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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Benni, portrait d’enfance d’une écorchée vif

Synopsis : « Benni a neuf ans. Négligée par sa mère, elle est enfermée depuis sa petite enfance dans une violence qu’elle n’arrive plus à contenir. Prise en charge par les services sociaux, elle n’aspire pourtant qu’à être protégée et retrouver l’amour maternel qui lui manque tant. De foyer en foyer, son assistante sociale et Micha, un éducateur, tenteront tout pour calmer ses blessures et l’aider à trouver une place dans le monde. »

Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position “je m’installe comme à la maison” ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…

Premier long-métrage de la cinéaste allemande Nora FingscheidtBenni suit l’histoire d’une petite fille de 9 ans, Benni (Helena Zengel, grande révélation), négligée par sa mère, en proie à des crises de violence qui la rendent incontrôlable. Prise en charge par les services sociaux, Benni passe de foyer en foyer, rejetée pour le danger qu’elle représente pour elle-même, ainsi que pour autrui, alors qu’elle est perpétuellement en recherche d’un amour maternel. Son assistante sociale et son assistant de vie social, Micha (Albrecht Schuch), vont l’aider à trouver une place dans un système qui ne veut pas d’elle. 

Pour son premier long-métrage de fiction, Nora Fingscheidt revendique la volonté de faire un film sur un personnage qu’elle considère trop rare au cinéma, celui d’une petite fille « sauvage ». Un archétype de personnage auquel elle s’identifie, la cinéaste ayant été elle-même ce genre d’enfant. C’est lors du tournage d’un documentaire dans un centre d’hébergement pour femmes que l’idée du film Benni lui vient en tête. Lorsqu’elle rencontre une jeune fille de 14 ans. La cinéaste s’est donc lancée dans une recherche documentaire, collectant des informations auprès de plusieurs institutions, notamment des foyers pour enfants et un service de psychiatrie enfantine, pour être dans la représentation la plus authentique possible du quotidien des travailleurs sociaux qui accompagnent ces enfants dans la vie de tous les jours. La caméra de la cinéaste capte le quotidien de Benni et son environnement avec un regard plus proche du documentaire que de la fiction, au plus près de son personnage, filmant un corps fragile qui prend les coups et les encaisses comme aucun autre. Sous la peau de Benni, la jeune Helena Zengel est terrifiante dans ses crises de violence, déployant une énergie devant la caméra qui met le spectateur à rude épreuve émotionnellement, jusqu’à l’épuisement. Mais sous ses airs d’enfant sauvage et violent se cache une tendresse et une douceur, une fragilité d’écorchée vif dans un regard qui nous touche en plein cœur. 

Dans son portrait sur l’enfance, Benni oscille constamment entre une violence brute qui nous met K.O, nous attrape et nous épuise, avant de devenir un récit d’une tendresse folle sur des êtres en manque d’amour, des laissés pour compte rejeter par un système qui les laissent sur le bas côté à cause de leur différence, à l’image de Benni et Micha, deux personnages unis par leurs blessures qui font pourtant leur force. Une relation père-fille sans en être vraiment une qui interroge les notions d’attachement et de distanciation dans le quotidien des travailleurs sociaux que la cinéaste dépeint avec une justesse admirable. 

Benni parvient à retranscrire avec justesse ce qu’est l’enfance dans un milieu social, avec un regard vif qui n’atténue jamais sa violence pour mieux en saisir la fragilité et la douceur de son personnage. On pourrait reprocher au long-métrage d’étendre un peu trop certaines situations sur la longueur, notamment dans un dernier tiers qui traîne un peu sur la longueur. Quelques défauts minimes semblables à ceux d’un premier film que l’on pardonne facilement. Portée par l’incroyable énergie de sa jeune actrice, Benni est le portrait brut d’une enfance d’écorchée vif, débordant de sincérité dans son écriture et dans le regard que pose sa cinéaste sur le magnifique personnage de cinéma qu’est Benni. 


Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs

« Petit bijou de sensibilité qui ne laisse pas indifférent. Jamais criard ou larmoyant dans son portrait d’une enfance désabusée, portée par la performance incroyable de sa jeune actrice. »

    

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