CinéCinéphile

Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

TOP 10 – Paul fait le bilan de son année cinéma 2016

Je me suis longtemps dit que j’allais, comme chaque année faire un top 10. J’ai d’ailleurs, en premier lieu, écrit cet article comme un top 10. Puis j’ai décidé de reconsidérer la chose, et de faire un top avec un nombre pas forcément rond, mais qui contiendrait tous les films que j’ai aimé cette année. Puis finalement, je suis revenu à l’idée d’un top 10, certes restrictif, mais qui permet justement de faire des choix, des sacrifices et de mieux orienter ou conseiller le choix des lecteurs qui seront amenés à vouloir découvrir ces films.
2016 fut, cinématographiquement parlant, une année de déceptions, avec son lot de films que j’attendais avec une immense impatience et qui ont pu me décevoir ou ne pas assez me satisfaire. Ce fut une année très peu riche et satisfaisante en termes de blockbusters, où les plus petits films ont émergés, où des productions inattendues ont su me transporter, me marquer. De nombreuses déceptions sur grand écran certes, mais à l’aube de 2017, un grand nombre d’attentes se profilent, et mon appétit de cinéma, et de mise en scène, télévisuelle ou autre, est toujours aussi grand.

Comme d’habitude, ce top est entièrement subjectif, il n’est cohérent que vis à vis de mes goûts personnels, et représente ma vision du cinéma (et que du cinéma, auquel ce topse limite). Je pense toutefois que tous ces films méritent leurs places, et méritent d’être défendus et débattus. Je refuse fondamentalement le paresseux « les goûts et les couleurs… », qui supprime toute notion de débat. Simplement je ne pense pas qu’on puisse froidement hiérarchiser les cinémas et décider que tel film est meilleur que tel autre, quand les styles, ambitions et genres s’opposent. Ces films sont donc, à mon avis, tous d’une excellence certaine, mais son avant tout mes coups de cœur, et je ne prétends pas les avoir classés selon un autre critère que celui-ci.

Dans ce top se trouvent donc mes films préférés de l’année, à des positions clairement définies (les premières places) ou plus variables en fonction de mon humeur. Dans tous les cas, ce sont les films que j’ai le plus aimés, avec assez peu (voir pas) de réserves, que j’ai jugé bon de mettre dans mon top. Et comme je suis quelqu’un de foncièrement drôle et amateur de suspense, j’ai décidé de vous les donner dans l’ordre décroissant (avec une petite explication à chaque fois).

 

10 - CREED

Je n’ai jamais vu de Rocky avant Creed. Mais Rocky, c’est la culture pop (plus un père fan des films, ça aide à connaître sans avoir jamais vu), et ce sont des images, des répliques, des scènes gravées dans une mémoire qui n’a jamais vu l’original, c’est vous dire. Et c’est tout ça que l’on retrouve dans Creed, au goût du jour. Alors je n’ai pas l’affect émotionnel des originaux, et pourtant Creed m’a touché, ému, impressionné. Efficace et remarquablement mis en scène.

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9 - DIVINES

Je n’aime pas les films français. Déjà parce que je pense que la très grande (immense) majorité sont mauvais et manquent d’ambition sur tous les terrains, puis parce que j’ai du mal avec les dialogues et acteurs, souvent trop théâtraux. Et puis il y a des films comme Divines. Qui osent, visuellement, en proposant des idées de mise en scène au fur et à mesure du film, pour toujours se renouveler. Et dans le fond, entre Scarface, The Wire et La Haine (sans atteindre non plus le niveau de ces deux films), en montrant la détresse et les moyens radicaux et dramatique pour s’en sortir, sans jugement, sans cynisme, sans discours de haine ou de stigmatisation. Oui, Divines a des défauts, mais il reste un film à part dans le paysage du cinéma français, un grand film.

Oulaya Amamra, Déborah Lukumuena


8 - THE BFG

Steven Spielberg adapte Roald Dahl. Ma description pourrait s’arrêter là. Un des plus grands cinéastes de tous les temps (et même le meilleur actuellement), avec une passion pour les contes, les histoires d’enfants, s’attaque à un des meilleurs livres pour enfants existant (et accessoirement mon livre de chevet). Du pain béni afin de garder la main avant de plus grosses adaptations et productions. Blockbuster léger, Spielberg mineur, Le Bon Gros Géant n’en reste pas moins un enchantement pour les yeux et le cœur, et l’enfant en nous.

