Synopsis : « Quand la police leur amène le corps immaculé d’une Jane Doe (expression désignant une femme dont on ignore l’identité), Tommy Tilden et son fils, médecins-légistes, pensent que l’autopsie ne sera qu’une simple formalité. Au fur et à mesure de la nuit, ils ne cessent de découvrir des choses étranges et inquiétantes à l’intérieur du corps de la défunte. Alors qu’ils commencent à assembler les pièces d’un mystérieux puzzle, une force surnaturelle fait son apparition dans le crématorium… »
Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position « je m’installe comme à la maison » ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…
Six ans après en avoir surpris plus d’un lors d’un road trip à la chasse de Troll des plus impressionnants par sa maîtrise malgré un budget des plus minimalistes (The Troll Hunter, ndlr), le cinéaste norvégien André Øvredal réitère avec un nouveau long-métrage. Exit l’aspect « road movie », mais le fantastique reste cependant de la partie dans un huis clos qui aurait pu marquer les esprits. Qui aurait pu, car quoiqu’en disent les différents retours et avis sur le film, il n’en reste pas moins qu’un nouveau gâchis signé par un cinéaste en herbe qui s’est Américanisé pour assurer la pérennisation de sa carrière. Un corps sans vie doté d’aucune marque, retrouvé enterré dans une cave où a eu lieu un véritable massacre. Pour l’avancement de l’enquête, les Tilden père et fils ont une nuit pour découvrir qui elle est et comment elle est morte. De ce synopsis des plus conventionnels, sans être inintéressant pour autant, André Øvredal développe un huis clos où le fantastique va petit à petit prendre le pas sur la simple enquête. Malgré des défauts certains qui seront énumérés par la suite, André Øvredal fait une nouvelle fois preuve de tact dans son travail de metteur en scène. Efficace et concis, il ne fait pas preuve de grandiloquence et va à l’essentiel. La symétrie de son cadrage et l’efficacité de sa mise en scène permettent au film d’accrocher le spectateur et de conserver son dynamisme. Sans parler de la direction artistique tout aussi accrocheuse. L’opposition du orange et du bleu dans la colorimétrie (du chaud et du froid, du corps encore chaud au corps déjà rigide), aux différents jeux de lumière permettant d’offrir aux cadres un véritable relief permettant au stress de l’inexplicable se faire ressentir.
L’invisible fait indubitablement plus peur que le visible. André Øvredal avait prouvé l’avoir compris au travers de son précédent et premier film et prouve toujours en être conscient de par sa mise en scène, mais le scénario (écrit à quatre mains par Ian B. Goldberg et Richard Naing, qui œuvrent actuellement sur le nouveau Vendredi 13) gangrené par Hollywood ne voit pas les choses de la même manière. Même si bien ficelé et recherchant un semblant de naturel dans les dialogues et amorces de situations, ce qui n’est pas désagréable, son didactisme et ses facilités aberrantes gâchent le plaisir du spectateur cherchant à ne pas être que spectateur. Pourquoi tout expliquer ? Pourquoi tout montrer ? Pourquoi répondre aux questions et ne pas laisser la mise en scène parler ? Pris par la main et guidé du premier au dernier plan, sans lui laisser le temps de se poser des questions et de s’immerger pleinement au sein de cette morgue aux lieux oppressants, le spectateur assiste vainement à une succession d’actions dont ne ressortent finalement que les défauts. L’empathie et l’émotion ne passent pas outre l’écran, contrairement à l’ennui et à un sentiment de frustration, d’agacement, de plus en plus forts. Le montage, même si pas dénué de bonnes intentions, n’est pas en reste à l’image du mixage son.
Entre les jump scare inutiles, car prévisibles et brisant de ce fait les idées de mise en scène qui avaient été amorcées au préalable et les quelques moments d’actions qui ne servent qu’à renforcer l’aspect spectaculaire de l’œuvre, on en vient à penser que le film The Jane Doe Identity aurait pu être un excellent moyen métrage amateur. Si pas contraint par les nouvelles normes hollywoodiennes qui en viennent à formater le genre dans son intégralité, il aurait pu être bon, voire marquant. Ce que The Jane Doe Indentity n’est en l’état : pas du tout. Film d’épouvante conventionnel, formaté et sans âme, subsiste de The Jane Doe Identity des idées de mise en scène prouvant que le cinéaste André Øvredal est bien meilleur sur de plus « petits » projets.
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