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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

[MAJ Sortie Blu-Ray] 10 Cloverfield Lane (Critique | 2016)

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Synopsis : « Une jeune femme se réveille dans une cave après un accident de voiture. Ne sachant pas comment elle a atterri dans cet endroit, elle pense tout d’abord avoir été kidnappée. Son gardien tente de la rassurer en lui disant qu’il lui a sauvé la vie après une attaque chimique d’envergure. En l’absence de certitude, elle décide de s’échapper… »

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En février 2008, sortait au cinéma une production Bad Robot. Un film nommé Cloverfield dont le marketing viral avait enflammé internet en l’espace de quelques semaines. Rien ne prédisait que le film allait connaître ce succès. Un succès commercial grâce à un budget très léger, mais avant tout d’estime. Comme tout bon film qui se respecte, Cloverfield dispose de son lot de détracteurs, mais majoritairement le film fût bien reçut et lança un véritable engouement pour le concept que représente le found-footage. Concept aujourd’hui devenu vain. Alors que les fans du film réalisé par Matt Reeves et produit par J.J. Abrams attendaient véritablement une suite, et ce, rapidement, jamais ils ne l’eurent. Jusqu’à ce fameux 15 Janvier 2016. Un jour où fut dévoilée l’existence, ainsi que la première bande-annonce et la seule et unique affiche du film 10 Cloverfield Lane. Véritable ou fausse suite à Cloverfield ? Est-ce que la société Bad Robot a simplement voulu surfer sur le patronyme du premier film afin d’offrir à ce petit film indépendant une belle exposition, lui promettant une exploitation au cinéma bien plus grande que ce qu’il n’aurait pu avoir avec un autre titre ?

En avril 2014, était annoncé le tournage d’un film, dont le titre de travail était Valencia. Valencia, également connu sous le titre de travail The Cellar qui se révéla être ni plus ni moins que 10 Cloverfield Lane. 10 Cloverfield Lane, ou plutôt : « Comment faire d’un simple huis clos, un long-métrage qui s’inscrit pleinement dans l’univers créé en 2008 par Drew Goddard et J.J. Abrams ? » Valencia était au premier abord un simple huis clos qui ne devait rien à voir avec le film Cloverfield. Suite à une réécriture du script afin de lier ce projet au film précédemment cité, alors qu’une majeure partie des plans du film étaient déjà tournés, des reshoots ont été organisés, notamment du côté de La Nouvelle-Orléans. J.J. Abrams et les membres de la société Bad Robots, ont dans l’idée de créer un univers Cloverfield – trois films aux concepts différents pour le moment -. Une idée qui semble saugrenue et sans intérêt sur le papier, tant le film se suffit à lui-même de par son concept et sa finalité. Cependant, réaliser un long-métrage qui se déroule dans un univers commun ne signifie pas que ce dernier doit en reprendre ne serait ce que le concept ou créer de simples liens avec. 10 Cloverfield Lane se propose comme le pari risqué, mais fortement audacieux de prendre le contre-pied du film réalisé par Matt Reeves. Au revoir au genre qu’est celui du film-catastrophe et bonjour au huis clos.

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Cloverfield était un film à concept. Un film qui reposait sur la volonté de faire de la caméra les yeux mêmes du spectateur. D’où l’utilité du found-footage. Faire du spectateur un personnage à part entière du film. Une plongée dans cette paranoïa collective suscitée par des explosions, puis à l’attaque de la ville de New York par une créature géante, mais dont le visuel restera très largement mystérieux. Ce qui suscitera une peur d’autant plus forte, puisque ce que l’on ne voit, ce que l’on ne peut contrôler ou identifier, amplifie notre peur. Josh Campbell, Matthew Stuecken et Damien Chazelle l’ont bien compris et ont clairement identifié cette composante majeure qui faisait de Cloverfield le film catastrophe spectaculaire et anxiogène qu’il était. 10 Cloverfield Lane s’avère être dans sa continuité la plus parfaite à ce niveau. Le huis clos est la représentation même de l’oppression de la mise en image de cette sensation. Des cadres fermés par des murs omniprésents et qui enferment littéralement les personnages. Aucune respiration de possible, car aucune aérations ou fenêtres donnant sur l’extérieur, sur le ciel représentant l’air et la liberté. Trois personnages vont se retrouver enfermés dans un même lieu, dans ce lieu confiné, mais qui sont-ils ? Utilisant le point de vue du personnage féminin incarné par Mary Elisabeth Winstead, le spectateur va rapidement se lier à cette dernière. Elle deviendra celle qui devra prendre le contrôle du lieu et découvrir la vérité. Vérité sur ceux qui sont enfermés avec elle, mais également vérité sur ce qui se passe réellement à l’extérieur.

