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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Tadoussac réalisé par Martin Laroche [Sortie de Séance Cinéma]

Synopsis : « Chloé, 18 ans, s’enfuit de son appartement de Montréal. En plein hiver, elle fait du pouce jusqu’à Tadoussac, petit village touristique du Québec. En échange d’une chambre, elle travaille à l’auberge de jeunesse de l’endroit, comme beaucoup d’autres jeunes voyageurs. Mais Chloé cherche aussi secrètement à rencontrer quelqu’un. »


Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position « je m’installe comme à la maison » ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…

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Second rôle pour le compte du film Le Fils de Jean réalisé par Philippe Lioret, le québécois Martin Laroche connaît sa première expérience en tant que metteur en scène en 2012 (date de sortie et non de tournage) avec le film Les Manèges Humains. Première réalisation, premier passage derrière la caméra avant qu’il ne revienne en 2017 avec un second long-métrage sobrement titré Tadoussac. Petit village de la Côte-Nord du Québec, Tadoussac, compte 850 habitants hors saison estivale. Un village véritablement coupé du monde où en plein hiver il fait froid et la neige y est abondante. De quoi pousser les gens à se réunir au chaud, à l’intérieur et ne sortir à l’extérieur que pour aller d’habitation en habitation. Donner à son film, le nom de ce village n’est pas anodin, tant la ville de Tadoussac devient dès l’ouverture un personnage à part entière. Un personnage non-humain, mais qui va conditionner les personnages et se refermer sur eux tel un dôme protecteur. Le film s’ouvre sur l’arrivée de la jeune Chloé (interprétée par Camille Mongeau NDLR) à Tadoussac et se terminera sur son départ de ce même village. Ce qui arrive en dehors de l’environnement déterminé n’est ici pas important au déroulé de l’histoire et au développement psychologique des personnages.

Le film Tadoussac repose sur un scénario à l’histoire extrêmement simple, sans pour autant être simpliste. Une histoire d’une limpidité folle, écrite de manière à pouvoir identifier rapidement les différents personnages. Des personnages aux personnalités correctement développées, car dirigés et mis en scène de manière tout à fait naturelle. Même si l’on pourrait coller des étiquettes à certains, les traits de personnalités ne sont pas exagérés de manière à ce que certains personnages secondaires répondent à des stéréotypes déjà préconçus. Tadoussac est incontestablement un film à personnages, un film dont le scénario repose sur le développement des personnages et des relations qu’ils vont nouer les uns avec les autres. Ou plutôt, les relations que va construire Chloé au fur et à mesure de l’avancement de son séjour à Tadoussac. Le processus d’identification n’en est que plus efficace grâce à ce scénario qui débute à l’arrivée du protagoniste au village. Tel le spectateur au début du film, elle fait son entrée au village ne connaissant rien ni personne, mais va apprendre à connaître les gens au travers de moments de vie et du partage de leur quotidien. Une histoire qui repose essentiellement sur un questionnement, mais suffisamment fort, bien mis en place puis exploité, pour conserver l’attention du spectateur d’un bout à l’autre. Questionnement, qui trouve finalité dans un « set piece » aussi bouleversant, qu’impressionnant de par sa sobriété et sa simplicité, tant dans sa mise en scène que dans les choix de réalisation comme de montage.

La réalisation, bâtie autour de cette envie de lier la protagoniste au spectateur, se concentre sur Chloé avec un panel d’échelles de plans assez réduits. Les gros plans sont majoritaires et Chloé toujours au centre du cadre, à la fois de dos, comme de face ou de profil. Se profile tout de même un jeu sur le point de vue, afin de ne pas céder à la répétitivité du récit et à ne pas endormir le spectateur. Un second personnage beaucoup plus expressif et communicatif (interprété par Isabelle Blais NDLR) prendra le relais au moment opportun, afin que le spectateur puisse également comprendre son ressenti et voir ses réactions. Un jeu sur le point de vue dominant et opté par la caméra des plus intéressant afin d’enrichir le film et de caractériser avec force et émotion les personnages centraux à l’histoire. Des personnages touchants, attachants, interprétés brillamment par des actrices de talent. Une œuvre portée haut et court par un trio féminin de choix (Camille MongeauJuliette Gosselin et Isabelle Blais), sobrement dirigé afin que leur jeu respectif sonne juste et naturel. La transmission d’émotion n’en est que plus belle et plus simple. A cause de son unique enjeu et son histoire extrêmement simple, Tadoussac n’est pas un grand film. Cependant, ce sont ces mêmes défauts qui en font un film touchant et aux personnages attachants. C’est à partir de cette simplicité et de cette sobriété dans la mise en scène, comme dans la réalisation, que Martin Laroche réussit à conquérir le spectateur et à le lier à son trio de personnages féminins interprétés avec justesse. De quoi passer un beau moment, un beau et simple moment d’émotion chez soi ou au cinéma.

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