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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

[Critique] Interstellar réalisé par Christopher Nolan

Interstellar-Critique-Affiche

« Le film raconte les aventures d’un groupe d’explorateurs qui utilisent une faille récemment découverte dans l’espace-temps afin de repousser les limites humaines et partir à la conquête des distances astronomiques dans un voyage interstellaire. »

[Critique garantie sans spoilers]

Enfin. Il arrive dans nos salles. Le tant attendu et redouté Interstellar, le nouveau film de Christopher Nolan, cinéaste peut être autant admiré que détesté. De Following à The Dark Knight Rises, le monsieur a su construire une filmographie impressionnante qui a pu diviser (la trilogie Dark Knight) comme rassembler (Le Prestige, Inception) avec toujours autant de débats enflammés. Et ce n’est pas avec Interstellar, œuvre citant autant un Disney méconnu (The Black Hole) que Steven Spielberg et Stanley Kubrick que Christopher Nolan va mettre tout le monde d’accord. Et pourtant.

Il est très dur d’écrire sur Interstellar, et il va certainement être encore plus dur de paraître crédible. Lorsque la dernière ligne du générique a disparu de l’écran, j’étais bouche bée, comme souvent avec ce réalisateur. Les mots ne venaient pas, mais petit à petit, ils sont venus. Durement, mais maintenant ils sont là. Et s’ils ne rendront peut-être pas hommage à ce que monsieur Christopher Nolan nous a servis, ils vous convaincront (j’espère) d’aller le voir. Alors accrochez-vous.

Comme je le disais, dans toute sa filmographie, Nolan a su (malgré ce que diront ses haters) construire quelque chose de cohérent. Et aujourd’hui, sa carrière prend un nouveau tournant. A la manière d’un David Fincher avec Zodiac ou d’un Paul Thomas Anderson avec There Will Be Blood, Nolan, bien que restant dans ses thématiques habituelles, les pousse un cran bien plus loin, et offre une œuvre d’une ambition folle, remplie de modèles et de références, mais ne s’y noyant jamais, pour offrir ce que l’on peut sans doute, au jour d’aujourd’hui, qualifier de film de l’année.

Je vais essayer de parler le moins possible de l’histoire d‘Interstellar, tant en découvrir les multiples facettes est quelque chose de grandiose. Si vous n’avez vu aucune bande-annonce, restez loin de toute image, tant les détails visuels du film sont un régal à découvrir sur grand écran. Pour faire court et absolument sans spoilers, le postulat de base est que dans un monde proche de la rupture, une solution doit être trouvée pour sauver l’humanité, et que le personnage de Matthew McConaughey est peut-être une des clés pour cette mission.

En partant de là, Nolan va nous offrir une odyssée humaine regorgeant d’idées, d’humour, d’émotions et de moments de bravoures fous. Car oui, là où ses haters s’amusaient à le descendre pour ses films « froids, à la réalisation automatique, sans humour ni émotions », ils vont être bien embêtés ici. Bon s’ils ont trouvé ces défauts sur les autres films du monsieur, ils ne vont peut-être pas se gêner, mais là ce serait vraiment stupide à dire, tant Nolan semble s’amuser à contrer tous ces arguments. Ainsi, dans sa mise en scène et sa narration, il gère avec une maîtrise hallucinante les propriétés et dimensions physiques auxquelles il s’intéresse. Certaines scènes ne sont littéralement jamais vues au cinéma (je suis très sérieux) et sa gestion du temps et de l’espace, déjà remarquable dans un Inception ou un Memento, explose au grand jour, en renvoyant le reste de sa filmographie aux oubliettes en matière d’ambitions, d’intelligence, de divertissement. En intégrant certains éléments de film d’équipe à la The Right Stuff ou même Alien dans une certaine mesure, Nolan et son frère (Jonathan Nolan) s’amusent avec des dialogues parfois très drôles et remplis de punchlines. Quant à l’émotion, celui qui la niera est certainement l’homme à la mauvaise foi la plus prononcée au monde. certaines scènes brisent le cœur, tout au long du film, dans tous les actes et de plein de manières différentes.

L’émotion est en plus amenée par une score hallucinant de Hans Zimmer qui, certainement fatigué de voir son score d’Inception mal copié depuis 4 ans, est parti dans un registre complètement différent, envoûtant et parfois d’une délicatesse remarquable, où pas une seule note n’est à enlever. Mais ce qui amène le mieux cette émotion ce sont certainement les acteurs. On parle d’un film de Nolan, donc il n’aura probablement aucun Oscar, mais s’il fallait lui en donner, Matthew McConaughey et Jessica Chastain sont les candidats les mieux désignés. Si la belle nous éblouit encore une fois, c’est Matthew McConaughey qui, en s’éloignant de son registre habituel, impressionne le plus. En donnant tout ce qu’il a, il nous fait souvent oublier que nous sommes devant une œuvre fictive, et nous plonge avec ses tripes dans le voyage intérieur et physique de son personnage. Évidemment, le reste du casting n’est pas en reste, mais face à ses deux là, il est difficile de ressortir un autre nom.

Je parlais plus haut de différents actes et justement ça me permet de soulever un autre point du film. La narration de Nolan est exemplaire, mais réellement. On n’a jamais l’impression de passer d’un acte à l’autre, et tout est fait dans sa mise en scène et son scénario pour que l’on comprenne tout ce qui se passe, mais en même temps, on n’est jamais pris pour des imbéciles. Nolan nous fait passer quelques infos au fur et à mesure du film, sans jamais nous gaver et toujours de manière à ce que l’on s’en rappelle au moment opportun.

Mais, et rappelons-le, Interstellar est un film de Nolan. Oui, on peut y voir du Terrence Malick et du Steven Spielberg dans son traitement de la partie humaine et familiale du film, et du Stanley Kubrick dans le design de certains objets ou sur certains plans. Nolan assume totalement ses influences, mais en même temps ne les laisse jamais le dépasser. C’est avant tout un film de Christopher (et Jonathan) Nolan. Et on pourra essayer de le dénigrer de toutes les manières que l’on voudra, ils ont faits un film original, brillant et maîtrisé de bout en bout. On n’est évidemment jamais obligé d’aimer un film, mais il ne faut pas dire de bêtises dessus non plus, et quand on vous dira qu’il n’y a rien d’original, il ne faudra pas plier, car certaines choses n’ont jamais été faites de cette manière au ciné.

J’encourage donc tout le monde à aller voir Interstellar. Déjà parce que c’est un immense film et ensuite car Nolan passe à autre chose, en matière d’ambitions, de réalisation et d’ampleur. C’est d’ailleurs hallucinant qu’un film comme celui-là ait été produit aujourd’hui, à l’époque où l’on dénonce le manque d’inventivité des studios etc. Interstellar est donc une leçon de cinéma, mais aussi quelque chose de parfois jamais vu, et que l’on ne verra sans doute plus beaucoup au ciné.

5/5

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