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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

The Equalizer 2 réalisé par Antoine Fuqua [Sortie de Séance Cinéma]

Synopsis : « Robert McCall continue de servir la justice au nom des exploités et des opprimés. Mais jusqu’où est-il prêt à aller lorsque cela touche quelqu’un qu’il aime ? »

Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position “je m’installe comme à la maison” ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…

Le 26 septembre 2014 sortait en Amérique du Nord un film titré The Equalizer. Nouvelle réalisation signée Antoine Fuqua a qui l’on devait entre autres l’excellent Training Day, thriller qui a su marquer toute une génération. Un revenge movie somme toute extrêmement classique dans le fond, mais qui grâce à une tête d’affiche de renom, Denzel Washington pour ne pas le nommer, ainsi qu’à des set pieces solides (notamment sa première scène d’action et son climax) a réussi à rentrer dans ses frais rien que sur le sol Américain. Pas moins de 100 millions de recettes en Amérique pour un budget de 55 millions de dollars. Néanmoins, 28 jours plus tard pour être précis, allait sortir un film qui allait lui causer un certain tort. Son nom : John Wick. Un second revenge movie, qui contrairement au film d’Antoine Fuqua, embrassait littéralement le genre afin de le renouveler. Et ce, par le biais de cascades chorégraphiées et filmées avec exception. John Wick ce n’est « que » 43 millions de dollars de recettes sur le sol américain (pour un budget estimé à 20 millions), mais il a marqué les mémoires avec la manière. Le bouche à oreille n’a fait qu’amplifier, relayant au second plan le film réalisé par Antoine Fuqua qui avait cependant réalisé plus d’entrées en salles. Puis vint John Wick: Chapter 2 et bientôt John Wick: Parabellum. Keanu Reeves est de retour et ça, personne ne l’a oublié. Antoine Fuqua n’a pas oublié non plus. Il est un cinéaste qui a pleinement conscient que le public aimerait voir une suite aux aventures de son justicier, mais également qu’il ne doit pas naviguer sur le terrain de John Wick. La comparaison serait trop simple et ne serait peut-être pas bénéfique au film d’Antoine Fuqua. Avec l’aide de Denzel Washington qui signe pour apparaître dans une suite pour la première fois de sa carrière, ils réitèrent et reviennent aux affaires, mais avec un film surprenant à plus d’un titre.

« Le regard porté sur Denzel Washington par Antoine Fuqua est dans la continuité de ce que Tony Scott avait réalisé avec son acteur fétiche. »

Faire une suite pour faire une suite n’a pas grand intérêt. Si l’acteur Denzel Washington, n’a jusqu’alors jamais signé pour reprendre un rôle c’est qu’il y a une raison à cela. Et si Richard Wenk (scénariste de films tels que The Expendables 2, The Magnificent Seven, The Mechanic ou encore Jack Reacher: Never Go Back donc pas des perles mémorables…) avait trouvé quelque chose d’intéressant au sein du protagoniste de cette histoire : Robert McCall. Si l’histoire du film The Equalizer 2, n’a fondamentalement rien de révolutionnaire, c’est la façon dont Antoine Fuqua va mettre en scène, diriger Denzel Washington et insuffler de l’émotion par la caméra qui va donner à cette même histoire, une saveur toute particulière. Au travers du film The Equalizer, le cinéaste cherchait à mettre en scène un personnage aux facultés extraordinaire. Montrer que derrière cet aspect humain tout à fait normal, se cachait une machine dénuée de toute émotion lorsqu’il avait une raison de tuer. Une machine qui agit avec précision et une efficacité à toute épreuve. Crâne rasé, regard fuyant et d’une froideur implacable, Denzel Washington ne cherchait pas à créer d’empathie même si au fond de lui, le personnage ne veut que le bien de ceux qui le méritent à ses yeux. Si la scène d’introduction donne le ton et nous remémore avec immédiateté qui est Robert McCall, elle ne sert fondamentalement qu’à ça. Offrir aux spectateurs ce qu’ils veulent afin de ne pas les dépayser. De l’action, avant de passer à autre chose et montrer qui est devenu Robert McCall.

