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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Les Proies (The Beguiled) réalisé par Sofia Coppola [Critique | Cannes 2017]

Synopsis : « En pleine guerre de Sécession, dans le Sud profond, les pensionnaires d’un internat de jeunes filles recueillent un soldat blessé du camp adverse. Alors qu’elles lui offrent refuge et pansent ses plaies, l’atmosphère se charge de tensions sexuelles et de dangereuses rivalités éclatent. Jusqu’à ce que des événements inattendus ne fassent voler en éclats interdits et tabous. »


Du 17 au 27 mai 2017, nous sommes au 70e Festival de Cannes. Entre coups de cœur et coups de gueule, émerveillements et maux de tête, retrouvez nos avis sur les films vus durant ce festival pas comme les autres. Des avis courts, mais pas trop et écrits à chaud, afin de vous offrir un premier avis sur les films qui feront, ou non, prochainement l’actualité.

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Adaptation du roman The Beguiled écrit par Thomas P. Cullinan et déjà adapté au cinéma par le passé, c’est cette fois Sofia Coppola qui s’attelle à mettre une nouvelle fois en image le roman. Pour son sixième long métrage en tant que réalisatrice, Sofia Coppola plonge le spectateur en pleine guerre de Sécession. La guerre fait rage, les bombardements se font entendre au loin, mais nous sommes enfermés. Enfermés dans un pensionnat de jeunes filles, situé en pleine nature dans ce qui semble être une immense forêt dont les branchages des arbres empêche toute lumière de passer. Avec le film The Beguiled, traduit en Les Proies pour sa sortie française, Sofia Coppola conte l’histoire d’un caporal blessé qui va être recueilli par les jeunes femmes vivant au sein de ce pensionnat. Va s’en suivre un jeu de faux-semblant, un jeu de piste et de séduction entre l’homme et les jeunes femmes. Qui sont réellement les proies et n’y aurait-il pas finalement qu’une seule proie ? Adapter est une lourde tâche, adapter une nouvelle en est une encore plus grande. Du haut de ses 416 pages, le roman originel avait la force du papier pour s’étendre en détails sur les mimiques et attitudes des différents personnages. Tel un jeu de piste, le spectateur se demande qui va endosser le rôle de la proie et celui du chasseur. Les jeunes femmes, toutes différentes dans leurs façons respectives de se conduire vis à vis du caporal ont cependant un objectif commun : le séduire. C’est ce jeu de séduction réciproque et qui va dans les deux sens qui va habiter le film et autour duquel va se bâtir le récit. Un récit prévisible, trop… beaucoup trop prévisible, sans surprises ou audaces.

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Sofia Coppola, également scénariste du film, se contente de raconter cette histoire de la manière la plus simple et solennelle possible. Ce qui l’intéresse c’est ce jeu de séduction, point d’orgue du film. Une véritable plus-value qui en plus d’être le fil conducteur de l’histoire, va permettre à cette œuvre cinématographique de changer de registre. Alors qu’il aurait pu tendre à être un drame historique, Les Proies s’avère être avant tout une comédie singulière au contexte historique. Ce jeu de séduction et de faux semblant va conduire les jeunes femmes à se dévergonder et à rendre certaines situations plus drôles et souriants qu’elles n’auraient pu l’être. Les Proies est un film étonnamment et volontairement drôle. Sentiment et ressentis dû à une direction d’actrices et une réalisation qui s’attarde sur les réactions et chacune des réactions lorsque les personnages sont plusieurs à l’écran. Sofia Coppola lorgne sur l’aspect comique des situations et met en scène une vire comédie. Une première, de la même manière qu’il s’agisse son premier film historique. Cependant, au-delà de son aspect comique assumé et de qualité qui vient enrichir l’histoire, cette dernière nous laisse sur notre faim. Sofia Coppola manque d’audace, de fougue et se repose beaucoup trop sur le jeu de séduction et la caractérisation de ses personnages au d’étirement du reste. Un reste qui n’est donc pas et qui manque cruellement pour donner du corps et de l’intérêt à une œuvre qui n’a pas de sous texte.

Sans relief scénaristique, c’est son aspect formel, sa plastique, qui sauve le film en lui offrant ce relief. Sofia Coppola pense son film comme un huis clos. Contre plongées, arbres et branchages qui empêchent la lumière naturelle d’illuminer pleinement les personnages, rideaux imposant qui même fermes cachent une grande partie des fenêtres toujours fermées… Sofia Coppola construit sa mise en scène et sa réalisation afin d’enrichir son histoire, aussi simpliste soit-elle. Ce qui fait de Les Proies une œuvre cohérente et plastiquement superbes. Les bruitages, décors et costumes permettent d’immerger avec aisance le spectateur au sein du pensionnat, a l’instar du travail sur la lumière, absolument somptueux. Le chef opérateur Philipe Le Sourd signe une photographie naturaliste magnifique (un jeu sur les ombres qui nous rappel un certain Vittorio Storaro) où chaque source de lumière est pensé afin de rendre chaque plan sublime et inculquer au film une ambiance oppressante. Un contrepoint intéressant et qui renforce l’aspect comique assumé et revendiqué du film.

Les Proies est un Sofia Coppola mineur, mais pas inintéressant pour autant. Divertissant, car entrainant grâce une narration fluide, les faiblesses scénaristique du film sont compensées par un travail plastique de grande qualité. Les actrices, toutes plus convaincantes les unes que les autres, ne réalisent pas l’interprétation de leur carrière, mais ne peinent à donner du cachet et d’un corps à leurs personnages. Beau, drôle et maitrisé, mais qui laisse sur sa faim : tout ça pour ça ?

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