CinéCinéphile

Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Shazam!, le retour à l’essence même de la représentation du super-héros.



Synopsis : « On a tous un super-héros qui sommeille au fond de soi… il faut juste un peu de magie pour le réveiller. Pour Billy Batson, gamin débrouillard de 14 ans placé dans une famille d’accueil, il suffit de crier « Shazam ! » pour se transformer en super-héros. Ado dans un corps d’adulte sculpté à la perfection, Shazam s’éclate avec ses tout nouveaux superpouvoirs. Est-il capable de voler ? De voir à travers n’importe quel type de matière ? De faire jaillir la foudre de ses mains ? Et de sauter son examen de sciences sociales ? Shazam repousse les limites de ses facultés avec l’insouciance d’un enfant. Mais il lui faudra maîtriser rapidement ses pouvoirs pour combattre les forces des ténèbres du Dr Thaddeus Sivana… »


Alors que Disney Marvel réussit à l’heure actuelle, à faire de chaque nouvelle sortie un événement à part entière. Warner Bros patauge et peine sévèrement à offrir à son DC Universe une réelle consistance depuis l’éviction du cinéaste Zack Snyder qui avait insufflé sa pâte artistique à l’univers par le prisme des films Man of Steel et Batman V Superman Extended Cut. En décembre 2018, ils ont pu goûter une première fois au goût du milliard grâce au cinéaste James Wan et à son film d’aventure Aquaman. Néanmoins, est-ce une réussite pour autant ? De notre point de vue non. Il en résultait un blockbuster extrêmement généreux et divertissant le temps du visionnement, mais à l’arrière goût amer et extrêmement fade à cause de sa direction artistique sous mdma, de quelques choix créatifs et artistiques des plus douteux, ainsi que d’un scénario plat et qui frôle dangereusement à plusieurs reprises avec le ridicule. Warner Bros cherche à redorer le blason du DC Universe. S’éloigner du travail réalisé par Zack Snyder, sans pour autant le dénigrer, et produire des films originaux qui fonctionnent de par eux même. Et si Shazam! était cette lumière ? Et s’il était ce projet qui allait redonner un second souffle au studio Warner Bros. et son DC Universe ?

Avant même de le voir, il est certain que Shazam! est sur le papier, un projet très intéressant. Avec son casting, tant devant que derrière le moniteur, d’acteurs et d’actrices peu connus du grand public, il ressemble au penchant inverse d’un Suicide Squad qui misait exclusivement sur la popularité de ses acteurs et actrices. Davantage habitué au format épisodique de la série (Chuck, Video Game High School, The Marvelous Mrs. Maisel) qu’au format cinéma(vous l’avez peut être vu dans Alvin et les Chipmunks 2 quand même…), Zachary Levi ne s’est jamais vu offrir un premier grand rôle au cinéma. Et que dire du metteur en scène ? Contrairement à un James Wan dont l’expérience repose sur une filmographie assez éclectique avec du thriller psychologique, de l’épouvante, mais également du cinéma d’action décomplexé, David F. Sandberg n’a jamais quitté le musée des horreurs. Il y a fait ses games aux côtés de sa compagne Lotta Losten. S’est fait connaître grâce à des courts-métrages horrifiques ingénieux et créatifs faits à deux, avant de se voir offrir la chance d’adapter au format long avec un budget confortable, sa création la plus acclamée au travers le monde : Lights Out. Tel un enfant dans un magasin de jouets dont on a ouvert les portes un jour de fermeture exclusivement pour lui, David F. Sandberg s’amuse et développe son expérience du format long en collaboration avec la Warner Bros. Celui qui nous a habitué à l’épouvante et à la mise en place d’une ambiance afin d’immerger le spectateur au sein d’un univers afin de l’impressionner et de le terrifier (dans une moindre mesure avec les longs-métrages), change de cap. Il nous révèle que derrière l’image du fanatique de la peur et du sursaut, se cacherait un homme bienveillant qui détiendrait la recette pour réaliser un bon film de super-héros !

On en découvre plusieurs chaque année, ils s’amoncellent comme des preuves irréfutables démontrant que le film de super-héros est aujourd’hui ancré dans notre culture populaire et de masse, mais fondamentalement qu’est-ce réellement qu’un film de super-héros ? Ou plutôt quelle est la faculté première d’un film de super-héros. On parle de noirceur, d’humour, d’action, mais on ne parle pas, ou très peu, du premier intérêt du super-héros. Il est le même que celui d’un héros, mais avec des pouvoirs, avec un costume, une cape… un élément ou un symbole qui va faire pétiller les yeux et le cerveau des plus jeunes. Ce sont de véritables modèles pour les plus jeunes. Ils admirent ces personnages capable de voler, défendre les plus faibles (pas uniquement) et d’affronter le mal incarné. Un mal qui peut avoir plusieurs formes, toujours représentatif d’une peur, véritable obstacle qui va devoir être franchi avec courage. Un super-héros c’est simplement cet homme ou cette femme qui va inculquer, par le prisme d’aventures fantastiques et fantaisistes, à un jeune homme ou une jeune femme cette once de courage qui va lui permettre de se dépasser. Il sommeille un Spider-Man, un Superman, une Wonder Woman, un Shazam en chacun de nous. On est tous et toutes capables d’exploits aussi ordinaires qu’extraordinaires. Avec cette accumulation de films super-héroïques, on parle de création d’univers, de chiffres au box-office, mais on ne s’intéresse finalement que trop peu à l’aspect super-héroïque en lui-même. Est-ce que ce nouveau film de super-héros a compris la fibre même de la représentation du super-héros ? On critique, souvent sans arguments, un film comme Captain Marvel ou Wonder Woman, mais voir des jeunes filles se prendre pour leur héroïne préférée et aller de l’avant ne serait finalement pas la seule chose à retenir ?

