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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

La Dernière Vie de Simon, la magie des productions Amblin réincarnée

Synopsis : « Simon a 8 ans, il est orphelin. Son rêve est de trouver une famille prête à l’accueillir. Mais Simon n’est pas un enfant comme les autres, il a un pouvoir secret : il est capable de prendre l’apparence de chaque personne qu’il a déjà touchée… Et vous, qui seriez-vous si vous pouviez vous transformer ? »

Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position “je m’installe comme à la maison” ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…

On aime, on encense avec plaisir le premier passage au long-métrage pour un ou une jeune cinéaste en devenir. Le premier long-métrage est une étape difficile. Rien à voir avec un premier court-métrage, les deux formats étant fondamentalement différents, notamment en termes de développement narratif. Si l’un se doit d’aller à l’essentiel et de marquer avec immédiateté sans pour autant délaisser ses personnages ou son concept, l’autre se doit de tenir son concept sur la durée sans laisser paraître qu’il a été étiré pour dépasser une certaine durée.

Néanmoins, au-delà du format, réaliser un long-métrage de fiction ressemble à s’y méprendre au rêve de ce gamin qui a grandi en découvrant sur grand écran ou dans le salon de ses parents des œuvres qui le faisait voyager. Des œuvres qui cherchaient avant tout l’émerveillement. Non pas le grand spectacle, non pas le grand frisson, mais l’émerveillement. Cette nuance poétique, cette envie de raconter l’histoire d’un jeune garçon ou d’une jeune fille auquel ou à laquelle il arrive quelque chose de fantastique.

Mélanger fantasme et éléments qui font parties intégrantes de la réalité du spectateur. Le fantasme, représentation du beau et de l’envie profonde. La réalité, représentation du drame intime et des questions auxquelles se heurtent chacun d’entre nous. Ce genre de films qui, des dizaines d’années après leurs sorties, pérennisent et sont brandis comme étendard par de jeunes cinéastes qui rêvent cinéma. On parle évidemment des productions Amblin Entertainement, de ces productions qui ne se contentaient pas de raconter de belles histoires, mais se servaient du fantasque et d’un imaginaire débordant afin de traiter de sujets douloureux et sensibles.

Parler du passage de l’enfance à l’adolescence, étudier une prise de conscience chez un personnage encore aux proies avec les tourments de l’enfance, parler de la crise de l’adolescence ou encore parler de la perte d’un être cher par le point de vue d’un enfant ou d’un jeune adolescent. Tel est l’héritage Amblin Entertainement (mais pas uniquement), tel est l’héritage de nombreux films produits entre 1980 et 1995 qui ont marqué toute une génération. De Contact à E.T. l’extra-terrestre, en passant par Les GooniesHook et sans oublier des films comme Babe, le cochon devenu berger ou encore Casper. Deux œuvres qui sous leurs airs de films pour enfants abordent sans détours et avec une exemplarité -une sobriété même- incroyable, des sujets comme la prise de conscience, la perte et la mort. Réussir à parler d’un sujet difficile sans pour autant avoir pour ambition première de faire pleurer le spectateur. Croire en son film, aimer ses personnages et mettre du cœur à l’ouvrage afin d’inculquer à l’œuvre une sensibilité et une sincérité qu’elle transmettra aux spectateurs de par elle-même. Là réside l’un des secrets des films qui ont bercé notre enfance, là réside le secret du premier long-métrage co-écrit et réalisé par Léo KarmannLa Dernière Vie de Simon.

Plusieurs longues années de développement afin d’aboutir à l’achèvement d’une œuvre. Plusieurs versions d’une seule et même histoire dans le but de rendre celle-ci aussi belle que réalisable. Puisque oui, sous ses traits de petit film indépendant français, La Dernière Vie de Simon est une œuvre à part. Une œuvre dans la veine des productions Amblin Entertainement, qui à l’image de ces dernières, use avec astuce d’un concept fantastique afin de conter une histoire qui se veut avant tout, romantique et dramatique. Si le film a recours à quelques effets spéciaux afin de montrer aux spectateurs de quoi est capable cet enfant pas ordinaire, le découpage est suffisamment bien pensé pour ne pas avoir à abuser de ces mêmes scènes.

Des scènes fondamentalement aussi coûteuses qu’insignifiantes pour une œuvre qui ne se veut pas être un film qui prône le spectaculaire, mais bien un film qui utilise le spectaculaire comme ressort scénaristique. L’histoire avant tout, les personnages avant tout. Un conte qui aborde des thématiques propres à l’adolescence tel que l’attachement familial, amical, amoureux et le questionnement identitaire, La Dernière Vie de Simon s’appuie sur un scénario superbement écrit. Un scénario juste, bâtit sur des prises de décision naturelles et réalistes, qui permettent de créer un attachement émotionnel entre les personnages principaux et le spectateur. Un spectateur qui peut s’identifier à chacun des personnages grâce à cette justesse d’écriture et au choix d’ancrer cette histoire dans un petit village de Bretagne.

Un choix terre-à-terre très intelligent, car permettant à l’œuvre d’octroyer une identité visuelle unique grâce à de magnifiques paysages ruraux, et de l’autre, la possibilité en amont de simplifier la production du long-métrage au budget limité. Choisir un tel village c’est, permettre d’aller chercher le financement de la région, négocier plus facilement les locations des lieux de tournage, limiter de nombreuses dépenses (de pré-production et de production) et surtout : ne pas céder à la facilité d’une grande ville urbaine qui n’aurait été que synonyme de contraintes en production et sans doute d’anonymat.

Que l’on aborde le film en lui-même ou ses différents aspects de production, on découvre que La Dernière Vie de Simon est un film indépendant intelligemment produit. Peu de moyens, mais pléthores de solutions et de choix artistiques qui permettent de mettre du budget là où le réalisateur en a besoin afin de pouvoir raconter son histoire. C’est d’une malice incroyable qui nous pousse finalement à négliger quelques facilités scénaristiques (apparitions de personnages ou rencontres téléphonées) souvent propres à un premier long-métrage. Bien interprété, visuellement superbe et très astucieux dans son découpage et la manière d’exploiter la capacité de son protagoniste, La Dernière Vie de Simon est une œuvre qui s’inscrit sans aucune honte, dans la plus pure tradition des productions Amblin Entertainement des années 80. Un film qui ne croule pas sous les références, mais en dissémine certaine afin de réjouir nos âmes d’enfants. Et pour en avoir parlé avec le réalisateur, certaines des références présentes dans le film sont inconscientes, c’est dire si ce n’est pas qu’un film qui surfe sur la fibre nostalgique.


« Bercé par les productions Amblin des années 80/90, Léo Karmann cite (in)consciemment le trio Spielberg/Donner/Zemeckis dans un 1er long-métrage aussi mignon que techniquement abouti. »


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