ne rien faire. Son horizon, c’est son canapé. Sa vie il ne veut pas la vivre mais la contempler. Mais aujourd’hui, si tu ne fais rien… Tu n’es rien. Alors poussé par ses deux colocs, qui enchaînent stages et petits boulots, la décidée Anna et le pas tout à fait décidé Bruno, Sébastien va devoir faire … Un peu. »

Alors que sort au cinéma Libre et Assoupi, il y a une tout autre comédie qui fait un carton en salles et qui se nomme Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu. Vous pouvez retrouver la critique de celui-ci sur le blog et vous découvrirez en détail pourquoi ce film ne m’a pas plu. Faire une comédie c’est bien, mais faire une comédie qui ne divise pas c’est dur. Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu, Babysitting, Barbecue…toutes les comédies actuellement en salles divisent et ce n’est pas à cause de leurs défauts respectifs, aussi immenses soient-ils, non, c’est à cause d’une chose qui se nomme : le goût. Comme on dit, « il faut de tout pour faire un monde » ou même « les goûts et les couleurs, ça ne se dispute pas ». Libre et Assoupi est également une comédie qui divise et qui va diviser. Pouvant parler à un public très vaste, tout en ciblant avant tout les jeunes qui entrent dans la vie active (20 à 30 ans), pour aimer Libre et Assoupi, il faut avant tout aimer ses acteurs.

Naturel et d’une nonchalance provoquant le rire, Baptiste Lecaplain arrivera à vous faire rire même avec des blagues dont lui même ne serait pas fier. Contrairement à son avocat qui est omniprésent dans le film, mais ne dit rien, Sébastien parle et partage ses passions. On sent une aisance dans la voix et c’est avec justesse qui va vous parler de ses passions pour son lit et la masturbation. Des passions peu communes me direz-vous, mais qui nous permettent de jubiler lors d’un monologue extrêmement drôle qui permet de donner le ton dès la scène d’ouverture du film. Là où Sébastien vit une vie libre et assoupie, Bruno ne peut rester à ne rien faire et cherche des petits boulots via une agence intérim afin de vivre la vie qu’il souhaite avoir, ce qui entache sa liberté, mais lui permet tout de même de vivre une vie dont il n’a pas honte. Différent dans leur façon de voir leur vie respective, Bruno et Sébastien se complètent en humour et en amour. Anna, représente le symbole de l’amour au cœur de deux mâles dont l’un est éperdument amoureux, mais se fait sans cesse rejeté et l’autre ne tente rien, parce qu’il n’aime pas l’idée de se lancer, préférant tout faire pour ne pas avoir a le faire. Trois personnages complètement différents, mais qui s’entendent bien et qui se complètent pour le bien du film et des émotions qu’il nous partage. Comédie fraîche et naturelle, Libre et Assoupi se sert de la réalité pour nous offrir un véritable divertissement comique et touchant. Il ne retranscrit pas notre réalité, mais nous propose un monde utopique dans lequel les personnages peuvent s’exprimer et donner libre court à leurs imaginations.

Monde utopique où les couleurs sont claires et joyeuses, où il ne pleut jamais et dans lequel on peut se promener en slip dans un musée, ce monde n’est pas le nôtre, mais celui du film. Ne pouvant pas rester dans ce monde utopique et idyllique pour son personnage principal, le film laisse petit à petit s’échapper le détournement de notre société pour venir s’inscrire dans notre réalité. Plus réaliste et moins utopique – mais l’utopie reste malgré tout présente jusqu’au bout – cette seconde partie devient plus moralisatrice sans pour autant prendre de haut le spectateur. L’intelligence du scénario est de ne pas juger, seulement de confronter. Divertissement comique et tendre jusqu’au bout, ce n’est pas parce que cette seconde partie est centrée autour d’une prise de conscience qu’elle perd son sens de l’humour. Intelligent et astucieux, le scénario de ce film réussit avec humour à détourner le problème de la recherche d’emploi au sein des jeunes pour en faire une comédie, tout en utilisant les codes du genre afin d’apporter de la tendresse et de l’émotion. Ne disposant d’aucun talent en terme de scénariste (on va pas se mentir hein), Benjamin Guedj se dévoile avec ce film et nous prouve qu’il possède bel et bien sa place au sein du cinéma français. C’est avec une très belle mise en scène et une réalisation audacieuse, qu’il réussit à exploiter au mieux les décors – notamment, un plan séquence dans l’appartement qui est très beau et très drôle – et les acteurs, qu’il filme avec justesse. Entre regards caméra astucieux et monologues qui ne sont pas coupés par des plans inutiles, Benjamin Guedj nous surprend et nous fait plaisir. Libre et Assoupi est un très bon divertissement, une comédie tendre et drôle portée par un excellent trio. Image d’un monde utopique auquel on confronte notre monde en sortant de la salle, tout en se disant qu’on aimerait vivre comme Sébastien, mais que l’on doit trouver et avoir un travail afin de vivre tout simplement.

3.5

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