À cette question sans réponse, David F. Sandberg vient solidifier un édifice mis en place il y a quelques mois par le film d’animation Spider-Man : Into the Spiderverse. Si galvaudé depuis plusieurs années maintenant, le qualificatif rafraîchissant n’aura vraisemblablement jamais aussi bien collé à la peau d’une oeuvre cinématographique. Hasard de calendrier ou non, Shazam! est un personnage qui arrive à point nommé. Il est l’incarnation même de la représentation du super-héros dont il a été question quelques lignes auparavant, il est un jeune homme de 14 ans auquel un magicien a offert des pouvoirs, et par déduction, le courage d’aller de l’avant et d’affronter le mal, ici incarné par le Dr Thaddeus Sivana. Si le film Shazam! n’a pas vocation à révolutionner le genre, sachant pertinemment qu’il demeure avant tout une origine story avec tout ce que cela comporte sur le plan scénaristique, David F. Sandberg et le scénariste Henry Gayden, ne s’en cachent pas et vont simplement chercher à accentuer les éléments qui font le sel du personnage. La caractéristique fondamentale dont on vous parle finalement depuis le début de cet article : il est vous. Shazam c’est un jeune homme de 14 ans, Shazam est une personne lambda, Shazam c’est vous. Ancré dans notre univers et à la période même où il sort au cinéma, le film joue avec malice et cohérence la carte de la transposition. Usage des médias sociaux, références à foison envers la pop-culture et notamment envers les autres personnages du DC Universe… Des éléments assez bien intégrés au scénario (certaines références sont tout de même de trop) et qui vont surtout permettre au film d’embellir un ton extrêmement ludique et décomplexé, propre à la psychologie du personnage principal.

Très drôle et extrêmement bienveillant, Shazam! surprend en étant un divertissement familial, extrêmement terre-à-terre dans sa réalisation et sa mise en scène. Les scènes d’action à grand renfort d’effets numériques spectaculaires sont finalement peu nombreuses et ce n’est pas un mal. L’accent est mis sur les personnages et notamment sur ce Shazam, personnage incarné à merveille par un Zachary Levi aussi charismatique, qu’hilarant et attendrissant. Davantage exploité tel un ressort comique et non dramatique, Zachary Levi incarne avec superbe l’image même du super-héros masculin capable d’arrêter les balles et à la musculature sublimée par un costume en lycra et une cape. Une image iconique, celle du super-héros le torse bombé et qui porte le regard au loin, avec laquelle
le metteur en scène joue avec malice dans sa direction d’acteur. Et ce, tant côté gentil que méchant. À l’image d’un Last Action Hero (film où la réalité du personnage prenait place au sein d’un monde fictionnel et inversement), Shazam! représente la mise en corrélation de deux mondes. Le notre, représenté par l’insouciance des jeunes personnages qui deviennent, ou vont devenir, des adultes, et celui de la fiction où se combattent super-héros et super-vilains. Belle manière afin de justifier le manichéisme dans la caractérisation des personnages, ainsi que la prévisibilité des situations. C’est logique et cohérent, tout en conservant néanmoins quelques surprises dont un climax excellent qui a la faculté de décupler la portée du message du film, tout en apportant ce spectaculaire et gigantisme super-héroïque dont David F. Sandberg n’avait jusqu’ici que peu exploité.

Shazam!, le retour à l’essence même de la représentation du super-héros. On n’en attendait rien et il nous réellement surpris. Le cinéaste David F. Sandberg change de registre, mais n’oublie pas d’où il vient. Grâce à son expérience dans le court-métrage d’horreur, David F. Sandberg a appris l’art du bon timing afin d’inculquer des émotions, de mettre en place une ambiance, tout en ne lâchant à aucun moment le spectateur. C’est superbement rythmé, drôle et doté d’une excellente répartie tant verbale que physique (action/réaction). Comédie fantastique extrêmement bienveillante et familiale, Shazam! possède les atouts pour plaire aux amateurs de films DC Comics, mais également aux plus jeunes et aux néophytes. On lui reprochera néanmoins une bande originale impersonnelle et qui manque clairement d’impact (aucun thème marquant), ainsi que quelques incrustations floues et baveuses. Des défauts qui l’empêche d’être un acte mémorable dans le monde impitoyable du blockbuster hollywoodien, mais sa sincérité, sa bienveillance et la drôlerie communicative de son acteur principal Zachary Levi lui permette d’être un réel souffle d’air frais extrêmement bienvenu dans ce même monde impitoyable.


« Comédie fantastique extrêmement bienveillante et familiale, Shazam! possède les atouts pour plaire aux amateurs de films DC Comics, mais également aux plus jeunes et aux néophytes. »


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