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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Frost réalisé par Sharunas Bartas [Critique | FNC 2017]

Synopsis : « Rokas et Inga, un couple de jeunes lituaniens, conduisent un van d’aide humanitaire depuis Villnius jusqu’en Ukraine. Au fur et à mesure de leur voyage au gré des rencontres, ils se retrouvent livrés à eux-mêmes, traversant les vastes terres enneigées de la région de Donbass, à la dérive entre des vies déchirées et les débris de combats. En s’approchant de la ligne de front, ils se découvrent l’un l’autre et appréhendent peu à peu la vie en temps de guerre. »


Du 05 au 15 octobre 2017, nous sommes au 46e Festival du Nouveau Cinéma de Montréal. Entre coups de cœur et coups de gueule, émerveillements et maux de tête, retrouvez nos avis sur les films vus durant ce festival pas comme les autres. Des avis courts, mais pas trop et écrits à chaud, afin de vous offrir un premier avis sur les films qui feront, ou non, prochainement l’actualité.


Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs durant le Festival de Cannes 2017, le long-métrage lituanien Frost continu, en cette année 2017, son tour du monde des festivals. Après la France, place au Canada et plus particulièrement au Festival du Nouveau Cinéma de Montréal. Alors qu’il ne semblait pas avoir fait l’unanimité auprès des festivaliers Cannois, à notre tour de nous faire notre avis sur ce film dont on n’avait jusqu’ici, pas entendu parler. Et ce, alors qu’on était présent au Festival de Cannes 2017, c’est pour dire… Frost, ou comment débuter un festival avec un des films les plus soporifiques qu’il nous aura été donné de voir en cette année 2017. Pas besoin de s’étendre, de tergiverser des phrases durant sur le genre d’oeuvre comme celle-ci qui, même si elle tente des choses louables, ne réussit à aucun moment ce qu’elle entreprend.

Frost conte l’histoire d’un jeune couple qui décide de traverser la Lituanie afin de rejoindre l’Ukraine et d’aider la population dans le besoin touchée par la guerre. Par le prisme de l’histoire de ce couple formé par Rokas et Inga (interprétés respectivement par les acteurs Mantas Janciauskas et Lyja Maknaviciute), le réalisateur Sharunas Barras met en exergue plusieurs observations qui se rencontrent en un point : la déshumanisation. Une déshumanisation obtenue par les ravages de la guerre. Guerre dont le spectateur ne connaît ni les tenants ni les aboutissants. Ce dernier n’est qu’observateur de ce qui lui semble être une guerre sans âme, ni « intérêt », faite simplement dans le but de faire la guerre pour faire la guerre. Sans être présentés comme fous ou atteints de traumatismes liés à cette guerre et l’atmosphère que cela crée, les protagonistes ne vont rencontrer que des soldats aux comportements étranges. Froids, peu amicaux, mais surtout incompréhensifs vis-à-vis de ce que ces jeunes gens cherchent à faire : aider les plus démunis. Au travers de cette problématique justifiée et développée par le biais des rencontres humaines, Sharunas Barras pose un constat aussi alarmant que réaliste sur la guerre ukrainienne. Un propos louable et tout à fait intéressant, d’autant plus que cette guerre perdure en 2017, et ce, dans le plus grand des silences. Cependant, avoir de bonnes intentions, de bonnes idées scénaristiques ne fait pas d’office une belle ouvre cinématographique. Aussi intéressant soit-il dans le fond, Frost n’en demeure pas moins un long-métrage ennuyant et interminable.

Appuyant la carte de la déshumanisation, Sharunas Barras ampute son film de tout élément ayant la faculté de créer une once d’empathie chez le spectateur. Plus ils tracent leur route, plus le jeune couple va devenir à l’image des rencontres qu’ils vont faire. De moins en moins humains, de plus en plus insipide et dénués d’envie, de perspicacité et d’émotions. Les décors, tous plus froids et vides les uns que les autres n’aident pas et ne font qu’accroître la difficulté d’immersion et d’implication (émotionnel et physique). Froid, dénué d’envie, d’émotion, de sentiments et de personnages intéressants et touchants… comment tenir éveillé face à ce qui est, rappelons-le, un road-movie. Le road-movie étant le genre qui, par définition, fonctionne avant tout sur le panel de rencontres que vont faire les protagonistes. Peu inventive et créative, la mise en scène n’aide en rien même si cette dernière tente des choses tente de se renouveler à quelques moments. Quelques rares moments rapidement oubliés tout de même.

Au-delà de son intention louable, on retiendra de ce Frost, un passage et plus spécifiquement le propos porté sur le journalisme. Qu’est-ce qu’être journaliste et surtout, qu’est-ce qui caractérise un journaliste de guerre. Sans forcément répondre à cette double question, le scénario met en exergue le courage de ceux qui tentent de rapporter et/ou rapportent des images du front afin de dévoiler aux yeux du monde des choses dont personne n’avait conscience… ou presque. Ce n’est qu’un propos tenu en sous-texte dans la deuxième partie du film, mais il permet au moins à ce dernier de trouver un intérêt à être visionner. Ce qui est déjà pas mal, mais ne relève pas pour autant le niveau global et fait oublier tous les autres défauts.

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