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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Frankenstein (Critique Vidéo |2016) réalisé par Bernard Rose

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Synopsis : « Le monstre se réveille dans un laboratoire scientifique, il ne sait pas qui il est, ce qu’il est. C’est encore unenfant dans un corps d’adulte. Il est innocent, mais la violence qu’on lui inflige lors de tests médicaux va lui faire découvrir l’existence d’un monde très différent, à la fois sombre et cruel. Blessé et abandonné, il parcourt la ville, suscitant la crainte et l’effroi chez ses habitants… »

Bernard Rose est un metteur en scène méconnu du grand public. Oscillant entre l’excellent et le clairement très mauvais, il ne c’est pour autant, jamais arrêté de créer. Implanté dans le monde du cinéma, depuis presque trente ans maintenant, Bernard Rose n’est essentiellement reconnu que pour deux films : Candyman et Ludwig Van B. Il est également celui qui aura mis en scène Sophie Marceau et Sean Bean dans les rôles principaux d’une adaptation du roman Anna Karenine. Cependant, même si on lui reconnaît une certaine manière de faire lorsqu’il s’attaque à un genre cinématographique comme le drame, c’est avant tout dans le film d’horreur, d’angoisse qu’il semble le plus à l’aise. Candyman reste à l’heure d’aujourd’hui son film le plus abouti. Film de genre ancré dans son époque, mais qui ne prend pas une ride grâce à un scénario sachant donner du corps aux personnages et alterner entre l’horreur et le drame. Ce n’est pas qu’un simple drame ou qu’un simple film d’horreur. Candyman est l’alliance presque parfaite des deux genres afin de donner vie à une légende, à une légende urbaine. Pour son dernier film, il revient à ce qui a fait sa renommée et s’attaque à une tout autre légende. Aura-t-il réussi à outrepasser la légende déjà connue de tous grâce au film réalisé par James Whale et donner une nouvelle vie à la créature de Frankenstein ?

Frankenstein ou le Prométhée moderne, tel que titrait son oeuvre l’Anglaise, Mary Shelley en 1818. Véritable question que posait ce roman, dont la légende et trame narrative fut reprise par la suite par divers cinéastes. Simples faiseurs et véritables cinéastes. Frankenstein eu droit à de magnifiques comme à d’insignifiantes adaptations. Cette fois c’est Bernard Rose qui s’attaque à cette légende. Légende qui dépasse les frontières de la cinématographie ou du roman. Frankenstein ou l’instant durant lequel l’homme a cherché à devenir dieu. Serait-ce une bonne chose si l’homme était en mesure de créer ce Prométhée moderne, un homme ayant la force 10 hommes et qui n’ai pas besoin de s’alimenter ? Bien évidemment que la réponse ne serait ni positive ni négative, mais nuancée. Une réponse à l’image de la créature caractérisée et mise en scène par James Whale en 1931. En 2016, Bernard Rose décide de s’approprier cette légende et de la moderniser. La légende, la transmission de génération en génération de légendes urbaines étai déjà le thème premier du très beau Candyman. Film au travers duquel il posait la question de la légende urbaine et de quoi elle était faite, comment elle était créée. Avec Frankenstein, Bernard Rose se heurte volontairement à un mur invisible. Impossible de faire oublier la légende et ce qui faisait du film de 1931 le chef-d’oeuvre intemporel qu’il est avec son lot de séquences maintenant mythiques. De nombreux écueils se mettent en travers de son chemin et il ne les évitent pas. Au contraire, il va les utiliser et les moderniser. Faire un véritable remake du film de James Whale. Le terme remake caractérisant au départ une réutilisation d’une histoire déjà portée à l’écran, mais avec des différences, des améliorations, une nouvelle vision de l’histoire en question.

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Frankenstein est un film chirurgical. Un film d’horreur extrêmement violent dans lequel les personnages qui se mettront au travers du chemin de la créature trouveront une mort douloureuse. Frankenstein n’est pas un film bon à voir si l’on supporte mal la vue du sang ou d’organes. Une violence physique au sens premier comme second du terme. La peau de la créature étant ici utilisée afin de démontrer une évolution. Peau qui va évoluer au fur et à mesure des événements que va devoir traverser la créature. Une peau en constante évolution, mais qui va muter dans le sens inverse de l’apprentissage de la créature vis-à-vis du monde extérieur. Laid de l’extérieur, mais de plus en plus conscient et humain de l’intérieur. Malgré omniprésente utilisation de la violence, la film n’en est pas pour autant outrancier, vulgaire ou provocateur. La violence développée à l’écran n’est pas gratuite. Elle est provoquée par une créature qui ne se contrôle pas, ne sait pas ce dont elle est capable. Une âme d’enfant dans le corps d’un homme dont la force dépasse celle de 10 hommes. Une violence justifiée, mais dérangeante malgré tout. À l’image de la manière chirurgicale qui va être employée afin de donner vie à cette créature. Avec Frankenstein, Bernard Rose a comme volonté de proposer un film réaliste. Un film réaliste et moderne dans le traitement de la créature, dans les environnements dans lesquels il va évoluer, ainsi que dans les actions.

Les réactions de tout à chacun, les réactions des officiers de police face à la créature, qui amèneront aisément à un rapprochement avec les faits divers malheureux ayant eu lieu aux États-Unis. Le metteur en scène reprend les thématiques qui caractérisaient l’histoire originelle et les transposent à notre époque. Dans un monde où la dualité entre la pauvreté et la richesse n’aura jamais été aussi forte. Chose aisément compréhensible et bien retranscrite via les environnements que va traverser le protagoniste et les personnages qu’il va rencontrer sur sa route. La pauvreté, la complaisance et la gentillesse du monde de la rue d’un côté du miroir. De l’autre, la richesse et l’avarice que peut amener cette richesse. Les humains sont-ils finalement tous égaux en bonté et seront-ils tous et toutes capables de voir qu’en dessous de cette peau inhumaine en putréfaction se cache un simple enfant ?


En Conclusion

Frankenstein n’est pas un remake bête et méchant du film de 1931. C’est un remake moderne, aux choix scénaristiques assumés qui cherchent à mettre en avant la dualité qui se joue au sein même du protagoniste. Dualité entre sa bestialité incontrôlable et son âme d’enfant qui ne cherche qu’à être près de sa mère, à la protéger. Cependant, c’est un remake qui va se heurter de plein fouet au film dont il s’inspire. Malgré des différences, il ne sortira pas du carcan formé par le film original et ne pourra à aucun moment s’en émanciper. Ce qui est le problème de tout remake, et ce, encore une fois, même s’il y a également des relectures et des appropriations de moments et d’actes déjà présents dans le film original. Son aspect chirurgical dans le traitement de la créature, dans sa technique qui cherche le réalisme avant tout, ainsi que dans ses cadres très proches des personnages et dans son ambiance sonore quasiment inexistante, en décontenancera plus d’un. Il en restera cependant une véritable proposition de cinéma, un remake moderne et violent de Frankenstein. Un film qui vaut le coup d’œil, ne serait-ce que pour la prestation impressionnante de Xavier Samuel.

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