Il a changé, il a évolué. Cheveux sur la tête, sourire aux lèvres, ouvert envers les autres et non pas simplement ceux qu’il connaît ou a appris à connaître. Robert McCall est devenu un ange gardien, protecteur envers quiconque en aurait besoin, mais avant tout la représentation même de l’homme agréable et bienveillant afin de provoquer le bien-être autour de lui. Après avoir introduit le film avec une scène d’action usant de mécaniques tirées du premier film (infiltration, approche, focus par le bullet time puis tuerie méthodique), Antoine Fuqua laisse place à une œuvre différente. Une œuvre cinématographique qui lorgne davantage sur le drame et le film de personnages qu’au revenge ou au b movie. Élément clé du film, ainsi que de l’histoire contée, Robert McCall est de tous les plans, mais gravite autour de lui un large panel de seconds rôles. Jeunes et moins jeunes. Des personnages qu’il côtoie de temps à autre, le temps d’un moment le temps d’une course ou d’un passage. Des personnages dont on ne sait rien, ou presque rien, mais qui vont apporter énormément au film. Ils ont ici une place prédominante puisqu’on va apprendre à comprendre. Comprendre comment chaque jour, Robert McCall joue son rôle d’ange gardien envers ses concitoyens. Une action, un regard… il est l’oreille attentive et celui qui vous donne les bons conseils lorsque vous en avez le plus besoin.

Porté par une bande originale qui ne cherche pas le larmoyant, mais simplement à transporter l’émotion véhiculée par la mise en scène (une simple et légère nappe musicale en arrière-plan qui fluidifie le montage), chaque scène va décupler la profondeur émotionnelle du récit, ainsi que l’aura du personnage principal. Tout ça dans le but de mieux comprendre, ce qu’il serait prêt à faire pour un proche, s’il arrivait du mal à ce.cette dernier.ère. Par déduction d’introduire avec logique et une fluidité impeccable la seconde partie du film bien plus orientée action, notamment avec un climax de haute volée à l’image de celui du premier film. C’est par la sobriété de sa mise en scène, ainsi que sa manière de diriger Denzel Washington, que le cinéaste américain va insuffler cette profondeur émotionnelle au personnage. Donner du cœur et du corps à un personnage qui n’est pas qu’une vulgaire machine à tuer. Un rôle à la hauteur de l’acteur américain, mais surtout à l’image de ce qui le représente concrètement aujourd’hui. Il n’est plus l’acteur qu’il était il y a 30 ans. Il est aujourd’hui plus âgé et fait partie de ceux que l’on respecte. Tel Robert McCall, Denzel Washington est un homme qui a appris avec l’expérience et qui paraît aussi respectable et respectueux que bienveillant envers les plus jeunes. Il s’est assagi, mais conserve tout de même une dextérité et un savoir-faire acquis avec cette même expérience. Denzel Washington est Robert McCall et inversement.

Le 19 août 2012 disparaissait un réalisateur que j’affectionnais particulièrement et qui manque encore aujourd’hui au cinéma d’action : Tony Scott. 2004, 2006, 2009 puis 2010. C’est à quatre reprises que le cinéaste américain a collaboré avec l’acteur Denzel Washington. Des rôles d’hommes protecteurs, qui au fur et à mesure des collaboration s’assagissait de plus en plus, à l’image de la façon de faire du cinéaste. S’il n’était pas d’une sobriété extrême, Unstoppable, son dernier film, c’était avéré être assez calme venant de ce dernier. Il y avait offert à Denzel Washington le rôle d’un machino doté de 28 ans d’expérience et qui allait enseigner son savoir-faire à un jeune prêt à prendre la relève et à devenir conducteur. Le regard porté sur Denzel Washington par Antoine Fuqua est dans la continuité de ce que Tony Scott avait réalisé avec son acteur fétiche. Une bienveillance, une humanité et une tendresse du cinéaste envers l’acteur que ce dernier réinjecte dans son jeu. Le tout par le prisme d’une mise en scène extrêmement sobre, d’une réalisation qui n’en fait pas trop (mais qui ne se prive pas de casser les angles entre autres lors des scènes d’action) et d’une bande originale qui ne se fait pas trop présente, une simple nappe musicale. The Equalizer 2 est un drame surprenant, un film hautement bienveillant et pas qu’un simple film d’action qui repose sur ses quelques moments de bravoures.


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