CinéCinéphile

Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

6 Underground, film de série « Bay » déjanté et explosif


Synopsis : « Quel est le meilleur avantage d’être mort ? Ce n’est pas d’échapper à votre patron, à votre ex, ou même d’effacer votre casier judiciaire. Ce qu’il y a de mieux avec la mort … c’est la liberté. La liberté de lutter contre l’injustice et le mal qui rôdent dans notre monde, sans que rien ni quiconque ne vous arrête. Six individus, issus des quatre coins du monde, tous, les meilleurs dans leur domaine, ont été choisis non seulement pour leurs compétences, mais aussi pour leur désir unique d’effacer leur passé afin de changer l’avenir.  La bande est réunie par un leader énigmatique, dont le seul objectif est de s’assurer que tous tomberont dans l’oubli mais que leurs actions, pour sûr, leur survivront. »


Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position “je m’installe comme à la maison” ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…

Le père des Transformers, le chantre du blockbuster purement américain, l’homme qui a révolutionné le cinéma d’action à la fin des années 1990, Michael Bay est de retour. Chacun de ses films a longtemps été synonyme de dollars dans les tiroirs-caisses. Pourtant, depuis quelques temps, c’est devenu compliqué. Transformers : The Last Knight en a fait les frais. Et aujourd’hui, quand vous subissez un revers au box-office, Hollywood vous propose deux choix : réaliser un film de commande ou aller voir ailleurs. Michael Bay a opté pour la deuxième option : direction Netflix qui coproduit avec Skydance, ce nouveau film totalement déjanté. Soit l’histoire d’une unité de cinq « mercenaires » choisis par un mystérieux milliardaire pour remettre la démocratie en place dans un pays d’Asie centrale, le Turgistan, qui n’existe plus aujourd’hui mais qui n’est ni tout à fait en Asie, ni tout à fait en Arabie. En clair, nous ne sommes pas à une aberration près chez Michael Bay.

Aberration, le mot est lancé ! Il caractérise le mieux le cinéma de Bay : des scènes d’action improbables mais qui fonctionnent toujours (si on oublie quelques fautes de montage). Des scénarios dans lesquels il y a souvent des vides bien utiles pour passer d’une scène à l’autre mais bien pénible pour qui cherche à réfléchir et comprendre ce qui se passe réellement. Pourtant est-ce véritablement cela que l’on attend du cinéma de Michael Bay ? Pour reprendre Pearl Harbor, basé sur des faits réels, le scénario de la romance amoureuse était inepte et incompréhensible. Mais doit-on réellement demander plus ? Parfois, on pourrait exiger ce petit supplément d’âme aperçu dans No pain, no gain ou la franchise Bad Boys et même Rock. Mais Michael Bay, c’est aussi et surtout du cinéma popcorn : idéal pour une soirée entre potes, sans prise de tête, le plaisir coupable.Ici, il faut le reconnaître, cette série « Bay » (vous apprécierez le jeu de mots) est un pur plaisir coupable. Plaisir parce que Ryan Reynolds est la tête d’affiche du film. Avec cet acteur canadien, devenu le plus grand amuseur public au cinéma, depuis notamment Deadpool et la façon dont ce super-héros irrévérencieux a su proposer la folie qui manquait aux Comics, on sait que l’on passera un bon moment. Coupable parce que le film n’apporte rien, ne renouvelle rien. Il est surtout vite consommé et très vite oublié mais qu’est-ce que ça fait du bien !

Avec la liberté offerte par la plateforme Netflix, le réalisateur américain est débarrassé d’une pression. Il se permet une réelle légèreté dans l’histoire de ces six fantômes bien plus qu’à l’accoutumée pour offrir un spectacle plus grand que nature, affranchi de la salle de cinéma. La preuve en est que ses anti-héros ne sont que par des chiffres, pour permettre l’essentiel : de l’explosion, de l’action, de la vitesse pour vous prendre par la main dès le début et ne vous lâcher qu’une fois la mission accomplie. Avec un budget de 150 millions de dollars, c’est le prix de cette fantaisie déjantée, le réalisateur peut faire tout ce qu’il veut, tout ce qu’il souhaite sans se débattre avec le dilemme du retour sur investissement. Et il faut le reconnaître l’argent se voit : des scènes d’action en veux-tu en voilà, un casting 5 étoiles qui contentera tout le monde et du placement de produits de luxe parce qu’entre les belles voitures, les montres, les tenues de gala dignes d’un défilé de mode, il ne faudra pas oublier le « petit » yacht tout équipé et une piscine sur le toit d’un immeuble… sinon ça serait moins drôle. Action dès l’entrée en scène avec une course poursuite dans les rues de Florence où les ralentis sur les voitures ou les balles tirées par les fenêtres sont légions : la patte Bay avec au passage quelques plans sur des cervelles qui giclent, un oeil qui se balade au bout de son nerf optique ou encore les balles que l’on peut suivre de la sortie du canon jusqu’au corps du méchant. Les plans s’enchaînent aussi à la vitesse de l’éclair pour empêcher le spectateur d’avoir ne serait-ce qu’une seconde pour souffler. Donc le scénario se limite à une aventure, une action comme extraire une balle du corps de Numéro deux tout en tentant d’échapper à des tueurs en série dans une voiture qui file à plus de 200 à l’heure dans des ruelles étroites… sinon ce serait moins drôle.

