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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

« Endings, Beginning », le film de trop pour le prolifique Drake Doremus ?

Synopsis : « Une femme idéaliste tente de remettre sa vie amoureuse et financière sur les rails, mais se retrouve en plein triangle amoureux entre un bad boy libre d’esprit et son meilleur ami plus stable et érudit. »


Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position “je m’installe comme à la maison” ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…

Metteur en scène mésestimé, Drake Doremus est un cinéaste prolifique qui enchaîne les projets à se demander à quel point ses projets sont rentables. Avec un long-métrage par an, il est de ces cinéastes dont les films coûtent moins de cinq millions de dollars, mais qui ne connaissent pas de gros succès en salles. Lorsqu’ils trouvent le chemin vers les salles obscures. Ce qui n’est pas le cas de tous ses films, ce qui n’est pas le cas de sa nouvelle réalisation « Endings, Beginning ». Cinéaste adepte de la comédie romantique, s’il est si mésestimé, c’est avant tout à cause de cet amoncellement de projets qui se ressemblent. Qui se ressemblent dans le fond, mais pas dans le forme. Si toutes les comédies romantiques racontent fondamentalement la même chose (deux individus tombent en amour et vont devoir se battre pour conserver cet amour), film après film, Drake Doremus exploite la formule par le prisme d’un nouveau concept. Concept que le scénario va tenter d’exploiter dans les moindres rouages afin de donner vie à une oeuvre unique, même si fondamentalement peu originale. Redonner de la vie et tenter de créer à partir d’une matière éculée et connue de tous.

L’amour à distance, l’amour entre deux êtres synthétiques, l’amour à cause d’une maladie ou encore l’amour dans un couple ouvert dont les êtres sont dépendant aux applications de rencontre. Partir d’un concept original afin de créer des situations qui vont différer suivant le concept narratif initial. Drake Doremus est un cinéaste conceptuel, un cinéaste que l’on aime et que l’on suit avec assiduité depuis 2011 et son superbe Like Crazy. Depuis, s’il ne nous a jamais surpris, il ne nous a jamais déçu grâce à des films aux concepts intéressants, développant une cinématographie qui questionne l’amour et le sentiment amoureux sous toutes ses formes. Présenté au Toronto International Film Festival 2019, « Endings, Beginning » c’est dévoilé aux spectateurs américains et nord-américains le 1er Mai 2020 via une sortie en vidéo à la demande. Une sortie discrète, parmi bons nombres de sorties attendues ou non, qui ne permet pas au film d’avoir une belle visibilité. Malheureusement, ce ne sont pas les retours spectateurs et critiques qui vont lui permettre de créer un bouche à oreille. Si l’on attendait avec curiosité la cuvée 2020 de Drake Doremus, la douche fut aussi froide qu’inattendue. Comment allait-il nous parler du sentiment amoureux cette fois-ci ?

Si son trio d’acteurs et d’actrices était sur le papier attrayant et réjouissant (Shailene Woodley, Jamie Dornan et Sebastian Stan), il n’y a bien que ce dernier qui permet de tenir le spectateur en haleine près de deux heures de temps. Si la photographie de Marianne Bakke, douce et lumineuse qui joue avec élégance sur les sources de lumières pour enrichir l’image, permet d’obtenir un film continuellement élégant et agréable à regarder, son scénario va lui peser telle une enclume qui le tire continuellement vers les profondeurs. Si l’on en attendait un concept, l’on a finalement découvert un cliché. Le cliché du triangle amoureux causé par une jeune femme qui se remet en question et qui hésite entre l’homme doux et attentionné qui lui fait l’amour dans la chambre à coucher avec l’homme musculeux qui la baise avec virilité sur la table de la cuisine. S’épanouir continuellement dans un fantasme qui ne sera que temporaire ou choisir l’amour ? Une question intéressante et dont il avait jusque-là jamais été question dans la filmographie du cinéaste (pas de cette manière en tout cas), mais traitée à des centaines de reprises de l’exact même manière. Prévisible, convenu et d’une facilité aberrante qui laisse pantois jusqu’au lancement du générique de fin. Aucune volonté de renouveler un genre ou d’inculquer une quelconque originalité à un script aux clichés éculés jusqu’à la moelle. Le concept de la femme moderne est un propos intéressant, pouvant être traité de diverse manière au cinéma, mais il est ici traité avec une facilité aberrante, provoquant aisément quelques inepties qui vont finalement à l’encontre d’agissements naturels dans les mêmes circonstances.

Drake Doremus déçoit et déconcerte avec un film au script éculé et qui enchaîne clichés et mises en situations déjà exploités par de nombreux cinéastes par le passé. Néanmoins il n’en demeure pas moins un film dont la patte du cinéaste se fait ressentir dans le moindre des plans. Une luminosité continuelle, une douceur enivrante et une sensualité que l’on constate dans sa manière de filmer et de diriger son casting. Le sentiment amoureux et de désire est on ne peut plus présent. Drake Doremus confirme savoir mettre en scène le désir et le sentiment naissant, puis galvanisant. Malheureusement, il est pour le spectateur difficile de ressentir la moindre émotion lorsque se développe de manière exponentielle cette impression de revoir un film déjà vu, alors qu’il s’attendait à une once, aussi légère soit-elle, d’originalité. C’est visuellement beau et élégant, avec une stylisation du moindre choix de mise en scène, mais ça ne raconte absolument rien. Ou plutôt, rien d’original et d’intéressant. Le film d’une directrice de la photographie, Marianne Bakke, qui se dévoile au monde et confirme un certain talent pour créer de belles images.


Disponible depuis le 1er Mai 2020 sur Apple TV

« Cinéaste prolifique, Drake Doremus divise grâce à des romances prévisibles, mais conceptuelles dans leurs manières d’aborder le sentiment amoureux. Si lumineux et agréable, « Endings, Beginning » est LE film de trop. Trop consensuel, aucunement conceptuel, vu et revu. »


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