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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

La La Land réalisé par Damien Chazelle [Sortie de Séance Cinéma]

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Synopsis : « Au cœur de Los Angeles, une actrice en devenir prénommée Mia sert des cafés entre deux auditions.
De son côté, Sebastian, passionné de jazz, joue du piano dans des clubs miteux pour assurer sa subsistance.
Tous deux sont bien loin de la vie rêvée à laquelle ils aspirent…
Le destin va réunir ces doux rêveurs, mais leur coup de foudre résistera-t-il aux tentations, aux déceptions, et à la vie trépidante d’Hollywood ? « 


Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position « je m’installe comme à la maison » ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…

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La La Land est un chef-d’œuvre. Pur, simple, honnête. Autant le dire immédiatement, le film est, à mon sens, un des plus grands que j’ai vu de ces dernières années. Il est d’une intelligence rare, d’une perfection technique étourdissante, un concentré de bonheur amer. L’immense défi de toute comédie musicale, à mon sens, est d’arriver à justifier l’usage de chansons permettant à la fois de divertir et de faire avancer le récit tout en développant une histoire prenante en dehors de toute considération musicale. Et c’est à ce niveau-là que La La land m’a premièrement impressionné : il remplit tous ces critères, en enchaînant scènes musicales avec scènes dialoguées (le film est d’ailleurs un ping-pong narratif assez habile, grâce à ses acteurs) sans que l’on ait l’impression qu’une scène soit en dessous de l’autre, que l’on ne voit plus le même film, ou que le film n’ait pas avancé. Cette aisance dans les transitions vient évidemment du montage d’une fluidité et d’une logique exemplaire (la scène du concert), et de la réalisation de Damien Chazelle. La grande qualité de sa mise en scène est qu’elle refuse le tape-à-l’œil. Ses plans-séquences sont discrets (et pourtant extrêmement présents), ses mouvements de caméra jamais excessifs ou surabondants, et ses plans, fixes, quand ils n’ont pas besoin d’être mobiles. Damien Chazelle est un génie de la réalisation, et c’est pour ça que son film est en même temps un travail d’orfèvre, et paraît pourtant si simple. Pourquoi ? Parce qu’à chaque note de la musique, qu’elle soit extra ou intradiégétique, l’image s’accorde. Parce que les raccords sont pensés, le découpage et les axes étudiés, ce qui permet la fluidité du montage. Parce que si un plan doit durer, il dure. S’il doit bouger, il bouge. Les plans sont coupés là où il le faut, ils sont cadrés comme il le faut, ils sont rythmés comme il le faut. Le réalisateur utilise toutes ses armes, toutes les valeurs de plans, parfois au sein du même dans le cas de ses plans-séquences surhumains, en permettant à ses acteurs d’évoluer dans la largeur du cadre, ou dans la profondeur de champ, donnant une lisibilité parfaite à ses images. Le choix du scope technicolor rajoute à cela, le format permet de saisir les détails des chorégraphies et de faire exploser les couleurs, et de créer un ping-pong visuel entre chaque séquence, parfois presque littérale, comme dans cette scène où les travellings gauche-droite/droite-gauche s’enchaînent.

Cadrage, Direction Artistique, Mise en Scène... ça se passe de commentaires.

Cadrage, Direction Artistique, Mise en Scène… ça se passe de commentaires.

Mais tous ses choix ne sont pas uniquement destinés à rendre le film visuellement parfait, ils incarnent le propos du film. Si le cinéma et la musique sont si entremêlés chez Chazelle, c’est également le cas pour ses personnages, l’un mélomane pianiste, l’autre apprentie actrice (belle ironie quand l’on voit à quel point Emma Stone est arrivée à maturité de son jeu). Si la forme est ainsi, c’est parce qu’elle répond au fond du film, avec ces deux personnages qui s’aiment et qui vont ainsi unir la musique (lui) et le cinéma (elle), dans des décors de film, dans des clubs de jazz, des salles de concert, des salles de cinéma. Et si le film est galvanisant, romantique, magnifique, il n’oublie pas sa part de noirceur, distillée au fur et à mesure, et se révélant pleinement dans le final du film, pur morceau de cinéma, exceptionnelles 15 dernières minutes qui envoient le film dans une autre dimension. Le bonheur devient amer, et le spectateur, comme les artistes à l’écran sont tous amenés à s’interroger sur le rapport à l’art, au bonheur et à ce que l’on considère personnellement comme la réussite de (et dans) la vie.

La La Land raconte en substance la même chose que Whiplash, mais là où Chazelle emballait son propos avec de la violence, il l’emballe ici avec de l’amour. Amour de ses personnages l’un pour l’autre, pour leur art, son amour à lui pour les films qu’il cite sans plagier et sans vulgarité, et son amour pour le Cinéma, avec un grand « C ». Celui qu’il a aimé, celui qu’il aime, celui qu’il est en train de construire.

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