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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Le Vent de la Liberté souffle sur l’ancienne RDA


Synopsis : « 1979. En pleine guerre froide, deux familles ordinaires d’Allemagne de l’Est rêvent de passer à l’Ouest. Leur plan : construire une montgolfière et survoler la frontière. 
Une histoire incroyable. Une histoire vraie. »


Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position “je m’installe comme à la maison” ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…

Découvrir un remake au cinéma est toujours une expérience particulière. Notamment parce que le souvenir que l’on a d’un film peut remettre en mémoire beaucoup d’émotion : un moment, une période, une sensation et surtout beaucoup d’amour. Quand j’étais petit, j’ai découvert à la télé, sur une chaîne que l’on appelait Antenne 2 à l’époque (c’est dire si c’est vieux), La Nuit de l’évasion datant de 1982. Un film Disney diffusé à 17 heures pendant les vacances de Noël chez ma grand-mère. Ce film racontait comment deux familles décidaient de construire un ballon pour fuir l’Allemagne de l’Est pour l’Ouest. Ce film m’a rendu réel la Guerre froide. Ce film a permis à ma grand-mère de m’expliquer la fin de la Seconde Guerre Mondiale qu’elle avait vécu, la montée du communisme et bien entendu la victoire de Mitterrand en 1981 et la peur que le PC prenne le pouvoir. Elle a aussi mis en vigueur une abomination : la séparation d’un peuple en deux !

Avec la chronologie des médias balbutiantes, je pense que nous étions en 1983 quand j’ai découvert le film. Et en 1983, l’histoire du monde a pris une place particulière dans ma vie… forcément quand j’ai découvert la bande annonce du film Le Vent de la Liberté, des souvenirs sont remontés à la surface et c’est avec une petite appréhension que je suis allé découvrir le film en salle. Une petite appréhension parce que le souvenir de l’enfance est encore vivace. Et à l’époque j’avais vu le film en version française. Habitué des versions originales, je savais que des acteurs allemands allaient rendre toute la saveur au récit mais après… un souvenir d’enfance ne doit pas être abîmé. Disons-le d’emblée, si le choix de la photographie est trop basique, le film est une réussite en tout point. Bien que le dénouement soit connu, l’histoire porte suffisamment d’émotion, de tension et de suspense pour qu’on se demande quel sera le final pour ces deux familles.

Michael Bully Herbig porte cette adaptation depuis plus de 10 ans. L’histoire de cette nouvelle version est particulière car en proposant le sujet, deux autres scénaristes étaient à pied d’oeuvre : Kit Hopkins et Thilo Röscheisen. En discutant ensemble, les trois compères ont décidé de faire le film malgré une petite frayeur avec Disney qui possédait encore les droits… pour la petite histoire, c’est Roland Emmerich, le papa allemand d’Independence Day, qui débloquera la situation auprès de Disney pour que le film se fasse en Allemagne avec un casting allemand.

Et là est toute la différence d’avec la version des années 1980, sans jamais renier l’histoire originale, Michael Bully Herbig porte le regard qui manquait. Celui d’un Allemand qui a vécu la séparation entre les deux Allemagnes. Celui d’un homme qui a chevillé au corps cette histoire parce qu’il veut témoigner d’un passé encore vivace. C’est la force du Vent de la liberté : s’ancrer dans une Europe actuelle où les murs reviennent, où les tensions existent et surtout où les extrêmes de tout poil sont aux portes du pouvoir. Avec cette nouvelle version d’une histoire vraie (même si les deux familles Strelzyk et Wetzel ne s’adressent plus la parole aujourd’hui), le réalisateur allemand réussit à retranscrire une période de tension, de menace où tout le monde espionne tout le monde… une période où même les amis peuvent changer de camps par peur d’être enfermés par la Stasi.

Pour reproduire fidèlement cette période, Torsten Breuer utilise une photographie dans des tons bleutés ou très orangés rappelant les décors et papiers peints des années 1970-1980. Malheureusement ce choix ne sert pas le film puisque les costumes des acteurs principaux suffisent amplement à comprendre que nous sommes dans une autre époque. Un temps qui n’existe plus, un temps révolu… on l’espère. Aussi, le spectateur sera-t-il happé par la force et la conviction des personnages. Chaque acteur joue sa partition à la perfection. Chacun sait ce qu’il doit faire, comment doser les émotions pour que nous puissions espérer avec eux, croire avec eux, trembler avec eux et surtout vouloir s’enfuir avec eux. Ce sentiment d’urgence court durant tout le film : une sensation oppressante nécessaire pour que l’on puisse suivre une évasion parmi les plus folles de l’histoire de la séparation des deux Allemagnes. Une évasion dont le risque est la prison, la perte de la famille, la torture et surtout la mort dans les geôles de la Stasi.

Au final, Michael Bully Herbig réussit le pari de rendre actuel une histoire d’un autre temps bien que du siècle dernier pour proposer un message universel sur la liberté. Malgré quelques moments trop appuyés par les violons de la partition de Ralf Wengenmayr, le film se suit avec beaucoup d’attention et une sentiment d’angoisse permanent. Le vent de la liberté ne fait pas que souffler sur l’écran, il envahit également la salle de cinéma pour permettre à chaque spectateur de savourer cette liberté si chère aujourd’hui.


« Bien que le dénouement soit connu, l’histoire porte suffisamment d’émotion, de tension et de suspense pour qu’on se demande quel sera le final pour ces deux familles. »


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