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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

[Festival] FIFAM 2015 #4 – Un programme riche et éclectique

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[Festival] FIFAM 2015 #1 – Une ouverture un peu particulière

[Festival] FIFAM 2015 #2 – Début de la compétition avec El Apostata

[Festival] FIFAM 2015 #3 – John Landis et Andrei Cretulescu, la belle rencontre

[Festival] FIFAM 2015 #5 – Comédie française vs Comédie américaine

À l’occasion du premier compte rendu du Festival International du Film d’Amiens consacré à l’ouverture du festival, nous vous avions décrit les objectifs de ce festival. Un festival qui grâce à ses nombreux hommages et rétrospectives dédiées à des cinéastes et techniciens du cinéma permet de découvrir ou redécouvrir en une journée des films divers et variés. Des films qui peuvent posséder une continuité dans leurs thématiques et registres ou tout bonnement ne rien à voir les uns aux autres. Un festival riche et varié en terme de plaisir de cinéma et c’est ce qui plaît au travers de ce festival. En plus de sa compétition de longs et courts-métrages bien évidement, même si cette année les films en compétition sont loin d’être irréprochables. En cette quatrième journée de FIFAM, la compétition était bien présente avec la présentation d’un nouveau long-métrage, mais elle a débuté par la reprogrammation d’une séance. Suite à la fermeture du festival le samedi 14 novembre 2015, certains films n’ont pas pu être projetés. The Moon and Sixpence fait parti de ces films. Grâce à une nouvelle date de projection, lors d’un créneau horaire complètement vide, le film réalisé par Albert Lewin pû être projeté aux spectateurs.

The Moon and Sixpence, paru en octobre 1942, est le premier film réalisé par Albert Lewin. Au travers de son scénario, le film va conter aux spectateurs, l’histoire d’un artiste méprisant envers chacun. Pour ce film, Albert Lewin se serait librement inspiré de la vie de Paul Gauguin, ce qui en dit long sur le personnage. Projeté dans un format pellicule qui n’est pas celui d’origine puisque les pellicules de 1942 était pour la seconde partie du film, teinté en sépia et sa troisième partie, parsemée de couleurs vives et saturées, The Moon and Sixpence fût une petite révélation. Un film dont on n’attend rien et qui, malgré des défauts notables, nous dévoile un scénario remarquablement écrit. Un scénario moderne grâce à l’utilisation d’une narration linéaire hollywoodienne, mais en phase avec son temps grâce aux divers moyens d’outrepasser le Code Hays, encore en vigueur à cette date.


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Les connotations sexuelles sont minoritaires et presque inexistantes contrairement à certains cinéastes qui font preuve d’une imagination débordante, mais par le biais de sa mise en scène, Albert Lewin fait transparaître les tensions présentes entre les personnages. À l’image des films marquants de cette époque qui vont être des grands drames ou des comédies burlesques, The Moon and Sixpence possède une palette de personnages riche en couleurs. On retrouve un protagoniste méprisant, imbus de sa personne, épaulé par une troupe de personnages secondaires qui vont lui permettre d’évoluer, de devenir quelqu’un d’autre, ne serait-ce qu’intérieurement. Les personnages secondaires ont des personnalités bien tranchées. Souvent naïfs et ne se remettent jamais en question, à l’image de personnages « Alleniens » comme on pourrait les appeler aujourd’hui. Ils ont des réactions surréalistes, mais en cohérence avec l’histoire qui est contée et à l’univers développé par le film.

The Moon and Sixpence repose sur une évolution linéaire imprévisible. Un film qui va user d’éclipses et de flashbacks pour diversifier les points de vues de chaque partie du film. Trois parties bien distinctes, avec un lieu différent, des personnages secondaires différents et un protagoniste toujours en constante évolution psychologique et sociologique. Un film qui est véritablement bien écrit et qui au jour d’aujourd’hui n’a pas une ride, que ce soit scénaristiquement ou visuellement. On regrettera cependant une troisième partie qui s’étale trop en longueur pour finalement aboutir sur quelque chose de prévisible. La seule fausse note dans cette belle partition signée Albert Lewin et qu’on vous recommande chaudement !

Retour à la compétition après une courte pause déjeuner, avec la projection du film brésilien Para Minha Amada Morta. Avec un tel nom, vous êtes sûr de vous planter à la sortie de la salle si un ami vous demande quel film vous êtes aller voir. Après un film médiocre et un film qui ne nous aura pas plus convaincus que cela malgré quelques belles notes d’intentions, Para Minha Amada Morta vient rehausser le niveau de la compétition. Des longueurs sont à déplorer, ainsi que des problèmes scénaristiques qui vont entacher le rythme du long-métrage. Le film se veut être plus qu’un thriller haletant, un véritable drame. Un drame durant lequel on va suivre un homme qui va chercher à retrouver l’homme avec lequel sa femme l’a trompé. Le contexte est rapidement posé. Le protagoniste est froid, même son fils ne peut le sauver de la torpeur qui l’habite. Sa vengeance s’annonce implacable, mais va-t-il réellement aller au bout de sa volonté ou va-t-il finalement se résigner ?