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7 - THE VVITCH

Je flippe au cinéma. Je réagis très bien face aux effets pompeux, aux jump scares, aux trucs gros comme des maisons quoi. Mais j’ai rarement peur. Une vraie peur, niveau traumatisme, niveau Shining. Car les films d’horreurs sont souvent, justement, en su utilisation d’effets grossiers, ou simplement efficaces mais inoffensifs. The VVitch est dans l’autre catégorie. Celle des contes de sorcières dans les bois, de démons moyenâgeux, d’histoires qui font, vraiment, peur, par leur force évocatrice, par ce qu’elles cachent, par leur mystère. Et bien dans The VVitch, il y a tous ces éléments. La sorcière, le diable, les bois, l’ancien temps, celui propice à ce genre de phénomènes. Et il y a plus. La mise en scène démentielle, carrée et d’une précision incroyable pour un premier long d’un chef déco. Il y a un format intelligent, une tension et une peur permanente, un scénario confondant de simplicité, et pourtant porteur de nombreux thèmes, et embrouillant le cerveau. Le crescendo de la peur et de la violence, au fur et à mesure du décryptage, de l’évolution du récit, jusqu’à une fin exceptionnelle. Il y a eu de nombreux films d’horreurs en 2016. mais un seul film vraiment terrifiant.

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6 - CAROL

Carol, c’est le cinéma. Avec un grand C. Celui des histoires classiques, belles, élégantes, qui restent en tête par leur beauté, leur simplicité, leur portée universelle. Carol, c’est l’histoire de deux femmes qui tombent amoureuses dans les années 50. Et voilà. C’est avant la folie des 60s, après la tragédie de la guerre. C’est l’apogée des USA et de sa richesse, mais c’est aussi la période de la non avancée sociale. Et dans le film, il y a tout ça. L’opulence et la beauté, toujours sobres, et l’inévitable sanction sociale envers les marginales. Rooney Mara, sa sobriété et sa beauté. Cate Blanchett, sa classe, son élégance, sa beauté également. Les deux actrices tiennent le film, font croire à cette histoire d’amour, et deviennent immédiatement mythiques, filmées avec grâce, comme les grandes actrices d’autrefois. Décors somptueux, photographie belle à en pleurer, score envoutant et deux immenses actrices pour donner vie à une des plus belles histoires d’amour vue à l’écran depuis longtemps. Carol c’est le cinéma que l’on reverra dans des années, subjugués encore par sa beauté, son âme, son incarnation. Le cinéma qui ne vieillira jamais.

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5 - THE NEON DEMON

Ayant eu la chance de rencontrer NWR quelques mois avant la sortie du film, et d’en avoir parlé avec lui, c’est peu dire que The Neon Demon était une immense attente. Présenté comme un film d’horreur non conventionnel dans le milieu de la mode, le projet était taillé sur mesure pour le génie danois et ses obsessions visuelles folles. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que The Neon Demon remplit son cahier des charges. Visuellement parfait, enchaînement de séquences sublimes et envoutantes, le film n’oublie pas sa peinture effrayante d’un monde de vampires et de cannibales. Brûlot anti-système qui utilise toutes les armes de celui-ci, The Neon Demon est le plus beau cauchemar cinématographique depuis des lustres.

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4 - THE HATEFUL EIGHT

Quentin Tarantino, sa grande gueule, son mépris du cinéma numérique et sa cinéphilie hors du commun peuvent fatiguer, dans ses déclarations médiatiques notamment. C’est d’ailleurs à ça qu’il doit sa 4e place. QT mérite plus, mais a décidé que si on avait pas de projecteur 70mm dans sa ville, on ne verrait pas le vrai film. Mais tout ça s’oublie quand il prend une caméra. Quand il s’empare d’un 70mm inédit et grandiose, pour conter l’histoire d’un rassemblement de salauds incarnant les pires défauts de l’Amérique, dans un film à mi-chemin entre le western et The Thing de John Carpenter, on s’incline. Parce qu’avec tous ses défauts et son arrogance, QT est encore un maître quand il dialogue et met en scène. Parce qu’il instaure une tension vicieuse, violente et permanente 3h durant, enchaînant dialogues jouissifs et scène brutales, sans gratuité ni complaisance. Analyse de notre société, hommage, coup de maître et coup de poing. On attend le triplé de QT dans les grandes plaines de l’Ouest.