Dès sa première séquence, l’on sait à quoi on va avoir à faire. Dès la première séquence, l’on sait que c’est l’imprévisibilité de l’action qui va mener le scénario. Ce qui ne dérogera pas. Grâce à une belle caractérisation des personnages, le scénario ne fait pas que d’utiliser de simples stéréotypes. Il en joue par moment afin d’inculquer des moments de comédies et d’émotions, mais va avant tout chercher à mettre en place des contrastes. Créer une tension et faire en sorte que le spectateur ressente cette atmosphère anxiogène qui règne dans ce bunker. 10 Cloverfield Lane est un film où de par la mise en scène minimaliste, mais astucieuse et qui suffit amplement, ainsi que la réalisation, le spectateur ressent les diverses émotions que vont pouvoir ressentir les personnages. Dan Trachtenberg réussit amplement son contrat en signant un huis clos où l’oppression est le mot d’ordre. Un huis clos où règne l’anxiété et l’angoisse, et au cœur duquel, se confondent ennemi de l’intérieur et de l’extérieur. Cloverfield premier du nom réalisait l’exploit de faire d’une ville immense un terrain de jeu pour une créature à son image. Une créature qui pour les personnages et le spectateur n’était autre que cet ennemi invisible, permettant à l’angoisse de l’attaque inopinée d’être omniprésente. 10 Cloverfield Lane exploite de nouveau cette angoisse à une échelle différente, celle du bunker, du huis clos. Le suspense est de mise et jusqu’à son premier – et majeur – rebondissement, le spectateur ne saura quel est le véritable ennemi. Si ce dernier est bel et bien celui que l’on croit, à savoir extraterrestre à cause du terme Cloverfield que l’on retrouve dans le titre, ou s’il est tout autre. Un suspense qui tient en haleine et permet au film de ne pas subir de temps d’arrêts ou de passades où l’intérêt serait minimal.


En Conclusion :

Un scénario rondement bien mené et une mise en scène minimaliste – permettant au spectateur de chercher des indices et théories au travers d’objets disséminés dans le cadre – font de ce 10 Cloverfield Lane un huis clos haletant et où le spectateur ne prendra sa respiration qu’à une simple reprise. Même si bien caractérisés, les personnages gagnent en intérêt et en profondeurs grâce aux acteurs de choix que sont Mary Elisabeth Winstead et John Goodman. Ils portent littéralement le long-métrage et arrivent à nuancer leurs jeux afin d’entraîner et de convaincre les spectateurs que la vérité serait celle qu’ils voudraient croire ou faire croire. Cependant, on pourrait aisément reprocher au film des compositions qui cherchent absolument à mettre en avant les tensions présentes alors que la réalisation et le montage suffisent amplement. Un détail agaçant et malheureusement récurant dans le cinéma hollywoodien moderne qui cherche à mettre de la musique là où le besoin n’est pas présent. Après nous avoir bluffé avec son court-métrage Portal : No Escape, Dan Trachtenberg nous prouve sans esbroufes qu’il a l’étoffe d’un grand metteur en scène. Il sait admirablement créer ou amplifier une tension et faire transparaître une émotion par ses choix de mise en scène et de cadres. Oui 10 Cloverfield Lane est une véritable suite à Cloverfield. Oui, 10 Cloverfield Lane est une très belle et surprenante réussite.

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« Pourquoi y a-t-il si peu d’histoires originales ? »

Un menu principal sobre. L’image fixe de la maison avec à sa gauche le tunnel qui mène six pieds sous terre avec au bout de ce tunnel une ligne de choix de sous-menu. Sommaire, simple, mais efficace avec en fond sonore le thème principal du film orchestré par Bear McCreary. Ce Menu Principal qui est celui du DVD et du Blu-Ray du film 10 Cloverfield Lane est à l’image de son édition. D’une sobriété incroyable, sans fioriture, mais riche et joliment peaufiné. En sus de son film doté d’un beau rendu visuel, ainsi que d’un mixage sonore absolument magnifique rendant parfaitement hommage à ce que le film s’efforce de mettre en avant pour créer une ambiance si particulière, à savoir le son et le travail sur le son (bruitages comme dialogues et musiques), c’est une édition intéressante de contenu qui nous est parvenue.

Ce sont au total sept features qui dévoilent l’envers du décors et la façon dont a été imaginé puis créé le long métrage. De la création des décors jusqu’à la composition de la bande originale, en passant par le travail effectué sur la lumière, chacun des corps de métier nécessaire à la création d’un film va être mis en avant à un moment ou l’autre. A l’image du Bonus nommé « Kelvin Optical », dévoilant le lieu où a été intégralement conçu le film (pré-production, tournage et post-production), ce 10 Cloverfield Lane : « ressemble d’avantage à un film étudiant, à un film indépendant qu’à un blockbuster classique ». Tel que le déclame J.J. Abrams, producteur du film, dans la vidéo. J.J. Abrams qui répond également à la question présente ci-dessus dans un bonus qui raconte pourquoi faire un spin off à Cloverfield et non une suite. Un film étudiant joliment peaufiné et à l’équipe technique soudé, dont les membres s’écoutent mutuellement afin de donner vie à un film dont ils seront tous fiers. Sans compter le commentaire audio, les features représentent à peine plus de 30 minutes de vidéo, mais c’est complet et intéressant. On n’en demande pas plus.

Liste des Bonus :
  • Cloverfield
  • Mentalité de Survivaliste
  • Aux Abris
  • Spin-Off
  • Kelvin Optical
  • Réglage Précis
  • Fin de l’Histoire
  • + Commentaire Audio de Dan Trachtenberg (réalisateur) et J.J. Abrams (producteur et co-scénariste)

 

10 Cloverfield Lane, disponible dès le 26 juillet 2016 en DVD (16.99€), Blu-Ray (19.99€) et en Coffret Blu-Ray avec le film Cloverfield (24.99€).


 

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1 Commentaire

  1. Jean 2016-08-16

    Un scénario en huit clos mêlant thriller et science fiction. La fin est vraiment particulière et, pour ma part, à « gâché » le film qui tient le spectateur en haleine.

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