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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Fleuve Noir réalisé par Erick Zonca [Sortie de Séance Cinéma]

Synopsis : “Au sein de la famille Arnault, Dany, le fils aîné, disparaît. François Visconti, commandant de police usé par son métier, est mis sur l’affaire. L’homme part à la recherche de l’adolescent alors qu’il rechigne à s’occuper de son propre fils, Denis, seize ans, qui semble mêlé à un trafic de drogue. Yan Bellaile, professeur particulier de Dany, apprend la disparition de son ancien élève et propose ses services au commandant. Il s’intéresse de très près à l’enquête. De trop près peut-être…”

Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position “je m’installe comme à la maison” ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…

C’est avec une réputation plutôt mauvaise que nous arrive Fleuve Noir, le polar noir réalisé par Erick Zonca, adapté du roman de Dror Mishani, précédé de certains témoignages, dont celui de l’actrice Sandrine Kiberlain qui refuse de faire la promotion du film d’Erick Zonca avec pour motif de garder de cette expérience un très mauvais souvenir. Rumeurs de problèmes d’entente entre le cinéaste et ses acteurs, un changement de casting voyant Gérard Depardieu remplacé au bout de six jours de tournage, suite à un départ brutal, par l’acteur Vincent Cassel. Beaucoup de problèmes qui entourent donc la production de Fleuve Noir qui pouvait laisser présager un accident industriel concernant le résultat final. Pourtant, la bande-annonce laissait également entrevoir un polar atmosphérique, poisseux et glauque, porté par un casting alléchant : Vincent Cassel, Romain Duris et Sandrine Kiberlain en tête. On pouvait donc espérer que le résultat ne soit pas si catastrophique à la vue des premières images. Fort malheureusement, il faut croire que les problèmes de production ont eu raison sur le résultat, mais pas uniquement. Le film réalisé par Erick Zonca ne doit pas son échec uniquement au fait d’être possiblement un accident industriel, c’est également dû à de véritables lacunes artistiques.


Tout d’abord, le travail d’adaptation et l’écriture de Erick Zonca, ainsi que de sa co-scénariste Lou de Fanget Signolet est d’une très grande maladresse, empilant les clichés les plus éculés du polar, notamment autour de ses personnages dont la direction d’acteurs et l’écriture des dialogues ne viennent pas arranger les choses. Vincent Cassel, qui a endossé le rôle sans aucune préparation, est en totale roue libre, forçant le trait de l’alcoolisme de son personnage de policier au point que cela en devienne risible et terriblement gênant. Romain Duris surjoue son rôle de professeur de français dérangé, le jeu des deux acteurs suscitant plus le rire que le malaise, ce qui est assez problématique lorsqu’il s’agit d’un genre tel que le polar noir. Le talent d’actrice de Sandrine Kiberlain est ici réduit à une apparition au coin du plan en mère apeurée par la disparition de son fils. Bref, un énorme gâchis en vue du casting prestigieux de ce polar, les trois comédiens signant sans aucun doutes leurs pires performances à ce jour, avec une mention spéciale à Vincent Cassel qui suscitera, au plus, le rire parmi les spectateurs, l’acteur enchainant les verres de Whisky devant la caméra au point qu’on en vient à s’interroger sur la sobriété de l’acteur sur le tournage.

Dans la construction narrative de son scénario, l’enquête policière passe par tous les clichés du polar où il est question de la disparition d’un adolescent : une enquête cousue au fil blanc, enchainant les rebondissements prévisibles et les incohérences qui rendent l’intrigue incompréhensible, accumulant les clichés sur les abus sexuels au sein de la sphère familiale, notamment avec un twist final aux amalgames plus que douteux et malaisant dans sa résolution. Erick Zonca force la dimension glauque et malsaine de son polar jusqu’à saturation, donnant l’impression d’un film-choc pour choquer. Fleuve Noir a quelque chose de terriblement dérangeant et malsain au-delà de son statut de polar.

Le montage du film semble par moment fragmenté, comme s’il manquait des éléments importants dans la construction scénaristique du long-métrage. Esthétiquement, la caméra à l’épaule, volonté du cinéaste de dynamiser son cinéma, donne à l’image une esthétique télévisuelle digne d’un téléfilm du dimanche soir. C’est par ailleurs ce qu’inspire l’ensemble du film d’Erick Zonca ; un mauvais polar du dimanche soir, terriblement mal joué, mal écrit et empilant les clichés éculés du genre. Qu’il soit question d’un accident industriel dû à une production chaotique ou d’une direction artistique déplorable, Fleuve Noir est avant tout un mauvais film qui risque malheureusement d’être très vite boudé, autant par la critique que par son public qui pourrait se sentir presque insulter par la médiocrité du long-métrage. Un terrible raté.

Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs.

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