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Quelques mots, sur ces œuvres que nous découvrons depuis le Québec ou la France, sur notre écran d'ordinateur ou dans notre salle de cinéma favorite.

Playing Hard : Quand le jeu devient réalité réalisé par Jean-Simon Chartier [Sortie de Séance Cinéma]

Synopsis : « Dans l’un des plus grands studios de jeux vidéo au monde, une équipe en constante évolution travaille à la création de For Honor, un jeu où Vikings, chevaliers et samouraïs s’affrontent sur un champ de bataille épique. Ce jeu, c’est le rêve du directeur de création, Jason VandenBerghe, qui, après plus de 10 ans, voit enfin son projet être accepté par un studio. Le producteur Stéphane Cardin, dont le dernier projet a été un échec, se voit confier les rênes de l’aventure. Luc Duchesne se joint à eux en tant que directeur de marque. La pression est énorme. Le jeu devra être vendu en plusieurs millions d’exemplaires dans les quelques semaines qui suivront le lancement. »


Les lumières de la salle de cinéma s’allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position “je m’installe comme à la maison” ce n’est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique…

Depuis quelques années maintenant, la frontière entre jeu vidéo et cinéma est de plus en plus minime. Si l’on venait à dire que les deux médias se sont réunis par le prisme de la motion capture notamment, l’on serait dans la vérité. Les deux médiums usant de la motion capture, que ce soit pour les cinématiques de jeux vidéos, mais également aujourd’hui pour les phases de gameplay. Tout comme le cinéma, le jeu vidéo est un art dont le but premier est de divertir. Offrir aux joueurs un moment de plaisir manette en main, et ce, qu’il soit seul ou avec un groupe d’amis. Du pur divertissement, mais également un pur médium afin de laisser des créateurs faire preuve d’audace et de créativité. Créer du divertissement par le prisme de l’art et de la création artistique. Aujourd’hui, lorsqu’on pense cinématique et rapprochement entre le cinéma et l’art vidéoludique, on pense avant tout au constructeur Sony et à quelqu’une de ses exclusivités. Du pur divertissement hollywoodien avec des personnages forts, charismatiques et une mise en scène fourmillant d’idées. Là où le cinéma n’a pas complètement compris que la motion capture pouvait permettre tout et son contraire, certains créateurs de jeux l’ont saisi. Naughty Dogs, Quantic Dream ou encore dernièrement le studio Ninja Theory avec Hellblade, une œuvre purement sensorielle où l’émotion et la douleur sont poussées à leurs paroxysmes comparés aux deux studios cités précédemment. Sans parler évidemment de Kojima Productions qui prouve depuis la PlayStation 1 maintenant que l’art de mettre en scène de manière cinématographique (donc pour faire avancer une histoire tout en caractérisant des personnages sans amenuir une tension ou l’envie de divertir) a toujours été présent au sein de ce médium. Côté développeur, celui qui pousse le curseur toujours plus loin lors du marketing de ses produits, c’est bien évidemment Ubisoft. Entreprise de développement et d’édition française aujourd’hui implantée dans le monde entier, Ubisoft a toujours su soigner les vidéos promotionnelles de ces jeux, faisant souvent appel à de grands metteurs en scène (John McTiernan par exemple) pour créer une vidéo. Du pur et beau divertissement qui peut se permettre tout et son contraire puisqu’on est pas, ou presque pas, dans de la prise de vue réelle. Le cas Playing Hard est en ça très intéressant.

Documentaire produit, écrit et réalisé par Jean-Simon Chartier, ce dernier réussi à livrer un documentaire qui va au-delà du simple Behind the Scene qu’il aurait pu être. Tout n’est que concours de circonstances, tout n’est que pure chance, car le projet entier aurait pu s’écrouler à plusieurs reprises. À l’image du développement d’un projet cinématographique, le développement d’un projet vidéoludique est le fruit de plusieurs années de travail. Dans le cas d’un jeu comme For Honor, l’on parle de plus de 5 ans de travail pour le créative director, ainsi que toute l’équipe qui va le suivre dans ce projet complètement fou. Le créative director en question se nomme Jason Vandenberghe et il est le pilier du documentaire Playing Hard : Quand le jeu devient réalité. Game designer chez Ubisoft depuis 2008, Jason Vandenberghe a travaillé sur les jeux Ghost Recon : Futur Soldier, Far Cry 3 ou encore Red Steel 2. Dix ans que le projet murit dans sa tête. Dix ans que Jason Vandenberghe songe à la création d’un jeu de combat où pourraient se rencontrer plusieurs styles de combats, le tout avec un travail précis sur la lourdeur et l’impact des armes blanches dont il sera question. Jason Vandenberghe est un homme passionné, aguerri, mais surtout, c’est un homme qui a un charisme indéniable. Une forte personnalité, une voix impressionnante et un look qui lui permettent de ne pas se fondre dans la masse. Il est un pur personnage de fiction et sous le regard bienveillant de Jean-Simon Chartier il devient une véritable pépite d’or. Le réalisateur le voit par son objectif et dessine son film autour du lui, au détriment d’autres personnages qui vont tout de même apporter un semblant d’humanité et de diversité nécessaire dans la dernière partie du documentaire.

