Synopsis : « Nouvelle recrue d’une équipe d’élite officiant pour le contre-espionnage américain, Mitch Rapp va suivre un rude entraînement mené par Stan Hurley, formateur légendaire de la CIA. Face à une vague d’attaques terroristes sans précédent à travers le monde, les deux hommes vont devoir s’attaquer à Ghost, un individu aussi dangereux qu’insaisissable, ayant pour intention de déclencher une guerre nucléaire. »
Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position « je m’installe comme à la maison » ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…
Dans les temps actuels, il est de bon goût pour les Américains de faire des thrillers d’espionnage qui résonne avec l’actualité politique pour ne pas la citer. Certains réalisent de purs produits de série B décérébré qui privilégie l’action, d’autres des films qui traite l’actualité au premier degré en posant une véritable réflexion sur le sujet, car le cinéma peut être à la fois du divertissement, mais aussi un média qui permet de réfléchir sur son temps et sa réalité. Mais il serait assez ironique de parler du film American Assassin comme d’un film qui apporte une réflexion sur son sujet.
Adapté du roman de Vince Flynn, le film de Michael Cuesta raconte l’histoire de Mitch Rapp (Dylan O’Brien), une nouvelle recrue de la CIA, qui suite à la mort de sa petite amie dans un attentat, intègre une équipe d’élite officiant pour le contre-espionnage. Former au rude entrainement d’un ancien vétéran de la guerre froide, Stan Hurley (Michael Keaton), les deux hommes se lance dans la traque d’un terroriste qui est sur le point de déclencher une guerre nucléaire entre les États-Unis et le Moyen-Orient. Le film American Assassin commence plutôt fort avec en guise de scène d’ouverture, un attentat sur une plage où le réalisateur filme en plan séquence la mort de plusieurs personnes tuées par des terroristes. La mise en scène se permet une violence hyperréaliste et osée, une action plutôt bien rythmée et nerveuse. Tout laisser envisager un thriller d’espionnage honnête, une bonne série B qui ne demande qu’à divertir.
Mais le souci est que Michael Cuesta semble persuadé qu’il est en train de réaliser un thriller digne d’un Jason Bourne, prenant bien au sérieux son propos politique sur le terrorisme et sortant un discours bien moralisateur sur la vengeance. Le traitement des relations politiques entre les gouvernements est totalement inconsistant, avec des dialogues et une écriture plate au possible (Edward Zwick, réalisateur de Blood Diamond, film qui à contrario portait un discours politique pertinent sur le trafic de diamants en Sierra Leone, figure parmi les scénaristes). Le personnage de Dylan O’Brien, qui tente désespérément de casser son image d’ado de la série Teen Wolf, ne bénéficie d’aucun développement. La seule caractéristique qui le définit est le but de la vengeance, un enjeu qui ne le rend guère intéressant ou même attachant. Michael Keaton, qui est capable du meilleur chez Alexandro Gonzales Inarritu dans Birdman ou encore dans Spotlight, est réduit ici à un rôle de vétéran ridicule qui lance des punchlines de militaire risibles.
La seule qualité, plus ou moins correcte, que l’on pourrait accorder à Michael Cuesta réside dans ses scènes d’action. Le réalisateur parvient à filmer l’action de manière rythmée et nerveuse, même si l’on reste tout de même passif devant ces scènes qui n’ont pas de réels enjeux, puisque l’on sait d’avance que nos bons vieux Américains vont une nouvelle fois gagner, ce qui montre la puérilité et la puanteur du discours réactionnaire que l’écriture ne manque pas de nous infliger.
American Assassin aurait pu jouer la carte du troisième degré et se contenter d’être une série B divertissante et bien rythmée. Il n’en ressort qu’un vulgaire et mauvais film d’espionnage à l’écriture simpliste, puéril et indigeste. Michael Cuesta joue la carte du premier degré et se mesure à un genre traiter bien plus sérieusement par des cinéastes comme Ridley Scott (Mensonge d’état) ou encore Kathryn Bigelow (lire notre critique de son nouveau film Detroit). À vouloir se prendre trop au sérieux, American Assassin rate joliment son statut de série B.
Le film est interdit aux moins de 12 ans avec avertissement
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