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Brightburn, Superman met l’espèce humaine à ses pieds dans un remake de Destination Finale

Synopsis : « Un enfant venu d’un autre monde se pose en catastrophe sur Terre. Loin de devenir un héros aux yeux de l’humanité, il va se révéler terriblement malveillant… »


Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position “je m’installe comme à la maison” ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…

Produit par James Gunn et scénarisé par le duo Brian Gunn/Mark Gunn, Brightburn est sur le papier un film de famille. Les trois cousins se lancent bille en tête dans l’idée d’imaginer une relecture sombre et maléfique, d’une icône de la pop-culture. Et si, celui que l’on nomme Superman, n’avait finalement rien de super. Et si ce dernier n’avait pas été envoyé sur Terre pour sauver les humains et devenir un dieu à leurs yeux, mais pour les anéantir et conquérir le monde ? Ce qui ressemble à s’y méprendre à une idée écrite sur le comptoir d’un bar lors d’un rassemblement entre ami.e.s, n’est pas une si mauvaise idée. Alors que le film de super héros est devenu un genre à part entière que l’on mange chaque mois et à toutes les sauces, détourner l’histoire de l’un des fondateurs du genre est extrêmement attrayant. Attrayant, car les scénaristes ont à ce moment entre leurs mains la possibilité d’offrir aux spectateurs quelque chose qui sort de l’ordinaire. À savoir un antagoniste extrême, incontrôlable, pouvant soumettre l’espèce humaine. Alors que les studios s’efforcent à vouloir rendre amicaux et touchant les plus grands méchants de la pop-culture, Brightburn réussi-t-il a nous offrir le spectacle dévastateur attendu ?

Si l’on pouvait bien avoir une garantie, c’était envers le producteur James Gunn et son amour pour ce médium artistique qu’est le comic-book. L’ayant prouvé à de multiples reprises, et que l’on parle de Guardians of the Galaxy ou d’une autre licence, il est de ceux qui ont grandis en lisant des comic-books ou en regardant leurs adaptations. Au-delà de cette connaissance, l’avantage d’un mythe populaire tel que Superman, est que son histoire est connue de tous. Comics, films, séries, podcasts, articles… l’histoire de Superman a été racontée par toutes et tous. On la connaît plus ou moins bien et la détourner tout en cherchant à y rester fidèle est une chose simple. Le plus compliqué subsiste en la création d’une réelle matière autour de cette simple note d’intention pour lui donner un réel intérêt. Là est fondamentalement le réel problème de ce Brightburn. C’est une note d’intention avant d’être un film. Il a été vendu sur cette même note d’intention et le film dans sa globalité se résume qu’à cette même note d’intention. Il n’est rien de plus, il ne raconte rien de plus. Ses personnages ne sont que des faires valois, que de la chair à canon pour celui qui va devoir faire ses preuves en temps que tueur en série.

Néanmoins, Brightburn n’est pas pour autant mal écrit. Si ces personnages ne nous marquent pas, amputant le film de tout impact émotionnel possible, leurs rôles en tant que faires valois, vont avoir un intérêt vis-à-vis des actions réalisées par l’enfant prodige. Tout est dans cette terminologie. Brandon Breyer aka l’enfant prodige, est un enfant. Il est un enfant en proie aux doutes, rongé par le conflit et porté par la crédulité, la naïveté propre à un jeune enfant. La naïveté chez l’enfant est très bien exploité au sein du scénario afin de justifier partiellement cette rage qui subsiste en lui et qui va par la suite éclater faisant fondamentalement basculé Brightburn en un slasher movie absolument sans concessions. Le choix de la première victime démontre la volonté des scénaristes de bousculer le spectateur tout en prouvant qu’ils veulent avant tout exploiter le fait qu’il ne soit qu’un enfant. Une victime qui va faire monter le film d’un ton et permettre au spectateur de finalement prendre du plaisir. Brightburn est un slasher movie qui emprunte énormément au cinéma d’horreur moderne. Le rapprochement avec les films de possessions est immédiat.

De la mise en scène au mixage sonore, en passant par la bande originale et la cinématographie, l’accent est mis sur l’angoisse, sur la montée en tension d’un personnage possédé par le démon. Néanmoins, et fort heureusement, Brughtburn s’en émancipe dès lors que le personnage devient réellement ce démon qui prend plaisir à tuer les êtres humains qui osent se dresser sur son chemin. Un slasher movie fondamentalement jubilatoire, car jusqu’au-boutiste et sans aucune retenue vis-à-vis des humains qui pensent qu’ils peuvent raisonner l’enfant prodige. C’est mettre à mal et prendre le contre-pied de toute la bien-pensée que l’on retrouve dans tous les films de super héros modernes. Le metteur en scène prend même plaisir à jouer avec le spectateur, avec la volonté malsaine (et tout à fait humaine) de ce dernier de vouloir voir ce dont l’enfant prodige est capable. Si certaines scènes du film Hereditary vous ont marqué l’année passée, Brightburn pourrait vous permettre de faire une mise à jour à ce niveau. Le rapprochement avec la saga Destination Finale est obligatoire, tant l’enfant prodige devient ici par déduction logique ce dieu qui possède les facultés de jouer avec les êtres humains tel un marionnettiste avec ses pantins.

S’il est férocement plaisant et jubilatoire dans sa montée en puissance et son accumulation de meurtres tous plus violents les uns que les autres (pour une production américaine du type), Brightburn demeure pour autant une oeuvre qui n’a fondamentalement aucune identité. Des personnages pas intéressants qui font des choix qui jonglent entre le logique et l’illogique, aucun attachement émotionnel, une réalisation perfectible qui oscille entre l’agréable et les plans non stabilisés incompréhensibles, un mixage sonore des plus désuets et un réel mist-cast concernant le protagoniste. Subsiste une atmosphère globale suffisamment bien travaillée et cohérente (version dark du mythe de Superman), pour permettre au spectateur de rester attentif avant que la machine infernale se mette en route. Divertissant, efficace, mais ne va jamais au-delà de la simple note d’intention.


« Superman rencontre Destination Finale dans un slasher movie aussi gore que redoutable, même si perfectible et dénué d’âme. »


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