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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Les Faux Tatouages réalisé par Pascal Plante [Sortie de Séance Cinéma]

Synopsis : “Théo fête son 18e anniversaire en assistant à un spectacle de musique. Il termine la soirée, seul, dans un restaurant où il fait la connaissance de Mag, une fille marginale. Cela ne leur prend pas de temps avant de parler de tatouages et de préférences musicales. En raccompagnant sa nouvelle amie à bicyclette, Théo est invité à rester pour la nuit. Une idylle naît graduellement au fil de leurs rencontres. Théo cache toutefois un secret et il s’apprête à quitter Montréal pour remettre les compteurs à zéro dans une petite ville, loin des remords de son passé.”


Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position “je m’installe comme à la maison” ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…

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À l’image du cinéma français, le cinéma québécois possède son lot disparate d’œuvres cinématographiques. Si les films qui attirent le plus son des comédies populaires machistes dans le fond sans être pour autant néfastes ou nécessairement mauvaises, les films indépendants à la patte auteuriste bien plus accentuée, se font tout autant présent sur la devanture de certaines salles. La fin d’année 2017 nous l’avait prouvé avec quelques belles petites surprises, l’édition 2018 des Rendez-vous du Cinéma Québécois nous l’assure une bonne fois pour toutes. Il y en a pour tous les goûts et surtout, comme certain.e.s ont pu nous l’assurer, c’est un cinéma qui regorge de jeunes qui ont l’envie de bien faire et le talent nécessaire. Présenté au Festival du Nouveau Cinéma l’année passée, le long-métrage Les Faux Tatouages a fait son arrivée dans une salle québécoise au mois de février 2018. Peut-être pas la meilleure salle pour un tel film, pour un film de niche, mais une salle qui lui permet tout de même d’espérer trouver son public.

Premier long-métrage de fiction écrit et réalisé par le québécois Pascal Plante, qui compte tout de même à son actif quelques courts métrages tels Blonde aux Yeux Bleus et Drum de Merde!, Les Faux Tatouages est une romance fictionnelle à tendance naturaliste. Pascal Plante conte l’histoire d’amour naissante, puis grandissante entre deux jeunes adultes de 18 et 19 ans, vivant tous deux à Montréal. Une histoire extrêmement simple, qui ne va à aucun moment chercher à surprendre le spectateur ou à prendre une tournure inattendue. Tout est prévisible et chaque action est attendue par un spectateur qui pourrait très rapidement se lasser de cette nonchalance et de ce conventionnalisme dans lequel est ancré le récit. Néanmoins, ce qui peut apparaître comme un défaut pour certains et qui va malheureusement baliser le film et son appréciation (une prévisibilité qui ne peut lui permettre d’être un film qui va marquer les esprits), est un parti pris artistique qui va donner à l’oeuvre dans sa globalité une identité particulière. Les personnages sont peu nombreux, les silences très présents et les moments mis en scène ne sont autre que de simples moments de vies. Rien d’extraordinaire, mais des moments nécessaires afin de donner vie à ses personnages principaux et de leur inculquer caractères et backgrounds.

Au travers de plans assez longs, souvent fixes, Pascal Plante laisse le temps au temps. Il laisse ses personnages vivres dans le cadre défini par l’objectif de la caméra et va les définir au travers des actions qu’ils vont réaliser. Des silences, des gestes, des mimiques physiques, un sourire ou non et des mots, ou une absence de mots qui aura du sens. C’est en ça, en cette extrême sobriété que le film Les Faux Tatouages gagne en identité et trouve une force quasi naturaliste. Tout n’est pas dit, certaines choses liées au passé des personnages ne seront pas implicitement expliquées, mais sera sous-entendu par le biais d’actions et de réactions qui feront prendre conscience au spectateur. Le non-dit est quelque chose de peu exploité au cinéma, à l’image du hors champ, mais il est tel le silence, un élément narratif aussi fort, voire plus fort, que l’explicatif, grâce à l’intensité de jeu des acteur.rice.s. L’alchimie, présente et palpable entre Anthony Therrien et Rose-Marie Perreault permet au film de gagner en intensité et compense de cette manière les quelques défauts que l’on aurait à lui reprocher. L’un introverti pour x ou y raison, l’autre plus décontractée, mais ils restent tous deux très mystérieux et se complètent, donnant lieu à des moments de vies drôles, tendres et charmants où ils vont mutuellement se redonner le sourire.

Le film Les Faux Tatouages ne révolutionne en rien le cinéma et en marquera pas les esprits, mais il n’en demeure pas moins un long métrage sincère et suffisamment bien conçu, tant dans son écriture que dans sa direction d’acteur et son acting pour emporter. Transporter le spectateur, lui permettre de s’attacher aux personnages afin qu’ils puissent mutuellement vivre des moments d’émotion sincères et tout bonnement naturels. Une oeuvre conventionnelle dans son déroulé, mais loin des conventions de la comédie romantique aseptisée et aux personnages bien trop hollywoodiens pour émouvoir, malgré une volonté de transcription de réalité. Ici la réalité est bien là, on y croît et on aime ça.


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