Laissant toute vraisemblance au placard, 6 Underground ne s’embarrasse jamais du scénario pour amener la fine équipe vers son but ultime : remettre la démocratie en place dans un pays qui n’est ni la Turquie, ni le Kurdistan mais un peu de tout. Une sorte de melting-pot géopolitique actuel où pourtant Bay fait preuve d’une subtilité, faisant passer Donald Trump pour le maître des relations internationales. Ici, le méchant n’est pas un islamiste radical mais un dictateur sans pitié qui asservit son peuple. Un dictateur qui fraye avec les émirats. Cependant ces derniers ne gèrent pas le gentil frère emprisonné souhaitant le retour de la démocratie. Non, ce frère est emprisonné dans une cage dorée située à Hong-Kong. Comme c’est pratique, le territoire indépendant chinois est justement, d’un point de vue démocratique, une prison. Mais pour éviter de froisser la puissance chinoise amie, la technologie de pointe qu’utilisera Ryan Reynolds sera possible grâce aux innovations chinoises… le héros rappelant bien que certains produits américains ne sont pas des plus performants.

Des produits performants ! Est-il besoin de rappeler la délicatesse avec laquelle le réalisateur en profite pour faire du placement de produit à tout-va ? Des montres, des voitures de marque et même le musée du Louvre à Abou-Dhabi. Le budget se voit dans les lieux de tournage magnifiés comme Florence et Las Vegas. Il reste même encore un peu d’argent pour que l’action coule à flot et offrir un casting cinq étoiles où personne n’est oubliée. La Française badass n’est autre que Mélanie Laurent, dont l’air détaché et hautain correspond tellement à l’image qu’elle renvoie en privé : une réussite totale car elle emballe le spectateur et l’histoire… au point même qu’elle éclipse Adria Arjona, autre beauté fatale du film. Quant aux hommes, ils ont soit les muscles mais pas le cerveau (Manuel Garcia-Ruflo), soit les muscles mais le côté tourmenté et mélancolique type « Bruce Wayne » (Corey Hawkins), soit la souplesse et l’intelligence de la jeunesse que l’on écoute pas (Ben Hardy). Et au-dessus, surnage Ryan Reynolds aux motivations parfois incertaines.

Mais pourquoi se poser tant de questions car voilà déjà le final surprenant où les héros nous dévoilent leur grand cœur. Car tout le monde le sait, derrière chaque redresseur de torts, se cache un sentimental dont le passé ne vous sera pas encore pleinement dévoilé. Envie pour Michael Bay de creuser un peu plus le passé de ces six « fantômes » lors d’une nouvelle aventure ? En y réfléchissant bien, ce ne serait pas une mauvaise idée. Avec l’accord de Netflix, Michael Bay vient de créer une nouvelle franchise de film popcorn dégoulinant d’action à outrance mais avec un fond de bons sentiments. Aussi, même si les motivations sont parfois obscures, le cerveau fera l’impasse sur l’histoire pour s’offrir un moment de détente idéal et amusant. Idéal en cette période de tension sur fond de climat déréglé et monde détraqué. Se détendre sans prise de tête, on n’en demande pas plus à ce 6 Underground qui fournit son quota de scènes de bravoure… et au final, le spectateur a-t-il besoin de plus ? Non alors pourquoi se priver ?


« Avec l’accord de Netflix, Michael Bay vient de créer une nouvelle franchise de film popcorn dégoulinant d’action à outrance mais avec un fond de bons sentiments. »


Au Suivant Poste

Précedent Poste

Poster un Commentaire

© 2024 CinéCinéphile

Thème par Anders Norén