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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Aladdin frotte une nouvelle fois la lampe magique


Synopsis : « Quand un charmant garçon des rues du nom d’Aladdin cherche à conquérir le cœur de la belle, énigmatique et fougueuse princesse Jasmine, il fait appel au tout puissant Génie, le seul qui puisse lui permettre de réaliser trois vœux, dont celui de devenir le prince Ali pour mieux accéder au palais… »


Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position “je m’installe comme à la maison” ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…

Après La Belle et la Bête, le Livre de la jungle, Dumbo et avant Le roi Lion, c’est au tour de la magie de l’Orient avec Aladdin. En 1992, Disney propose en salles le film d’animation Aladdin après le carton monumental de La Belle et la Bête qui a même eu les honneurs d’obtenir une nomination à l’Oscar du meilleur film. Forcément, Aladdin était très attendu. Ce film d’animation avait pour lui : une chanson phare, Ce rêve bleu (A whole new world) et surtout un acteur génial dans le rôle du génie, le regretté Robin Williams. Proposer la version live d’Aladdin est une idée intéressante en soi mais comment rendre hommage à Robin Williams et réussir à proposer une réécriture digne de cet héritage, sans trahir sa mémoire..

Spoiler : sans surpasser l’original, cette version live est génial et réussie. Notamment parce que Will Smith, qui a la lourde tâche de reprendre le rôle du génie et chausser le costume de Robin Williams, s’en sort à merveille. Il invente son génie en y apportant sa folie et surtout son sens musical du rythme. Certaines des chansons présentes dans le film original sont réorchestrées avec des accents de hip-hop pour le plus grand plaisir de Will Smith. Le casting joue à la perfection avec la folie du génie, même si un point faible se révèle en la personne de Jafar. En 1992, ce vizir odieux et avide du pouvoir a les traits d’un homme fourbe et sournois. Ici, Marwan Kazari n’a pas les épaules assez larges lors des moments héroïques du final pour nous faire croire à ce génie maléfique. Il n’arrive pas à donner toute l’épaisseur nécessaire à la noirceur et aux névroses du vizir.

Puis le film souffre de quelques longueurs… Elles sont imposées par le scénario réécrit par Guy Ritchie et John August. En gardant la trame de départ, ils se permettent quelques pas de côté qui ralentissent l’histoire. La course poursuite entre Jasmine, Aladdin et les gardes est rallongée sans réel intérêt pour la narration. Tout comme l’arrestation d’Aladdin n’est pas suite à la rencontre avec Jasmine… il y a une petit quart d’heure d’amourette peu utile au film sauf à présenter la servante de la fille du sultan, la géniale Dalia portée par la drôlissime Nasim Pedrad. Cela renforce certains passages en les transformant en vaudevilles dignes des comédies de boulevard à la française mais sans la fantaisie burlesque des passages avec le génie.

C’est sans doute là le paradoxe de cette nouvelle version d’Aladdin : il y a des longueurs mais si elles ralentissent le film, elles ajoutent aussi à l’envie de découvrir la suite parce que l’on trépigne sur son fauteuil. Quand on connaît l’histoire, on n’attend les grands moments, les passages obligés. La caverne et la lampe, la chanson du Rêve bleu sur le tapis volant et les interventions du génie. Ces moments ne déçoivent pas car Guy Ritchie a le sens du rythme. Il propose des effets de réalisation que l’on a pu découvrir dans ces deux Sherlock avec ces ralentis de l’image. Surtout il propose un divin mariage de l’Orient des Mille et Une Nuits au cinéma de Bollywood. Il emprunte le meilleur des morceaux dansés de la plus grande industrie du cinéma mondial. Après Danny Boyle avec Slumdog Millionaire ou encore Gurinder Chadha avec Joue-là comme Beckham, Guy Ritchie embrasse le charme du cinéma indien avec beaucoup de respect.

Pour servir ces numéros de danses et de chants, le réalisateur s’appuye sur Will Smith et surtout deux acteurs adorables : Naomi Scott et Mena Massoud. On se souvient de ce Rêve bleu version 1992 et ici les voix l’emmènent plus haut. C’est magique, émouvant et ensorcelant. Les voix de Jasmine et d’Aladdin s’accordent parfaitement. Chacun a aussi ses moments en solo où leurs voix ne fait jamais défaut. Avec peut-être un petit plus pour Naomi Scott. Elle interprète une nouvelle chanson créée pour l’occasion : Speechless, en route pour la course aux Oscars. En 1992, A whole new world, (ce Rêve bleu) avait remporté le prix de la meilleure chanson originale. Les chansons reprises ne peuvent concourir de nouveau alors que les nouvelles créations seront autorisées. 27 ans après l’original, les Oscars pourraient bien se souvenir de cet Aladdin également. On appréciera enfin le travail vocal de Will Smith et les réorchestrations toute en nuances et en folie d’Alan Menken.

Les effets spéciaux, plutôt réussis, servent l’histoire et ajoutent même à la magie du génie de la lampe. Le tapis volant, l’animation d’Abou ou encore toutes les apparitions du génie. Les décors sont exceptionnels comme la cité d’Agrabah et les costumes incroyables comme pour le passage de la chanson du Prince Ali. Le film amuse, divertit, donne une furieuse envie de se dandiner et se lever de son siège pour danser dans la salle. Et puis il y a comme un réel plaisir coupable à comparer les différences entre l’original et cette nouvelle version. Le film procure un bien fou et donne le sourire aux lèvres. Will Smith est en grande partie responsable de cette joie de vivre qui s’empare du spectateur. Il sert habilement l’histoire et propose un nouveau génie qui ne copie pas Robin Williams. Il s’amuse, virevolte (grâce aux effets spéciaux), chante et danse. Il occupe l’écran sans jamais étouffer ses partenaires. Il propose aussi des scènes de drague complètement décalée et idiote. Une sacrée différence par rapport à l’histoire d’origine : une proposition décalée bienheureuse.

Enfin, Guy Ritchie ancre sa version de l’histoire avec des considérations actuelles. Jasmine n’est pas qu’une simple princesse qui doit trouver un mari (le passage avec son prétendant le prince Anders, interprété par Billy Magnussen est hilarant) : elle est une femme forte. Une femme de son temps prête à prendre de grandes décisions et à vouloir régner mais son père le sultan ne l’envisage pourtant pas. Cet Aladdin 2019 s’inscrit dans un message où la femme va prendre le pouvoir et diriger le monde… et en ce sens, Guy Ritchie se permet une petite modification dans la fin de l’histoire quand Jasmine choisit enfin Aladdin comme prétendant officiel et futur mari. Mais ne vous en faites pas, cela reste quand même l’Aladdin de Disney. Enfin et surtout, le film répond à une question posée par la version de 1992 : qui est le fameux marchand du début ? Là, c’est une surprise qu’il ne faut pas révéler… préférez plutôt la découverte de cette relecture tonitruante et drôle. Un film divertissant, chantant et émouvant par moment. Un spectacle pour toute la famille qui fera autant plaisir aux petits qu’aux grands.


« Le film amuse, divertit, donne une furieuse envie de se dandiner et se lever de son siège pour danser dans la salle. »


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