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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Les Grands Esprits réalisé par Olivier Ayache-Vidal [Sortie de Séance Cinéma]

Synopsis : « François Foucault, la quarantaine est professeur agrégé de lettres au lycée Henri IV, à Paris. Une suite d’évènements le force à accepter une mutation d’un an dans un collège de banlieue classé REP +. Il redoute le pire. A juste titre. »


Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position « je m’installe comme à la maison » ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…

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Lire notre Entrevue avec le réalisateur du film : Olivier Ayache-Vidal

Déjà en 1996, l’on parlait et utilisait du métier de professeur, des écoles comme d’université, dans le monde du cinéma. Le plus beau métier du monde (Gérard Lauzier, 1996), puis bien évidemment Entre les Murs (Laurent Cantet, 2008) pour ne citer qu’eux, pour ne citer certainement, que les plus connus. S’intéressé au monde du professorat et utiliser comme personnage principal un professeur des écoles est un excellent moyen afin d’amener son oeuvre cinématographique vers une morale, ou plutôt, une réflexion, sensée et universelle. Au-delà du simple fait de réaliser un film centré, ou, qui use du monde de l’éducation, il subsiste plusieurs manières de faire. Certains tendent vers un cinéma plus populaire, ayant la vocation et la possibilité de toucher un large public (cf: exemple n°1). Alors que d’autres, tendent vers un cinéma plus « auteuriste », plus scolaire également, car souvent mieux référencé et proche de la réalité (cf: exemple n°2). On en vient de la plus belle des manières au fait de catégoriser les œuvres cinématographiques ou plutôt les productions françaises. D’un côté le cinéma « auteuriste », ou autrement dit indépendant, et de l’autre, le cinéma populaire, qui va souvent tomber dans la facilité par l’usage abondant de clichés. Il est facile de catégoriser, facile de critiquer les œuvres pouvant être classées dans l’une ou l’autre des catégories, mais il existe néanmoins des films qui ont pour vocation de n’appartenir à aucune de ces mêmes catégories. Des œuvres plus personnelles, et de ce fait, plus intéressantes qu’elles ne le laisseraient paraître.

Paru le 13 septembre 2017 en France, puis le 03 novembre de la même année au Canada (où nous avons pu voir le film), Les Grands Esprits fait partie de ces films inclassables qui ne sont ni « auteuristes » dans le sens le plus large du terme, ni populaires. Les Grands Esprits est un beau mélange des deux, un film derrière lequel se trouve un auteur (ou plusieurs suivant la manière dont on voit les choses) qui n’a aucune prétention, mais simplement une volonté. Celle de faire son film, un film tel qu’il l’a pensé et tel qu’il a envie de le bâtir de toutes pièces. Derrière son aspect « déjà vu », forcément présent puisque le film va user de clichés nécessaires, car pleinement ancrés dans notre réalité, ainsi que d’une structure narrative et de rebondissements prévisibles à souhait, Les Grands Esprits cache un Feel Good Movie des plus agréables. Un film dont on sort de la projection avec le sourire même si, l’on sait que ce dernier ne nous marquera pas ou ne révolutionnera pas le cinéma. Là n’est pas sa volonté et le spectateur le ressent, grâce à un naturalisme intelligemment utilisé, tant dans sa technique, que dans l’écriture de son scénario.

Les Grands Esprits n’est pas hautain et cherche d’avantage à faire vivre ses personnages, qu’à montrer de belles images et à iconiser ses personnages. Le fond prône sur la forme, sans pour autant faire des plans moches et user d’un découpage ou d’une réalisation anarchique dans sa globalité. Bien au contraire, le film Les Grands Esprits est agréable à l’œil. Ne vous émerveillera pas, ni, ne vous brûlera la rétine. On retiendra l’utilisation du zoom afin de mettre en évidence certains éléments, de suivre certains personnages et certaines discussions. Un procédé qui fait grossir l’aspect didactique du film, mais en parfaite cohérence avec la volonté première de l’œuvre, à savoir : raconter une belle histoire. Une histoire prévisible et sans surprises, une nouvelle fois, mais néanmoins bien écrite. Quelques clichés et amorces de situations qui manquent de finesse, mais aucune grandiloquence et un naturel global dans l’écriture des dialogues et la caractérisation des personnages qui tendent à faire grossir l’attachement émotionnel du spectateur envers ces derniers. Les dialogues sont riches, bien écrits et usent avec justesse des différents registres de la langue française. Travailler ses dialogues, enrichir son scénario, les relations entre personnages et faire comprendre aux spectateurs comment s’instaure un respect mutuel entre les personnages par l’utilisation et le mélange de plusieurs registres de langue (familier et soutenu pour prendre les deux extrêmes NDLR).

À ce niveau, le scénario s’avère être vraiment bien écrit et permet quelque peu de faire oublier cet aspect « déjà vu » que le spectateur pouvait avoir durant les premières minutes du film. De plus, une harmonie naturelle se fait dans le mélange des genres. Aussi drôle que sérieux, un film à l’image de la vie qui n’est pas binaire, mais bien un mélange de situations et de réactions, aussi drôles que tristes sans jamais sombrer dans l’hilarité générale ou le tire-larme. C’est juste, justement bien écrit et joliment interprété notamment par un Denis Podalydès qui, ne nous voilons pas la face, ne nous a que très rarement déçu. Les adolescents, ont également leur mot à dire, et même s’ils ne sont pas (encore) de véritables comédiens, ils tiennent la dragée haute et arrivent à convaincre. Chapeau bas.

Pour plus d’informations, on vous redirige vers notre entrevue réalisée avec le réalisateur du film, Olivier Ayache-Vidal.

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