CinéCinéphile

Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

The Snowman réalisé par Tomas Alfredson [Sortie de Séance Cinéma]

Synopsis : « Lorsque le détective d’une section d’élite enquête sur la disparition d’une victime lors des premières neiges de l’hiver, il craint qu’un serial killer recherché n’ait encore frappé. Avec l’aide d’une brillante recrue, il va tenter d’établir un lien entre des dizaines de cas non élucidés et la brutalité de ce dernier crime afin de mettre un terme à ce fléau, avant la tombée des prochaines neiges. »


Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position « je m’installe comme à la maison » ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…

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Six ans après « Tinker, Taylor, Soldier, Spy », Tomas Alfredson récidive et passe nouveau derrière la caméra pour adapter cette fois un roman signé Jo Nesbø. De John Le Carré à Jo Nesbø, décidément le cinéaste suédois aurait pu gagner le titre de cinéaste aux adaptations dites impossibles, car à l’ambition extrême. Grâce à l’aura du film « Tinker, Taylor, Soldier, Spy », qui avait su surprendre et séduire grandement en son temps, The Snowman partait gagnant et avec le destin de devenir le Se7en des années 2010. Néanmoins, il n’en sera rien et ne restera dans les mémoires que le film qui aurait pu être grand, mais ne sera finalement qu’un sombre gâchis de potentiel. Une histoire de départ réputée et signée Jo Nesbø, Tomas Alfredson à la mise en scène, Marco Beltrami à la composition, Dion Beebe à la photographie, Thelma Schoonmaker au montage, Martin Scorsese en producteur exécutif, et ce, sans parler du casting international porté par Michael Fassbender, Rebecca Ferguson, Charlotte Gainsbourg, J.K. Simmons, Val Kilmer et on en passe des meilleurs. Tout était réuni pour que The Snowman soit le thriller glacial attendu. Finalement, si les spectateurs sortent glacés par la séance c’est dû à ce résultat incompréhensible. Ou plutôt compréhensible dans son amoncellement de problèmes cinématographiques.

« Notre temps de tournage en Norvège était bien trop court et nous n’avions pas le scénario en entier avec nous. Quand nous nous sommes mis au montage, nous avons découvert qu’il manquait beaucoup de passages ! »

Tomas Alfredson


À l’image d’un Suicide Squad (exemple facile, mais concret, car qui parle au plus grand nombre), The Snowman est un film de studio. Non pas, que Tomas Alfredson n’ai pas eu la liberté nécessaire afin de réaliser le film voulu, mais il y forcément eu des désaccords entre lui et son équipe ou ses producteurs afin d’en arriver à un long-métrage si anarchique. Dès les premières secondes, on sent qu’il y a un problème. Les plans s’enchaînent très rapidement, trop rapidement. L’ambiance, sensée être oppressante et stressante, ne s’installe pas et peine malgré des plans qui nous font comprendre où le film, et le cinéaste à sa tête, veulent en venir. Le spectateur est mis sur la touche, ne ressent absolument rien à cause d’un montage formel et didactique qui ne laisse pas de place à l’instauration d’un suspense par des silences ou de longs plans. Tout s’enchaîne très vite comme s’il fallait lancer l’intrigue au plus tôt pour que le récit puisse se développer de manière à ce que le spectateur comprenne tout à l’histoire. L’œuvre dans son intégralité découle de cette manière. Tout ce qui pourrait être intéressant à la caractérisation (notamment psychologique NDLR) des personnages et à l’instauration d’une ambiance passe à la trappe dans le but de rendre l’histoire logique et compréhensible. L’entourloupe ne prend pas et ce montage cache-misère ne fait que rendre l’oeuvre plus catastrophique qu’elle n’aurait pu l’être. Le réalisateur Tomas Alfredson a déclaré que 15% du scénario n’avait pas été tourné, amputant de ce fait la bonne compréhension de l’histoire. Rapprochant le film The Snowman d’un puzzle incomplet et ne pouvant être complété. Le montage est de ce fait, le meilleur des remèdes du cinéma moderne afin de rendre l’histoire et ses différents rebondissements logiques.

Rendre l’histoire logique tant à rendre les interprétations des acteurs et actrices, ainsi que les agissements des personnages illogiques, car ces derniers ne bénéficient d’aucune caractérisation. Ils n’ont aucune personnalité, enchaînent bêtement les actions de manière téléphonée. Comme si le récit était, en partie, amputée de ses scènes émotionnelles et intimes, et que l’on en avait conservé que les moments d’enquête. Une enquête qui se tient d’un bout à l’autre, mais qui n’a aucun sens et dont le spectateur se moque éperdument, car aucunement affecté sur le plan émotionnel. Une aventure glaciale, oui car insipide et dénuée d’affect ou d’intérêt sur tous les plans. Et ce, même avec de grands artistes, à l’image comme au son, d’artistes comme Tomas Alfredson, Dion Beebe et Marco Beltrami. Oeuvre cinématographique surdécoupée (pour un thriller à ambiance), pour ne pas dire mal découpée afin de palier à divers problèmes qui amputerait à la bonne continuité du récit, le spectateur n’a pas le temps d’apprécier chacun des plans et la technicité du travail réalisé par le réalisateur ou son chef opérateur. Certains plans se démarquent, un sens du cadre, de la scénographie et de la gestion de la lumière afin d’user de la neige hivernale se font ressentir à certains moments, mais le montage, qui encore une fois cherche à rendre le tout cohérent, ne fait qu’aggraver les choses et aseptise une œuvre qui cherchait à faire l’exact opposé. Sans parler des compositions, extrêmement agréables à écouter en dehors du film, mais utilisées maladroitement dans le film et à la manière d’un jukebox afin de pallier au manque d’ambiance et de tension.

L’expression : « le cinéma est un art global et collectif » n’aura jamais eu autant de sens face à un long-métrage. D’un, ou plusieurs, problèmes techniques ou d’ordres artistiques, vont découler un amoncellement de problèmes qui vont toucher petit à petit chaque élément qui constitue le film dans sa finalité. Un engrenage infernal qui touche tant les techniciens (chef opérateur, compositeur, mixeurs…) que les acteurs (qui paraissent en roue libre totale) et faisant de The Snowman une oeuvre inhabitée, sans âme, superficielle et totalement artificielle alors que le potentiel est indiscutable. Un bien beau gâchis.

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