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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Jay and Silent Bob Reboot, la conclusion méta emprunt de nostalgie et de poussière par Kevin Smith

Synopsis : « Jay et Silent Bob retournent à Hollywood pour empêcher la production d’un reboot du film de super-héros Bluntman et Chronic. »


Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position “je m’installe comme à la maison” ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…

18 ans après leur dernière apparition sur grand écran, Kevin Smith et Jason Mewes relancent le View Askewniverse. En cette période où chaque studio, que l’on soit sur petit comme grand écran, cherche à créer son propre Universe, pourquoi effectivement ne pas en profiter pour sortir du placard ces bons vieux Jay and Silent Bob ? Les fans le réclamaient, il est enfin là. Le film qui va conclure la trilogie Jay and Bob initiée en 1994. Le film qui va fermer le portail sur ce View Askewniverse regroupant les personnages des licences Dogma, Clerks, ainsi que Jay and Bob. Réalisateur prolifique aujourd’hui spécialisé dans un cinéma indépendant difficilement caractérisable, Kevin Smith est un cas à part. Si dans le courant des années 90 il a su se faire un nom en tant que réalisateur, c’est aujourd’hui avant tout un fervent défenseur de la pop culture. On le connaît pour ses podcasts, pour ses interviews réalisées dans le cadre de festivals comme le SDCC, ainsi que pour son amour pour le monde des comics. Un monde qui l’anime et qu’il défend bec et ongle avec le regard admiratif d’un enfant. Un grand enfant à la fougue incroyable et que l’on aime, ou que l’on déteste, pour cette exacte même raison.

Kevin Smith est pour toute une génération, ce défenseur d’une culture longtemps méprisée par ceux qui n’avaient fondamentalement rien de mieux à faire que de juger autrui. Le grand frère de toute une génération qui fait son retour sur le grand écran pour une seule et simple raison : offrir à ces mêmes personnes ce morceau de nostalgie qu’ils réclament depuis plus de 10 ans maintenant. Si l’on s’en doutait avant même de le voir : oui Jay and Silent Bob Reboot est un film qui plaira aux adeptes et uniquement aux adeptes. Il faut néanmoins faire une distinction. Si l’on peut rapprocher sur le papier des projets tels que Jay and Silent Bob Reboot, Dumb and Dumber To ou encore Les Trois Frères le retour si on veut s’affranchir des frontières. Le premier possède un élément que n’ont pas les autres : la bienveillance. Contrairement aux films et séries qui se voient relancer après une ou plusieurs décennies de stand-by, Jay and Silent Bob Reboot n’est pas un film qui met la main dans la poche de chaque spectateur dans le simple but de lui soutirer un billet de 20$. Il n’est pas un film de producteurs, mais un film qui ne se moque pas de son public et lui offre exactement ce qu’il est venu chercher. En l’occurrence, une comédie régressive venue tout droit des années 90 sur le plan technique et qui surfe sur une nostalgie certaine du premier à son dernier plan.

Contrairement à ce que son titre pourrait laisser supposer, Jay and Silent Bob Reboot n’est pas un reboot de la licence, mais il est fondamentalement jusque dans son titre, une comédie satirique qui se moque ouvertement et gentiment de cette mode pour les reboots et autres remakes. Un film qui se moque de lui-même en poussant le méta dans une tout autre dimension. Si vous pensiez que Deadpool était un film méta grâce aux digressions du protagoniste, vous n’êtes pas prêt pour ce que Kevin Smith vous a réservé. Utiliser le contexte actuel de la pop culture et du business lancé par des sociétés de production comme Disney afin de s’en amuser. S’en moquer, mais également s’en servir afin de créer des situations humoristiques dont les références vont être intra-diégétiques (références au View Askewuniverse), mais également extra-diégétiques (du DCU au MCU pour parler de l’évidence). Enchaînement de séquences qui ont pour simple et unique but d’enchaîner les références et faire apparaître des lieux et/ou personnages du View Askewuniverse), Jay and Silent Bob Reboot aurait pu être une œuvre nostalgique indigente, mais elle n’en est rien. Derrière cette fibre nostalgique aussi évidente qu’un visage sur une tête, il est un film qui traite cette même nostalgie avec émotion et maturité.

Penser au passé avec émotion, mais ne pas oublier d’avancer. Avancer avec son temps tout en conservant cette étincelle dans les yeux que l’on pouvait avoir étant enfant. Il le dit lui-même, cette crise cardiaque qui aurait pu lui coûter la vie, a permis à Kevin Smith de remettre des choses en perspective dans sa vie. Voir la vie de manière positive, ne pas se laisser marcher sur les pieds et se servir de chaque obstacle pour avancer, évoluer. Une leçon de vie qui est exactement celle que l’on pourrait affubler au monde de la pop culture, ainsi qu’à ses adorateurs longtemps méprisés. De par cette bienveillance, cette leçon de vie qui découle de ce petit moment de nostalgie aussi drôle qu’émouvant pour les fans, Jay and Silent Bob Reboot est une œuvre que l’on peut difficilement critiquer. Telle une VHS que vous sortez du placard avec autant de poussière sur le dessus que sur la bande magnétique, Jay and Silent Bob Reboot est un film techniquement à la ramasse. Une mise en scène quelconque, un découpage didactique au possible, une direction de la photographie extrêmement fade… sur le plan technique, il n’y a absolument rien à sauver de ce film tout droit venu de 1994. Est-ce que cela entache pour autant le plaisir des fans ? Aucunement.

« Film tout droit sorti d’un magnétoscope, Jay and Silent Bob Reboot est une comédie satirique poussiéreuse, mais souvent très drôle et d’une bienveillance on ne peut plus respectable envers les fans du duo. Serait-ce pas le plus important ? » 


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