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Là se cache toute l’ambiguïté du film. Une ambiguïté qui va faire naître un suspense, puis un jeu du chat et de la souris à partir du moment où les deux hommes vont faire face à face. Le spectateur est mis dans la confidence et sait ce que l’un ou l’autre ne sait pas, permettant au réalisateur de jouer avec son cadre pour faire naître ou décupler une tension. Ce qu’il fait admirablement. Les cadres sont posés, les plans sont longs et la mise en scène suffisamment bien travaillée pour jouer avec cette tension. Va-t-il le faire ? On se pose sans cesse cette question. On se la pose à plusieurs reprises et c’est ça durant près de deux heures. Des évènements externes vont venir s’interposer afin de créer et/ou amenuiser des conflits, mais même s’ils vont avoir un impact sur le développement psychologique des personnages, ils ne sont pas suffisamment fort pour donner le punch nécessaire au film. Un film sous tension, mais paradoxalement trop monotone. Le film est beau, très beau par moment, mais d’un mou qu’il en devient presque ennuyant. Beau, intéressant et implacable, mais d’un ennuyant qu’on arrive facilement à comprendre ce qu’il manque au film pour qu’il ne soit pas aussi monotone. Vous le comprendrez en voyant le film. Un bon film, mais frustrant, à l’image de la compétition à ce jour.

Compétition de longs-métrages, mais aussi de courts-métrages. Des courts-métrages qui, en ce qui concerne la programmation numéro une (deux programmations de 1h30 chacune) sont tout et leurs contraires. Des films d’une beauté et d’une force d’un côté, et des films d’une maladresse et d’une fausseté de l’autre. On en retiendra plus spécifiquement deux, un film d’animation et un drame en « live-action ». Le premier qui se nomme Le Repas Dominical, possède une esthétique bien particulière qui permet aux artistes dessinateurs de relier les plans les uns aux autres. De jouer sur les liens que peuvent posséder les propos entre eux et de faire naître des émotions diverses et variées liées au thème premier qui est le repas dominical et tout ce que ça entraîne. Il joue sur les clichés du repas du dimanche en famille, les tournes en dérision, s’en amuse et nous amuse. Un film narré par la voix rogue et cassée de Vincent Macaigne qui ajoute ce petit quelque chose de drôle et touchant au film.


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Le second, beaucoup plus délicat se nomme Tout Ira Bien. Traitant du thème de l’attachement que peut avoir un père envers son enfant que l’on veut lui enlever suite à un divorce, le court-métrage avait tout pour sombrer dans un pathos imbuvable. Finalement, il n’en est rien grâce à une gradation délicate qui va permettre au film de transporter le protagoniste vers ce point de non-retour. C’est d’une justesse et d’une beauté implacable, malgré une direction artistique qui mériterait d’être retravaillée pour ne pas être facilement catalogué et prendre une toute autre dimension. On ne le dira jamais assez, un très bon court-métrage vaut toujours mieux qu’un long-métrage long et creux. Ces deux films en sont la preuve même, leur format court leur suffit amplement.

Une quatrième journée au Festival International du Film d’Amiens qui s’est achevé par la projection d’un film au titre bien particulier : Hamburger Film Sandwitch. Avec un titre comme celui-ci, il est normal que la projection fasse salle comble même à 21h30. Un titre aguicheur pour un film qui permet de finir la journée sur une note réjouissante. Réalisé par John Landis, Hamburger Film Sandwitch est une succession de sketchs tous plus putassassiers et irrévérencieux les uns que les autres. Les Nuls s’en sont fortement inspirés, mais Les Nuls s’avéraient plus drôles. Plus drôles, car plus incarnés grâce aux excellents acteurs de la bande. Au-delà du fait que les sketchs ne soient pas tous au même niveau, la bande d’acteurs du film est loin d’être mémorable. On retiendra le passage éclair de Donald Sutherland qui fait du bien. Le film manque de caméos, de guests en tout genre et de prestance. C’est drôle et sympathique, mais on ne vouera pas un culte à ce Hamburger Film Sandwich tel qu’on pourrait en vouer un à des sketchs des Nuls ou même à des sketchs du SNL.

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