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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Lady Bird réalisé par Greta Gerwig [Sortie de Séance Cinéma]

Synopsis : « L’élève de terminale Christine McPherson, également connue sous le surnom qu’elle a choisi pour elle-même, Lady Bird, veut désespérément quitter la Californie. Elle ne peut pas attendre pour se déplacer vers la côte Est, où elle rêve de la vie de la grande ville et les grandes universités.

Cependant, parce que ses notes n’ont rien de spectaculaire et qu’elle n’a aucun lien, Lady Bird décide qu’elle doit ajouter des activités parascolaires pour faire ressortir ses applications universitaires.

Elle envisage de rejoindre Math Olympiad, mais ses notes en mathématiques sont terribles, alors elle rejoint le club de théâtre. Pendant ce temps, sa mère, qui ne comprend pas les aspirations de Lady Bird et son désir de déménager loin, a les mains pleines pour soutenir la famille en travaillant deux fois en tant qu’infirmière. Elle a du mal à comprendre sa fille égocentrique, qui croit qu’elle mérite tout dans la vie et que tout le monde devrait l’aimer telle qu’elle est. »


Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position « je m’installe comme à la maison » ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…

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Vous l’avez forcément déjà vu au cinéma. Que ce soit dans des films écrits ou réalisés par Joe Swanberg, dont elle en a co-écrit et co-réalisé un (Night and Weekends, 2008), ou dans des films signés par le cinéaste américain Noah Baumbach, Greta Gerwig compte a ce jour une quarantaine de rôles à son actif en l’espace de onze années de carrière. Du haut de ses trente-cinq ans, l’actrice américaine n’a pas chômé et a su rapidement se faire un nom au sein de l’industrie. Si l’on pourrait dire qu’elle se cantonne uniquement aux mêmes types de rôles, on pourrait par l’inverse voir le verre à moitié plein et analyser chacune des interprétations qu’elle a pu donner à ce jour. Une façon de voir les choses qui permettraient de voir à quel point son jeu a évolué et gagné en maturité, en confiance en soi, à l’image des rôles qu’elle a pu accepter. Alors qu’on a pu la voir en début d’année dans les films comme Jackie et 20th Century Women, c’est cette fois en tant que cinéaste et non plus actrice, que l’on retrouve Greta Gerwig. Une première réalisation en solo, un premier long-métrage qu’elle écrit et réalise, un premier long-métrage à son image.

Spécialisée dans le registre de la comédie dramatique – voire de ce que l’on pourrait nommer : le drame naturaliste – car cherchant à traiter de thèmes difficiles, mais avec légèreté et un brin d’humour, tel qu’on le ferait naturellement afin de ne pas sombrer dans une morosité morbide, Greta Gerwig c’est fondé un personnage fictif peut-être à l’image de la femme qu’elle est. Jeune femme indépendante, qui a décidé de vivre sa jeunesse en marge de la société, jusqu’à ce que cette dernière ne la rattrape et qu’elle doive entrer, plus ou moins, sur le chemin de la vie d’adultes, fondé par les charges et responsabilités. Un personnage fictif qui a évolué en même temps que l’actrice, qui elle-même a gagnée en âge, mais également en maturité et donc en naturel, dans son jeu. Lady Bird s’affiche comme la conclusion d’une période de la vie de Greta Gerwig et de ce personnage. Un retour en arrière, une mise en perspective de cette jeunesse insolente jusqu’à la découverte d’une nouvelle vie, d’une nouvelle ville. Tout un pan de vie résumé en une histoire, qui tient sur une année, elle-même résumée en une heure et trente minutes de film.

C’est un synopsis simple, le film écope très amplement de l’aspect déjà vu, mais paradoxalement ambitieux. Ambitieux puisqu’il faut à la scénariste, réussir à créer, et développer des personnages qui ont chacun une identité propre, ainsi qu’un intérêt, qui vont tous deux permettre au film de sortir du carcan et se hisser au dessus d’un lot déjà bien fourni. Ce que Greta Gerwig fait, non sans mal, grâce à un élément, et non des moindres : l’orgueil. Lady Bird est une jeune femme orgueilleuse, quelque peu possessive et égocentrique. Une caractérisation à l’image de beaucoup de teen-movie, dont le (ou la) protagoniste va devoir se remettre en question pour que le film aboutisse sur un happy end moralisateur. Si le scénario repose sur une structure classique avec son lot de rebondissements prévisibles, c’est bel et bien le caractère de ce personnage ainsi que celui de sa mère, qui vont permettre au film d’intéresser. Greta Gerwig ne cherche pas à créer une forme de complaisance ou à aboutir sur un happy end formaté. Le film Lady Bird possède une forme de jusqu’au-boutisme pas déplaisante ou fortuite, qui procure au spectateur une sensation douce-amère une fois la projection finie. Donner du caractère, un caractère fort et trempé au personnage, pour au final le mettre face à ce qu’il a provoqué. Des choix, et actions, qui ne seront que positifs puisque permettant d’apprendre et d’avancer, mais qui tendent à passer par des phases aux douleurs insoupçonnées.

Une douleur que le spectateur, à l’image du personnage, ne va ressentir ni sur la durée, ni dans l’immédiateté, mais dans la finalité de l’œuvre. Un ressentiment permis grâce à des personnages correctement caractérisés, à des relations (notamment familiales) bien construites et à une certaine sobriété tant dans la mise en scène que la technique globale. On notera l’insolence  drôle et jubilatoire de la scénariste qui va user de la religion afin d’amplifier le sentiment d’oppression subie par le personnage, tout en s’en servant afin de faire rire et sourire. Faire quelques contrepoints et pied de nez à certaines règles du catholicisme pour faire rire, tout en veillant à ne pas généraliser et à s’en servir comme lien mémoriel fort pour le personnage. Un long-métrage terre à terre dans son écriture et dans sa technique qui ne cherche pas l’extravagance ou l’aspect sacrés de « l’Œuvre Cinématographique », mais bien à coller avec une certaine réalité. Plus que dans la majorité des œuvres du même calibre, produites aux États-Unis, comme ailleurs dans le monde. Une cohérence globale qui procure à ce Lady Bird une identité qui lui est propre (celle de sa protagoniste NDLR) très proche des drames naturalistes dont Greta Gerwig s’est fait une spécialité. La cinéaste se trouve une muse en la personne de Saoirse Ronan, qui tient ici un de ses plus beaux rôles, son double fictionnel qui vient ici achever le pan de carrière d’une actrice qui devient cinéaste.

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