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3 - THE REVENANT

The Revenant, c’est le messie cinématographique. Le genre de film d’un mec sûr de lui, arrogant, prétentieux, qui y arrive. Inarritu et Lubezki vivent pour la performance, pour le grand cinéma au sens littéral du terme, celui des grands espaces, des grands mouvements de caméra, complexes et presque trop parfaits et impressionnants pour être réels. Le pire ? Ils y arrivent. Dans un récit quasi biblique d’une violence inouïe, qui semble revenir aux origines du cinéma le plus pur, ils installent leurs dispositifs techniques trop grands pour être vrais, et déroulent leur grammaire cinématographique à la perfection. Dialogues minimaux ponctuées de cris et grognements, scénario violent, sans répit et implacable, acteurs malmenés et géniaux, mais surtout mise en scène incroyable. Tout est parfait, pensé, millimétré. Les cadres, les perspectives, les acteurs, les effets spéciaux, les espaces, les idées de mise en scène, tout s’assemble, sous la baguette d’un immense chef d’orchestre, pour donner un chef-d’œuvre. Pas moins prétentieux qu’avec Birdman, Inarritu réussit ici l’exploit de ne rien rater. Tout est évident, logique, tape à l’œil certes, exactement là où il faut surtout. C’est de ces films là qu’est fait le grand cinéma.

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2 - ARRIVAL

Il n’y a aucune contestation est un film plus « petit » que ceux précédemment cités, plus bas dans le top. Et pourtant, dans son propos, il paraît à des années lumières plus haut qu’eux. Arrival, c’est un film sur la communication avant tout. La structure d’Inception au service d’un Rencontres du 3e Type filmé par Denis Villeneuve et Bradford Young au sommet de leur art. Un film sur l’humanité, à taille humaine. Un film sur des étrangers, des extra-terrestres, qui interroge frontalement nos sociétés, nos rapports à ces étrangers là, et nos rapports entre nous. Comment (se) parler, comment (se) comprendre. Et, au cœur du film, cette idée se révélant sur le tard, que face au drame, à la tragédie, et la fatalité absolue, la vie vaut quand même le coup d’être vécue pleinement. Vraie SF, film minimaliste mais immense dans ses ambitions, son propos, Arrival est un chef-d’œuvre.

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1 - STEVE JOBS

Je pense sincèrement que The Social Network est un des 2-3 plus grands films de l’Histoire du Cinéma. Alors quand j’ai appris que Aaron Sorkin s’attaquait de nouveau à une figure de l’informatique, aussi complexe que Steve Jobs, j’ai commencé à trépigner d’impatience. La suite spirituelle de The Social Network était donc en marche. Et le film s’est avéré être exactement ce que j’en attendais. Si Danny Boyle n’est pas David Fincher, il s’en sort avec brio, à l’aide d’une structure efficace et inédite, et surtout d’un Sorkin qui se surpasse. Si l’ensemble est inférieur, il y a des scènes de Steve Jobs qui, elles, surclassent les meilleurs moments de The Social Network.

Le film dans son ensemble est une boule de rythme, mené à 200 à l’heure par des acteurs phénoménaux et un Boyle bien au-dessus de ses capacités habituelles. Si la mise en scène semble sobre, elle est plutôt très précise et cohérente (Boyle décrit lui-même le film comme un film sur des gens qui parlent en étant debout), et aidée par un montage absolument exceptionnel. Dans son plus grand moment, Boyle convoque Jeff Daniels et Michael Fassbender pour débiter des dialogues d’une précision et d’une efficacité ahurissante, monté avec brio pour ce qui est sans nul doute la meilleure séquence cinématographique de l’année. Comme à son habitude, Sorkin n’oublie pas la remise en question de son personnage. Très loin d’être un hagiographe, il le dépeint avec une somme de défauts conséquente et contradictoire avec l’homme qui voulait bâtir des machines sans failles. Il ajoute également, en parallèle à sa propre vie, les rapports tumultueux qu’il entretient avec sa fille, véritable moteur du film, véritable différenciation du personnage par rapport à celui de The Social Network.

Brillamment mis en musique, en scène, en dialogue, avec des formats et une mise en scène progressive, Steve Jobs s’impose à chaque plan, à chaque dialogue, à chaque nuance de jeu de ses acteurs, comme le meilleur film qu’il aurait pu être, et comme le meilleur film de l’année.

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