Playing Hard : Quand le jeu devient réalité, dresse le portrait d’un artiste dévoué à sa passion et à la création de son œuvre. Un artiste supporté par sa compagne et ses proches, même s’ils ne leur consacrent que peu de temps. Voir à l’image une telle dévotion est quelque chose de remarquable, prouvant sans conteste qu’un créateur de jeu vidéo vaut tout autant, voire même plus dans certains cas, qu’un metteur en scène de cinéma. Pourrait valoir plus, car on ne peut généraliser sur la façon dont se comportent les créative directors et directors. Certains aiment avoir un œil sur tout alors que d’autres non. Jason Vandenberghe est la représentation même de l’artiste que l’on aime et que l’on a envie de supporter. Orienter le film autour de sa personne, rend ce dernier humain, authentique et intéressant envers le spectateur intéressé par l’art vidéoludique, cinématographique ou toute autre forme d’art existante. Une force incontestable, faisant de ce documentaire un véritable film sur l’art. De leurs côtés, Stéphane Cardin et Luc Duchaine sont également intéressants, même si beaucoup moins présents à l’image. Ils apportent un aspect terre-à-terre nécessaire afin de démontrer que la production d’une œuvre AAA n’est pas une mince affaire. Qu’il faut faire avec l’avis des investisseurs, des hauts patrons, ainsi que du marché afin de savoir si le jeu aura un retour sur investissement intéressant ou non. Dresser le portrait d’un artiste dévoué et passionné par le prisme des différentes étapes de la création d’un jeu.

Playing Hard : Quand le jeu devient réalité est également très intéressant puisque présente chaque étape de la création d’une œuvre AAA, donc une œuvre au budget conséquent. Comment l’idée du jeu a été présentée à Ubisoft par son créateur jusqu’à la sortie du jeu en passant par l’annonce du jeu lors de l’E3 2016, sans oublier les divers changements et problèmes qui sont intervenus au cours de son développement. On apprend notamment pourquoi le jeu a été reporté et surtout ce qu’un report entraîne tant au sein de l’équipe de développement, qu’au sein de la tête des producteurs. Joie, tristesse, désillusion, stresse, frustration et anxiété. Toutes les émotions y passent, rendant cette œuvre toujours plus complète en terme de décryptage de l’industrie de l’intérieure, mais également plus humaine. Créateur de contenu et notamment de publicités, Jean-Simon Chartier signe un documentaire qui, certes visuellement ne vous fera pas briller vos rétines, mais se permet de ne pas se reposer sur de simples entrevues face caméra. Un vrai reportage avec un sujet intéressant joliment décrypté et porté par un personnage fort, le dynamisme nécessaire dans son montage et une narration qui ne repose pas uniquement sur des entrevues face caméra. Un film assez diversifié à ce niveau, car se permettant de changer de mécanique de temps à autre (voix off, dialogues intra-diégétiques, entrevues…). Si on regrettera une durée un peu trop longue et quelques moments qui auraient pu être écourtés, voire coupés, Playing Hard : Quand le jeu devient réalité demeure une belle surprise. Le portrait d’un artiste par le prisme du développement de son œuvre, prouvant que le jeu vidéo est à l’image de toutes les autres formes d’arts, un véritable moyen d’expression artistique pour des centaines de milliers d’artistes (animateurs, développeurs…) à travers le monde.


« Dresser le portrait d’un artiste passionné par le prisme du décryptage du développement de son œuvre, un film humain et intéressant sur la dévotion à son art. »


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