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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

The Pale Blue Eye

« Dans Votre Écran », votre rubrique qui revient en quelques mots, sur ces œuvres -majoritairement audiovisuelles- que nous découvrons depuis le Canada ou la France, sur notre écran de salon, d’ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Premier film événement à sortir sur Netflix en ce début d’année 2023, The Pale Blue Eye, le nouveau long-métrage du réalisateur américain Scott Cooper. Son premier essai sur la plateforme, après Les Brasiers de la ColèreHostiles ou encore plus récemment Affamés en salles.

Une nouvelle œuvre qui confirme le virage entrepris par son auteur avec son précédent film, dans une trajectoire plus horrifico-gothique afin de mieux explorer les fantômes d’une Amérique qui a du sang sur les mains.

À ce titre, le cinéaste retrouve Christian Bale, son acteur fétiche, avec lequel il forme un duo gagnant depuis Les Brasiers de la Colère, en passant par Hostiles où il offrait à l’ex-Dark Knight l’un de ses meilleurs rôles, avant ce The Pale Blue Eye.

Adapté d’un roman de Louis Bayard qui se déroule dans l’Amérique du début du XIXe siècle, Bale y incarne un commissaire à la retraite, désabusé, dont les services sont sollicités par l’Académie militaire pour enquêter sur le meurtre particulièrement atroce d’un officier.

Sur place, il fait la rencontre inattendue d’un jeune mais brillant cadet de West Point, nommé Edgar Allan Poe (incarné par Harry Melling, dont le Dudley d’Harry Potter semble bien loin), qu’il décide de recruter pour l’aider à résoudre ce qui va devenir une série de meurtres visant l’institution américaine, au sein de laquelle il est amené à enquêter.

Sur le papier, l’adaptation du roman de Bayard apparaît comme une évidence dans la filmographie de Scott Cooper, qui n’a pas abandonné l’ambition politique de son cinéma dans le revirement horrifique de son très beau Affamés. Un revirement dont The Pale Blue Eye représente la parfaite continuité, autant sur le plan thématique que formelle.

En effet, si Affamés avait déjà des allures de conte gothique, en grande partie dû à la présence de Guillermo Del Toro en tant que producteur, avec un monstre qui portait bien le sceau du cinéaste mexicain (l’un des designs de créatures les plus originaux vus récemment dans le cinéma américain), la poésie de l’auteur du Corbeau sied ici à merveille au style de Scott Cooper.

Mieux encore, elle se marie parfaitement avec l’élégance du classicisme dont il fait preuve dans sa mise en scène, le réalisateur d’Hostiles est ici très inspiré pour emballer un somptueux livre d’images digne d’un conte macabre qui n’a pas à rougir de la concurrence dans le registre du thriller occulte.

Un sous-genre dans lequel Edgar Allan Poe avait déjà fait l’objet d’une adaptation très libre, dans le très oubliable L’Ombre du Mal, avec un John Cusack peu inspiré dans le rôle du célèbre poète.

The Pale Blue Eye assume donc pleinement être une sorte de « Sherlock Holmes au pays de Poe », croisé avec la dimension politique et religieuse du Nom de la Rose, que Cooper parvient à relier avec ses obsessions, notamment lorsqu’il ausculte une institution américaine en pleine Guerre de Sécession, contexte qui servait déjà de décor à l’excellent Hostiles (son meilleur film à ce jour).

Malheureusement, si la première partie laisse espérer une merveille de polar gothique, le soufflet finit par retomber durant la deuxième heure, la faute à un rythme décousu dans l’enquête et un twist final finalement assez prévisible, dont la lourdeur explicative finit par prendre le pas sur l’émotion.

Un dernier tiers un peu raté qui confirme pourtant que Scott Cooper est l’un des cinéastes américains les plus doués du moment lorsqu’il est question d’offrir à son film une fin d’une tristesse infinie et poétique, après celle d’Affamés, déjà d’une cruauté absolue.

Reste une mise en scène plus qu’inspirée et un casting prestigieux jusque dans les plus petits seconds rôles (Gillian Anderson, Toby Jones, Timothy Spall, Robert Duvall, Charlotte Gainsbourg), mené par un excellent Christian Bale et un Harry Melling parfait en jeune Edgar Allan Poe.

Cela suffit à faire de The Pale Blue Eye un beau thriller occulte qui s’inscrit pleinement dans l’œuvre politique de son auteur. Solide.

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