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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Le Cas Richard Jewell, le retour du Héros ordinaire Eastwoodien

Synopsis : « En 1996, Richard Jewell fait partie de l’équipe chargée de la sécurité des Jeux d’Atlanta. Il est l’un des premiers à alerter de la présence d’une bombe et à sauver des vies. Mais il se retrouve bientôt suspecté… de terrorisme, passant du statut de héros à celui d’homme le plus détesté des Etats-Unis. Il fut innocenté trois mois plus tard par le FBI mais sa réputation ne fut jamais complètement rétablie, sa santé étant endommagée par l’expérience. »


Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position “je m’installe comme à la maison” ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…

Seulement un an après La Mule, somptueux testament crépusculaire où l’acteur livrait un magnifique adieu devant la caméra, le cinéaste Clint Eastwood, toujours aussi prolifique à 90 ans, revient à la figure du héros ordinaire avec Le Cas Richard Jewell, 38ème long-métrage d’une filmographie aussi cohérente que brillante. Clint Eastwood se penche sur le cas de Richard Jewell (Paul Walter Hauser), un américain ordinaire qui rêvait d’une grande carrière dans les forces de l’ordre, un système qu’il vénère religieusement. En 1996, lors des Jeux Olympiques d’Atlanta dont il fait partie de l’équipe de la sécurité, il lance l’alerte face à la présence d’une bombe, sauvant plusieurs vies d’un attentat meurtrier. Richard Jewell devient un héros aimé de tous avant de devenir le suspect n°1, accusé à tort par le FBI et les médias. Un héros ordinaire qui devient l’homme le plus détesté des Etats-Unis. 

Dans ce nouveau long-métrage, Richard Jewell rejoint le panthéon des héros ordinaire du cinéma de Clint Eastwood, dans la lignée du pilote Sully Sullenberger (Tom Hanks) dans Sully (2016), ou encore le sniper Chris Kyle (Bradley Cooper) dans American Sniper (2015). Des héros d’une grande sobriété, qui ne faisaient que leur job, à l’image de ce que répond Richard Jewell aux médias qui le qualifient de « Héros ». La figure du Héros ordinaire traverse la filmographie du cinéaste depuis des années, une question incessante qui obsède et hante le cinéma de Eastwood : « Qu’est-ce qu’un héros américain ? » Le Cas Richard Jewell donne à voir un héros ordinaire dont le nom finit par être trainé dans la boue, de la même manière que Sully donnait à voir un pilote adulé comme un héros pour avoir réussit l’exploit de faire atterrir un avion avec à son bord 155 passagers, avant que sa carrière et sa réputation ne soient menacées. Des héros malmenés par leur gouvernement et les médias. Le Cas Richard Jewell s’intéresse à l’image médiatique de son personnage, notamment dans une brillante reconstitution d’images d’archives médiatiques dont le film épouse le point de vue pour mieux le questionner et décortiquer l’image médiatique de son protagoniste. Comment les médias s’empare des images et du profil d’un héros pour en faire un « faux héros », un monstre, le suspect n°1, sans avoir de preuves et en se basant uniquement sur le jugement d’un profil et d’un passif ? 

Clint Eastwood livre une brillante analyse de l’image médiatique de son héros, avec la sobriété et l’élégance du classicisme propre à sa mise en scène, que le cinéaste maîtrise comme nul autre. Un classicisme propre à un cinéma américain dont Eastwood est l’un des derniers partisans, Le Cas Richard Jewell étant un long-métrage d’une grande maîtrise formelle. Une écriture passionnante dans les thématiques très actuelles qu’il aborde, un sens du rythme admirable qui en fait un thriller médiatique captivant, une scène d’attentat qui force l’admiration au niveau de sa mise en scène et de son montage, Clint Eastwood prouvant par un morceau de bravoure, dans chacun de ses longs-métrages, qu’il est encore un cinéaste de la tension et de la nervosité à 90 ans. 

Comme toujours chez Eastwood, la direction d’acteurs est exemplaire : Sam Rockwell excelle en avocat, Kathy Bates émeut en mère désemparée, Jon Hamm est impeccable de froideur, Olivia Wilde est délicieusement détestable, même si l’écriture force parfois le trait sur son profil de journaliste racoleuse de Fake news. La grande intelligence d’Eastwood est d’avoir donné à son Richard Jewell le visage d’un quasi inconnu. Paul Walter Hauser, un acteur habitué aux seconds rôles, est brillant dans la peau de Richard Jewell, incarnant parfaitement la naïveté d’un héros d’un jour qui court perpétuellement après la reconnaissance d’un système défaillant qu’il idolâtre aveuglément, avant de s’émanciper pour devenir ce héros discret et ordinaire qui fascine le regard de son cinéaste. 

Il manque peut-être à ce nouveau long-métrage une touche intimiste qui faisait de La Mule un grand Eastwood testamentaire à la beauté crépusculaire. Mais Le Cas Richard Jewell n’en reste pas moins une brillante leçon de cinéma, parfaitement cohérent avec la dense filmographie de son cinéaste. 

« Après son somptueux testament La Mule, Clint Eastwood revient à la figure du Héros ordinaire avec sobriété et élégance, signant avec Le Cas Richard Jewell une brillante leçon de cinéma sur l’image médiatique de son Héros. Du très bon Eastwood. » 

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