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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Taxi 5 réalisé par Franck Gastambide [Sortie de Séance Cinéma]

Synopsis : “Sylvain Marot, super flic parisien et pilote d’exception, est muté contre son gré à la Police Municipale de Marseille. L’ex-commissaire Gibert, devenu Maire de la ville et au plus bas dans les sondages, va alors lui confier la mission de stopper le redoutable « Gang des Italiens », qui écume des bijouteries à l’aide de puissantes Ferrari. Mais pour y parvenir, Marot n’aura pas d’autre choix que de collaborer avec le petit-neveu du célèbre Daniel, Eddy Maklouf, le pire chauffeur VTC de Marseille, mais le seul à pouvoir récupérer le légendaire TAXI blanc.”

Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position “je m’installe comme à la maison” ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…

Un dicton dit : « c’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleures soupes ». Franck Gastambide décide d’appliquer cette formule à une voiture « personnalisée » à son paroxysme : un Taxi. C’est un des phénomènes de l’année 2018 : remettre au goût du jour une franchise à succès, soit 27 millions d’entrées sur 4 épisodes, mais une franchise arrivée en bout de course. Pourtant, parfois, du sang neuf fait du bien. Un exemple de reboot réussi ? Les aventures de Sherlock Holmes que ce soit au cinéma ou à la télévision. Alors pourquoi pas ? De plus, grand seigneur, Luc Besson a laissé les coudées franches à Franck Gastambide pour prendre en main le bolide qu’est le Taxi blanc de Daniel. Même si ni Samy Naceri (Daniel), ni Frédéric Diefenthal (Émilien) ne feront surface dans cet épisode… même pas un petit clin d’œil, ni un caméo. Tant pis…

Ce Taxi 5 est aussi un sacré pari : à la fois parce que Franck Gastambide est en deux films devenus un champion millionnaire au box-office. Il a réinventé la comédie à la française ayant digéré le meilleur (ou le pire) de l’humour US (notamment des frères Farrelly). Et à la fois, parce que le pari est gros pour EuropaCorp, la société de production de Luc Besson, plutôt mal en point depuis l’infortune du film Valérian et la Cité des mille planètes qui n’a pas réussi à accéder au sommet du box-office mondial. Et il faut reconnaître que de ce point de vue, le précédemment cité a été malmené par la presse en général alors que malgré tout, Luc Besson livrait un film surprenant techniquement. Ce nouvel opus de la saga Taxi est attendu au tournant ! Il faut éviter le coup de volant terrible, voire fatal, qui pourrait entraîner la sortie de route, 11 ans après le quatrième volet.

« Même si l’humour est par moment lourdingue, Franck Gastambide insuffle suffisamment de respect envers la franchise pour que l’on passe un moment agréable. »


Le scénario est basique : il va falloir chercher les méchants Italiens qui cambriolent les bijouteries de Marseille. Et il faut que le flic fasse équipe avec le chauffeur de Uber (évolution des temps) pour maîtriser le taxi et surtout arrêter les mafieux. Là où l’idée de départ modifie la donne, c’est que le flic est un conducteur hors pair ! À quoi servira le chauffeur Uber maladroit et totalement inutile ? C’est lui qui possède le taxi ! Eddy est le neveu du Dieu, Daniel ! Mais s’il ne sait conduire, il connaît Marseille comme sa poche alors que Sylvain, le parisien, non ! De ce postulat de départ, vont s’enchaîner les péripéties toutes subtilement plus idiotes les unes que les autres. Et les morceaux de bravoure où le taxi fait de nouveau vrombir son moteur grâce notamment aux tours de clés de douze de la sœur d’Eddy : Samia. Elle va uber-tunné le Taxi de Daniel pour que Sylvain se l’approprie et course les méchants.

Ce retour de la franchise ne renouvèle pas le scénario : la trame est toujours identique, mais l’avantage est que Franck Gastambide s’entoure d’une équipe de bras cassés assez drôles. Une équipe qu’il malmène avec bonheur et plaisir… et si les blagues ne sont pas toujours très fines : les nains (ce qui était déjà le cas dans le film Pattaya) en prennent pour leur grade, la grossophobie est patente et l’homophobie latente. Franck Gastambide réussit pourtant à faire sourire puis rire. Pourquoi ? Simplement parce qu’il met beaucoup d’amour dans ces films et celui-ci en particulier. Le metteur en scène est à l’image d’un gosse qui se fait plaisir. Il a entre ses mains la voiture de ses rêves, celle d’un lointain parent qu’il aurait désiré depuis, la souhaitant en héritage. Doit-on lui pardonner les blagues à la limite ou les scènes dérangeantes comme le vomi abondant et l’explosion de merde ? Peut-être un peu… parce que Franck Gastambide a l’esprit de famille et de fidélité pour l’équipe qui l’entoure. Tout le monde s’amuse, se moque de soi-même et chacun a sa place et son morceau de bravoure. Jamais personne ne tire la couverture à lui. Taxi 5 offre de l’humour frais et par moment radical, mais finalement respectueux de la mythologie sans jamais la surpasser. Le casting fait le reste du travail avec notamment le plaisir de revoir Bernard Farcy dans un rôle de maire qui chante du Jul (mais est-ce véritablement le meilleur moment du film ?). Et le réalisateur rappelle ses fidèles amis : Sabrina Ouazani, Anouar Toubali ou encore Malik Bentalha et Sissi Duparc. Cette troupe fait le bonheur de l’humour marseillais qui lui sied bien. Il y a une véritable complicité au point même qu’à la fin du film, on espère secrètement les retrouver, mais en poussant les curseurs le plus loin possible. Les adversaires auraient pu, par exemple, être bien plus démoniaques. Même si l’acteur italien Salvatore Esposito transporte avec lui la force charismatique de la série Gomorra. Et il aurait pu être envisageable de pousser l’esprit burlesque et absurde assumé du film un cran plus loin.

D’un point de vue technique, Franck Gastambide se fait plaisir avec les cascades et les voitures qui s’encastrent. Et il quitte une imagerie trop collée aux visages pour des plans plus larges et une photographie lumineuse magnifiant Marseille, véritable personnage de l’histoire. Tout n’est pas encore parfait mas l’acteur-réalisateur fait preuve de maîtrise et offre un produit fidèle à la saga Taxi. Il réussit même à imposer de nouvelles idées pour imprimer sa patte. Il lui reste désormais à trouver sa voie en faisant le petit pas de côté nécessaire : muscler l’intrigue, faire en sorte que la description des adversaires repose moins sur des caricatures de méchants trop risibles et pas toujours crédibles. Car finalement, il ne manque à la saga Taxi qu’un personnage détestable à souhait pour le renouveler. Voilà l’objectif indispensable pour éviter que la saga ne cale au bout du sixième épisode. Franck Gastambide pourrait ainsi créer une réelle continuité avec complots et histoires parallèles, nécessaires pour revisiter et booster le mythe du bolide blanc.

 


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