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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

L’Art du Mensonge, sage partie d’échecs entre deux retraités

Synopsis : « Escroc professionnel, Roy Courtnay a déjà en vue sa prochaine cible : Betty McLeish, récemment devenue veuve, dont la fortune s’élève à des millions de dollars. Dès la première rencontre entre Roy et Betty, l’arnaqueur commence par faire son numéro bien rodé de manipulateur et la veuve, visiblement séduite, semble facile à duper. Mais cette fois, ce qui avait l’air d’une simple arnaque prend l’allure d’un jeu du chat et de la souris aux enjeux de grande ampleur. Tandis que Roy et Betty découvrent des supercheries bien plus insidieuses, les voilà qui plongent dans un monde de dangers, de complots et de trahisons … » 


Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position “je m’installe comme à la maison” ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…

Quoi de mieux que de débuter cette nouvelle décennie avec un jeu du chat et de la souris entre deux monstres sacrés du cinéma britannique. Réalisé par Bill Condon, réalisateur de commandes tels que le chapitre 4 en deux parties de la saga Twilight, Mr. Holmes ou encore le remake live Disney de La Belle et la Bête. L’Art du Mensonge (The Good Liar en VO) suit un jeu de manipulation entre Roy Courtnay (Ian McKellen), un escroc professionnel, et Betty McLeish (Helen Mirren), une veuve fortunée qui devient la nouvelle victime de l’arnaque du grand escroc. 

Un pitch alléchant, deux têtes d’affiches so british au possible, L’Art du Mensonge avait tout sur le papier pour être un thriller pervers avec un humour noir grinçant. Malheureusement, ce face-à-face entre ces deux stars ressemble plus à une partie d’échecs entre deux retraités plutôt qu’à un jeu de perversité. L’Art du Mensonge souffre par moment d’un rythme assez inégal, une lenteur qui laisse présager des rebondissements après une longue mise en place. On suit l’évolution de cette relation entre deux personnages, leurs habitudes, leur capacité à mentir l’un à l’autre, beaucoup plus du point de vue de l’escroc que de la victime qui n’en est peut-être pas une car on le comprend assez rapidement : chacun joue avec l’autre. Le twist inversant les rôles du chat et de la souris est donc assez prévisible, tant le plan de l’arnaqueur semble parfaitement rodé. 

À la réalisation, on retrouve un Bill Condon très sage pour ne pas dire fainéant, filmant ce thriller avec son classicisme habituel pour ne pas dire impersonnel. Le réalisateur laisse avant tout la place à ses deux acteurs qu’il n’a pas besoin de diriger, tant le plaisir d’un jeu autonome entre les deux comédiens se fait ressentir dans chaque dialogue. Si L’Art du Mensonge parvient à être divertissant comme un bon thriller BBC du dimanche soir, c’est grâce à ces deux têtes d’affiches impeccables. Elles s’en donnent à cœur joie dans ce jeu de manipulation que l’on aurait aimé plus pervers et grinçant.

En fond se dessine une histoire liée à la Seconde Guerre mondiale découverte au fur et à mesure par Russell Tovey qui joue le petit-fils d’Helen Mirren. Il apporte la caution historique de l’histoire pour mieux comprendre ce qui peut se tramer entre ces deux gloires du cinéma britannique. Malheureusement, au fil de l’histoire, le sentiment d’une manipulation qui va s’inverser s’immisce de plus en plus dans l’esprit du spectateur… un sentiment fort au point d’apprécier le spectacle mais de ne pas avoir envie de jouer le détective pour découvrir les réelles motivations des deux interprètes malgré l’arrière-plan historique.

Si certains dialogues dégagent une petite note d’humour noir grinçant qui fait plaisir à voir, l’ensemble de cette grande arnaque reste bien sage et conventionnel. Il faut attendre le twist de la dernière demi-heure du long-métrage pour qu’éclate réellement la potentielle méchanceté perverse de cette manipulation entre les deux acteurs. Mais malheureusement, les 1h30 précédentes du long-métrage ont déjà eu raison du spectateur qui n’y verra qu’un jeu de dupes certes pas déplaisant mais inoffensif au possible. Difficile de ne pas ressentir un sentiment de rendez-vous manqué avec ce petit thriller du dimanche soir. 


« L’Art du Mensonge aurait pu être un thriller de manipulation plus retorse et grinçant, seulement Bill Condon n’est pas parvenu à insuffler du souffle et du rythme à cette partie d’échecs divertissante mais trop sage. »


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