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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Jusqu’à La Garde réalisé par Xavier Legrand [Sortie de Séance Cinéma]

Synopsis : “Le couple Besson divorce. Pour protéger son fils d’un père qu’elle accuse de violences, Miriam en demande la garde exclusive. La juge en charge du dossier accorde une garde partagée au père qu’elle considère bafoué. Pris en otage entre ses parents, Julien va tout faire pour empêcher que le pire n’arrive.”

Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position “je m’installe comme à la maison” ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…

 


Depuis sa présentation à la Mostra de Venise, le premier long-métrage de Xavier Legrand, couronné du prix de la mise en scène, ne cesse de faire parler de lui. La plupart des critiques presses étant dithyrambiques, ce qui est assez rare pour un premier film. Jusqu’à la garde raconte le divorce du couple Besson (Denis Ménochet / Léa Drucker) qui se dispute le droit de garde de leur fils Julien (Thomas Gioria) que la mère cherche à protéger des violences de son père. Jusqu’à La Garde s’ouvre sur un prologue mis en scène à la manière d’un film d’Asghar Farhadi (Une séparation, Le Passé) où le cinéaste filme une scène de procès devant un juge des familles, où le découpage et le montage définissent les différentes parties, les différentes défenses, nous présentant la situation du couple en divorce avec une succession de cadres fixes composés avec une sobriété de mise en scène déconcertante, à la frontière du réalisme documentaire des films de Raymond Depardon (12 Jours).

Une fois sortie du bureau du juge, le couple est séparé dans des lieux différents, chez les familles respectives de chacun, les grands-parents. Le seul lien qui les réunit encore étant leur fils au centre du divorce et qui devient le point de vue par lequel Xavier Legrand raconte son récit. On éprouve tout d’abord de la peine pour un père qui ne cherche qu’à revoir son enfant dont l’apparence fait d’abord penser à un père aimant et doux qui finit par révéler un personnage bien plus complexe et torturé qu’il n’y paraît, face à une mère qui cherche à protéger son enfant et à garder la tête froide. Les deux comédiens campent des rôles de composition dirigés d’une main de maître par le cinéaste. Car c’est avant tout le mot qui vient pour qualifier ce premier film : une extrême maîtrise de bout en bout, où la tension est constamment  crescendo, nous prenant aux tripes dans des situations violentes, filmées de manière frontale avec un dispositif de mise en scène implacable.

Xavier Legrand oscille entre le drame social et réaliste et le thriller. Le réalisateur filme la destruction progressive de la sphère familiale, la domination masculine dans le couple, abordant des sujets sociaux puissants et actuels, tout en n’oubliant pas de faire du cinéma lorsqu’il s’agit de mettre en scène cette destruction du foyer à la manière d’un redoutable thriller psychologique, utilisant entre autre le plan-séquence pour que la tension monte constamment. Xavier Legrand métamorphose le corps de son acteur Denis Ménochet en celui d’un ogre, un croque-mitaine terrifiant que le cinéaste met en scène, sans cacher son inspiration pour Shining de Stanley Kubrick, dans un dernier acte absolument terrifiant et violent. Une véritable explosion de terreur qui hantera le spectateur bien après la sortie de la salle, se concluant sur un plan faisant appel au voyeurisme hitchcockien, inscrivant cette première œuvre dans le panthéon des rares premiers films de cinéma percutants et brillamment maîtrisés jusqu’à son aboutissement.

Jusqu’à La Garde est un premier film qui s’impose comme un coup de maître brillant, à la fois un drame humain réaliste et actuel, mais surtout un grand thriller psychologique hitchcockien viscéral.

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