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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Coldwater [Critique]

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Au cinéma, il y a deux genres de films de fictions qui se démarquent grossièrement. Les films grands publics, produits de studios plus ou moins osés et de qualités, mais généralement des films assez accessibles à tous. Et les films produits hors studios, films d’auteur plus ou moins bons et originaux, mais généralement assez osés et surtout sans contrainte de productions. Dans cette catégorie on voit de tout, aussi bien du Terrence Malick que des drames de « Sundance » ou encore le film qui nous intéresse aujourd’hui.

Coldwater raconte donc l’histoire de Brad Lunders, incarné par un PJ Boudousqué étincelant et sosie total de Ryan Gosling, un jeune qui vend de la drogue à ses heures, dont on découvrira l’histoire par flashback, tous très efficaces et nous permettant de nous échapper le temps de quelques minutes de l’enfer de Coldwater. Il est envoyé au camp de redressement pour mineurs de Coldwater par sa mère. Des camps comme celui-ci, il en a existé et il en existe certainement encore, et le but du film, assumé par le réalisateur lui-même, est de dénoncer ces institutions à la croisée de Full Metal Jacket, Dog Pound et Midnight Express.

Vous comprenez donc sans doute le principal défaut du film, le propos est déjà vu, notamment par les 3 films que je viens de citer, à travers plusieurs éléments du récit, le sergent instructeur (Full Metal Jacket), les mauvais traitements réguliers et brutaux (Dog Pound) et le rêve de s’échapper de cet enfer sur Terre (Midnight Express). Certaines scènes assez insoutenables semblent donc trop violente, mais au final, elles se justifient dans la démarche du film, nous montrer ce qui se passait dans ces camps. Et ce n’est pas comme si de rien n’était relié, le film nous fait le portrait d’un microcosme, de comment on y arrive et de pourquoi la punition est bien trop dure.

Car oui, le film est violent. Extrême parfois. Le traitement des sévices infligés aux pensionnaires de Coldwater est ultra frontal et sans fard (on est loin de la stylisation de Winding Refn sur Only God Forgives ou du désamorçage par l’humour de Tarantino). On est piégé avec les pensionnaires au milieu de nulle part, au milieu de surveillants sadiques, d’un infirmier muet (sans doute le meilleur personnage du film) et d’un instructeur relativement taré, et comme les personnages, on ne sait pas quand cela finira. L’histoire avance néanmoins, avec les flashbacks, qui nous racontent l’histoire de Brad et sont même à l’origine d’une des scènes les plus tragiques du film. La deuxième partie du film, avec l’introduction d’un nouveau personnage devient assez énorme, avec une montée en tension et un tragique très prononcé, jusqu’à la dernière partie, choc, qui risque de faire polémique.

Mais la force de Coldwater est qu’il n’est pas manichéen. Si les surveillants ne sont pas développés, l’instructeur l’est et bien. Le personnage de Brad aussi, très controversé. Oui le gars a foiré, vendu de la drogue et s’est frotté à des types pas nets, mais en plein chemin vers la rédemption, un évènement renverse tout (un peu comme dans Fruitvale Station, mais en mieux). Oui Brad méritait une certaine sorte de punition pour toutes ses infractions, mais certainement pas à ce point-là.

Au final, Coldwater est un film fort, puissant et prenant. Il n’évite certes pas certains écueils liés à son sujet, mais pour un premier film, c’est non seulement excellent, mais très pertinent. Vu sa violence, son sujet et son caractère auteur, Coldwater risque de ne pas être distribué partout et certainement pas très bien. Mais si vous en avez l’occasion, courrez-y, car c’est non seulement un film fort, mais un film nécessaire. Dur, très dur, mais nécessaire.

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